Читаем Cinquante ans plus tard полностью

Mais Cirus, il y a quelques années de cela, n'en est-il pas arrivé à mourir pour le Divin Maître, par le martyre et par le sacrifice ?

Fille, parmi les martyrs du christianisme, il y a ceux qui se détachent du monde dans une mission sacrosainte et ceux qui meurent pour les plus terribles rachats... Cirus est parmi ces derniers... Lors des siècles passés, il fut un despote cruel qui fauchait sans pitié les espoirs de ses prochains et empoisonnait les cœurs... Puis plongé dans la lutte expiatoire, il a renié les douleurs sanctifiantes et a parcouru les chemins ignominieux du suicide. Il est juste, donc, que maintenant il apprécie les bénéfices de la lutte et de la vie par la difficulté à les réacquérir pour sa rédemption spirituelle, soucieux de s'y soumettre de façon adéquate. Ces échecs doivent valoriser son avenir de réalisations et de dignes efforts. En raison de toute la douleur vécue et du travail réalisé, à l'aube qui approche, son cœur aimera chacun des détails de sa lutte rédemptrice. Il saura valoriser dans l'énorme et accablant travail, les ressources sacrées de son élévation vers Dieu, en connaissant la grandeur de l'effort, de la résignation et du sacrifice !...

Consolée par les clarifications de son mentor spirituel, d'un seul coup elle aperçut une autre entité au visage noble et désolé qui la contemplait dans un mélange de joie et d'amertume.

Et comme elle trouvait étrange cette vision, elle a senti que la parole aimante de son grand-père lui disait :

Ne sois pas surprise, ne t'effraye pas ! Ta mère qui se trouve maintenant dans le plan spirituel, est venue avec moi aujourd'hui, te manifester ses sentiments d'amour et de reconnaissance !...

Une poignante émotion a soudain vibré au fond d'elle, face à ces révélations inattendues. Ses larmes devinrent plus amères et plus abondantes. Elle doutait de sa propre clairvoyance, se rappelant le passé avec ses épines et ses ombres désolantes. Mais, ange ou démon, comme submergé par un voile de tristesse impénétrable, l'Esprit Alba Lucinie s'est approché et a baisé ses mains.

Célia aurait souhaité que cette entité bienveillante dise quelque chose à son cœur affligé. Mais l'ombre maternelle restait muette et consternée. Néanmoins, elle sentit que, dans sa main droite que l'ombre baisait, persistait une sensation indicible, comme si, avec son baiser, Alba Lucinie apportait aussi une larme brûlante et douloureuse.

À ce choc inattendu, la jeune romaine a remarqué que les deux entités échappaient à nouveau à son regard.

Cette nuit-là, elle médita longuement sur le passé, plus qu'à l'habituel, confiant à Jésus ses préoccupations et ses peines, elle supplia le Seigneur de fortifier son esprit afin de comprendre et d'accomplir intégralement les desseins sacrés de sa volonté divine.

Le lendemain de ces amères réflexions concernant son passé austère, une foule vint la voir pour faire appel à ses services fraternels. C'étaient des petits vieux désolés en quête d'une parole réconfortante et amicale, des femmes des villages environnants qui lui apportaient leurs petits malades, sans parler des nombreuses personnes originaires d'Alexandrie, à la recherche d'un soulagement spirituel pour supporter les déboires de la vie.

Au fur et à mesure que les environs du monastère se remplissaient de véhicules, son apparence fragile et mélancolique redoublait d'efforts inédits pour tous les consoler et les éclairer.

De temps en temps, un excès de toux survenait qui provoquait la pitié des personnes présentes ; elle, néanmoins, transformant sa fragilité en énergie spirituelle inébranlable, semblait ne pas sentir la destruction de son corps, afin de toujours garder allumée la lumière de sa mission de charité et d'amour.

En fin de journée, invariablement, elle procédait aux lectures évangéliques, entendues par les nombreux visiteurs et par les gens simples du peuple.

C'est là, aux lueurs du crépuscule, qu'un beau jour, ses yeux surprirent un véhicule élégant et noble arriver d'où surgit Helvidius Lucius que son cœur filial identifia immédiatement. L'ancien tribun, trouvant la petite assemblée en plein air, chercha à s'accommoder comme il le put, tandis que les traits physionomiques du frère Marin laissaient transparaître les signes d'émotion qui vibrait dans son âme... Bien que prise d'une profonde tendresse, elle ne cessait de faire des commentaires détaillés sur la parabole du Seigneur, analysée ce jour-là. Le frère des malades et des malheureux parlait des sermons du Lac Tibériade, comme s'il avait connu Jésus de Nazareth, telle était remarquable la fidélité et l'aimante vibration de ses propos.

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