18 марта 1837 г. было вынесено окончательное решение по поводу приговора военного суда и мнения Генерал-аудиториата, который, «соображаясь с воинским уставом 139-м Артикулом и Свода Законов тома XV-го Статьею 352-ю, полагал: его, Геккерена, за вызов на дуэль и убийство на оной Камер-Юнкера Пушкина, лишив чинов и приобретённого им Российского дворянского достоинства, написать в рядовые с определением в службу по назначению Инспекторского Департамента». С этим заключением был представлен доклад императору, на который 18 марта была наложена высочайшая резолюция: «Быть по сему, но рядового Геккерена как не русского подданного выслать с Жандармом за Границу, отобрав Офицерские Патенты». На другой день, 19 марта, окончательный приговор был объявлен Дантесу, после чего он был тотчас отослан к дежурному генералу Главного Штаба генерал-адъютанту графу Клейнмихелю. В тот же день через несколько часов Дантес был выдворен из Петербурга с жандармом, который сопровождал его до прусской границы.
На этом можно было бы поставить точку, однако хочется вместо заключения дать два письма — Екатерины Николаевны и Геккерена — к Дантесу. Интересно обратиться к этим уникальным эпистолярным документам, которые со времени их первой публикации и до сих пор вызывают споры.
Письмо баронессы Е. Н. Геккерен барону Ж. Геккерену (Дантесу), в Тильзит
Je ne puis laisser partir la poste sans te dire du moins quelques mots mon bon et excellent ami. Je suis toute triste de ton départ, je ne puis me faire à l'idée d'être pendant 15 jours sans te voir, je compte les heures et les minutes que je resterai encore dans ce maudit Pétersbourg, j'aurais voulu en être déjà bien loin. Mais c'est que c'est une horreur de m'enlever ainsi mon cœur, mon pauvre cher, on te fait trotter sur ces horribles chemins à te rompre les os, enfin j'espère qu'une fois à Tilsitt tu te reposera bien comme il faut, de grâce prends soin de ta santé, ne néglige pas surtout ton bras, je crains seulement que le voyage ne lui fasse du mal. Hier après ton départ la c-sse Stroganoff est restée encore quelque temps avec nous, toujours bonne et attentive envers moi, elle m'a fait déshabiller, ôter mon corset et me mettre en robe de chambre, après quoi on m'a étendu sur le divan, on a fait chercher Rauch qui m'a donné quelques cochonneries et m'a recommandé de rester encore couchée aujourd'hui afin de ménager le petit sur: qui en fils respectueux et tendre fait le méchant de ce qu'on lui a enlevé son très honoré père; aujourd'hui je vais cependant tout à fait bien, mais je resterai sur mon divan et ne bougerai pas de la maison; le Bn
est aux petits soins avec moi et hier nous avons passé la soirée à rire et à jaser. Le Ctè est venu me voir hier matin et je trouve que réellement il a beaucoup baissé, car il est désolé de ce qui t'arrive, furieux et indigné de la conduité sotte de ma tante, auprès de laquelle il n'a encore point fait de démarches pour le rapprochement; je lui ai dit que je croyais même que c'était une chose tout à fait inutile. Hier soir la tante m'a écrit un mot pour me demander de mes nouvelles et me dire que cœur elle était avec moi; elle va être a présent dans un grand embarras; comme on me défend de monter son énorme escalier, je ne puis aller chez elle et elle, bien certainement, ne viendra pas ici, cependant, me sachant un peu incommodée et dans le chagrin de ton départ, elle aura conscience de dire au monde qu'elle ne me voit pas; je suis excessivement curieuse de savoir ce qu'elle fera, mais je prévois qu'elle se bornera à m'écrire tous les jours pour avoir de mes nouvelles. Idalie est venue hier un instant avec son mari, elle est désolée de ne pas avoir pris congé de toi, elle dit que c'est la faute de Bétancourt qui au moment où elle voulait venir chez nous lui a dit que c'était trop tard, que tu devais déjà être parti; elle ne pouvait s'en consoler et a pleuré comme une malheureuse. M-dme Zagriatsky est morte le jour de ton départ à 7 heures du soir.Il y a une femme de chambre (la Russe) qui est là à s'extasier sur ton esprit et sur ta personne, elle dit que de la vie elle n'a rencontré rien qui puisse t'égaler et qu'elle n'oubliera jamais la manière dont tu es venu lui faire admirer ta taille en surtout. Je ne sais pas si tu pourras déchiffrer mon grifonage, dans tous les cas tu n'y perdras pas grand chose car je n'ai rien d'intéressant à t'apprendre, la seule chose que je veux que tu saches et dont tu es déjà bien persuadé, c'est que je t'aime bien fort, bien fort et qu'en toi seul est mon bonheur, rien que toi, toi seul, mon petit S-t Jean Baptiste. Je t'embrasse de tout mon cœur aussi fort que je t'aime. Adieu, mon bon, mon excellent ami, j'attends avec impatience le moment de t'embrasser.
[20 марта 1837][194]