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Alors, tristement inutile, remplit les fleuves le sang des hommes.

Ceux que j'exécutais, me signifiant que je n'avais pu les convertir, me démontraient mon erreur. Alors j'inventai cette prière:

«Seigneur, mon manteau est trop court et je suis un mauvais berger qui ne sait abriter son peuple. Je réponds aux besoins de ceux-ci et je lèse ceux-là dans les leurs.

«Seigneur, je sais que toute aspiration est belle. Celle de la liberté et celle de la discipline. Celle du pain pour les enfants et celle du sacrifice du pain. Celle de la science qui examine et celle du respect qui accepte et fonde. Celle des hiérarchies qui divinise et celle du partage qui distribue. Celle du temps qui permet la méditation et celle du travail qui remplit le temps. Celle de l'amour par l'esprit qui châtie la chair et grandit l'homme, et celle de la pitié qui panse la chair. Celle de l'avenir à construire et celle du passé à sauver. Celle de la guerre qui plante les graines, et celle de la paix qui les récolte.

«Mais je sais aussi que ces litiges ne sont que litiges de langage et que chaque fois que l'homme s'élève, il les observe d'un peu plus haut. Et les litiges ne sont plus.

«Seigneur, je veux fonder la noblesse de mes guerriers et la beauté des temples contre quoi les hommes s'échangent et qui donne un sens à leur vie. Mais, ce soir, en me promenant dans le désert de mon amour, j'ai rencontré une petite fille en larmes. J'ai renversé sa tête pour lire dans ses yeux. Et son chagrin m'a ébloui.

Si je refuse, Seigneur, de le connaître, je refuse une part du monde et n'ai point achevé mon œuvre. Ce n'est pas que je me détourne de mes grands buts, mais que cette petite fille soit consolée! Car alors seulement le monde va bien. Elle est aussi signe du monde.»


XV


La guerre est chose difficile quand elle n'est plus pente naturelle ni expression d'un désir. Mes généraux, dans leur solide stupidité, étudiaient des tactiques habiles et discutaient et cherchaient la perfection avant d'agir. Car ils n'étaient point animés par Dieu, mais honnêtes et travailleurs. Ils échouaient donc. Et je les réunis pour les prêcher:

«Vous ne vaincrez point car vous cherchez la perfection. Mais elle est objet de musée. Vous interdisez les erreurs et vous attendez pour agir de connaître si le geste à oser est d'une efficacité bien démontrée. Mais où avez-vous lu démonstration de l'avenir? De même que vous empêcheriez ainsi dans votre territoire l'éclosion de peintres, de sculpteurs et de tout inventeur fertile, vous empêcherez ainsi la victoire. Car je vous le dis, moi: la tour, la cité ou l'empire grandissent comme l'arbre. Elles sont manifestations de la vie puisqu'il faut l'homme pour qu'elles naissent. Et l'homme croit calculer. Il croit que la raison gouverne l'érection de ses pierres, quand l'ascension de ces pierres est née d'abord de son désir. Et la cité est contenue en lui, dans l'image qu'il porte dans son cœur, comme l'arbre est contenu dans sa graine. Et ses calculs ne font qu'habiller son désir. Et l'illustrer. Car vous n'expliquez point l'arbre si vous montrez l'eau qu'il a bue, les sucs minéraux qu'il a puisés et le soleil qui lui prêta sa force. Et vous n'expliquez point la ville si vous dites: «Voici pourquoi cette voûte ne croule pas… voilà les calculs des architectes…» Car si la ville doit naître on trouvera toujours des calculateurs qui calculent juste. Mais ceux-là ne sont que serviteurs. Et si vous le poussez au premier rang, croyant que les villes sortent de ses mains, aucune ville ne surgira du sable. Il sait comment naissent les villes mais il ne sait point pourquoi. Mais le conquérant ignorant, jetez-le avec son peuple sur la terre âpre et la rocaille, vous reviendrez plus tard et brillera dans le soleil la cité aux trente coupoles… Et les coupoles tiendront debout comme les branches du cèdre. Car le désir du conquérant sera devenu cité aux coupoles, et il aura trouvé, comme des moyens, comme des voies et comme des routes tous les calculateurs qu'il désirait.

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