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Mais haine de l'arbitraire permanent car il ruine le sens même de la vie, lequel est durée dans l'objet même de ton échange.


CLXXII


Tu liras dans le présent l'être que tu devines. Tu l'énonceras. Il donnera leur sens aux hommes et aux actes des hommes. Il n'exigera rien d'eux présentement que ce qu'ils donnent et déjà donnaient hier. Ni plus de courage, ni moins de courage, ni plus de sacrifices, ni moins de sacrifices. Il ne s'agit point de te les prêcher, ni de flétrir quelque part que ce soit d'eux-mêmes. Ni de rien changer d'abord en eux-mêmes. Il ne s'agit que de te les énoncer. Car de leurs mêmes morceaux tu peux bâtir quelque construction que tu désires. Et ils désirent cet énoncé, ne sachant quoi faire de leurs morceaux.

Mais de quiconque tu énonces tu es le maître. Car tu gouvernes celui-là qui cherchait son objet quand il ne trouve point son chemin ou sa solution. Car l'homme est dominé par l'esprit.

Tu les considères non comme un juge mais comme un dieu qui gouverne. Tu les places et les fais devenir. Le reste suivra de soi-même. Car tu as fondé l'être. Désormais il se nourrira et changera en soi le reste du monde.


CLXXIII


Il n'était rien qu'une barque perdue au loin sur le calme de la mer.

Il est sans doute, Seigneur, une autre échelle d'où ce pêcheur là-bas dans sa barque me paraîtrait flamme de ferveur ou nœud de colère, tirant des eaux le pain de l'amour à cause de la femme et des enfants, ou le salaire de famine. Ou bien se montrerait à moi le mal dont peut-être il meurt et qui le remplit et qui le brûle.

Petitesse de l'homme? Où vois-tu qu'il y ait petitesse? Tu ne prends point mesure de l'homme avec une chaîne d'arpenteur. C'est au contraire quand j'entre dans la barque que tout devient immense.

Il te suffit, Seigneur, pour que je me connaisse, que Tu plantes en moi l'ancre de la douleur. Tu tires sur la corde et je me réveille.

Soumis peut-être à l'injustice, l'homme de la barque? Rien ne diffère dans le spectacle. La même barque. Le même calme jour sur les eaux. La même oisiveté du jour.

Qu'ai-je à recevoir des hommes si je ne me fais pas humble pour eux?

Seigneur, rattachez-moi à l'arbre dont je suis. Je n'ai plus de sens si je suis seul. Qu'on appuie sur moi. Que j'appuie sur l'autre. Que Tes hiérarchies me contraignent. Je suis ici défait et provisoire.

J'ai besoin d'être.


CLXXIV


Je t'ai parlé du boulanger qui te pétrit la pâte à pain et tant que celle-ci lui cède c'est que rien ne vient. Mais voici l'heure où la pâte se noue, comme ils disent. Et les mains découvrent au travers de la masse informe des lignes de force et des tensions et des résistances. Il se développe dans la pâte à pain une musculature de racines. Le pain s'empare de la pâte comme un arbre de la terre.

Tu rumines tes problèmes et rien ne se montre. Tu vas de l'une à l'autre des solutions car il n'en est point qui te satisfasse. Tu es malheureux, faute d'agir, car la marche seule est exaltante. Et te voilà pris du dégoût de te sentir épars et divisé. Tu te tournes alors vers moi afin que je tranche tes litiges. Et je puis certes les trancher en choisissant l'une des solutions contre l'autre. Si te voilà captif de ton vainqueur, il me serait permis de te dire: si te voilà simplifié par le choix d'une part contre l'autre, certes te voilà prêt pour l'action mais tu trouves la paix de fanatique ou paix de termite ou paix de lâche. Car le courage n'est point de s'en aller donnant des coups aux porteurs d'autres vérités.

Ta souffrance certes t'oblige à sortir des conditions de ta souffrance. Mais il te faut accepter ta souffrance pour être poussé vers ton ascension. Ainsi déjà de la simple souffrance causée par un membre malade. Elle t'oblige de te soigner et de refuser ta pourriture.

Mais tel qui souffre de ses membres et s'en ampute plutôt que de s'efforcer vers le remède, je ne le dis point courageux mais fou ou lâche. Je ne souhaite point d'amputer l'homme mais de le guérir.

C'est pourquoi, de la montagne où je dominais la ville, j'adressai à Dieu cette prière:

«Ils sont là, Seigneur, sollicitant de moi leur signification. Ils attendent leur vérité de moi, Seigneur, mais elle n'est point forgée encore. Éclairez-moi. Je malaxe la pâte à pain afin que se manifestent les racines. Mais rien ne se noue encore et je connais la mauvaise conscience des nuits blanches. Mais je connais aussi l'oisiveté du fruit. Car toute création trempe dans le temps d'abord, où devenir.

«Ils m'apportent en vrac leurs souhaits, leurs désirs, leurs besoins. Ils les empilent sur mon chantier comme autant de matériaux dont je crois créer l'assemblage afin que les absorbe le temple ou le navire.

«Mais je ne sacrifierai point les besoins des uns aux besoins des autres, la grandeur des uns à celle des autres. La paix des uns à la paix des autres. Je les soumettrai tous les uns aux autres afin qu'ils deviennent temple ou navire.

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