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Car moi je dis que l'arbre est ordre. Mais ordre ici c'est unité qui domine le disparate. Car cette branche-ci porte son nid d'oiseaux et cette autre ne le porte point. Car celle-ci porte son fruit et cette autre ne le porte point. Car celle-ci monte vers le ciel et cette autre penche vers le sol. Mais ils sont soumis, mes généraux, à l'image des revues militaires et ils disent que sont en ordre les objets seuls qui ne diffèrent plus les uns des autres. Ainsi, si je les laissais faire, ils perfectionneraient les livres saints qui montrent un ordre lequel est sagesse de Dieu, en mettant en ordre les caractères dont le premier enfant venu verrait bien qu'ils sont tous mêlés. Ainsi, les A ensemble, les B ensemble, les C ensemble…, et ainsi disposeraient-ils d'un livre bien en ordre. Un livre pour généraux.

Et comment supporteraient-ils ce qui ne peut se formuler ou n'a pas abouti encore, ou entre en contradiction avec une autre vérité? Comment sauraient-ils que, dans un langage qui formule mais ne saisit point, deux vérités peuvent s'opposer? Et que je puis parler sans me contredire de la forêt ou du domaine, malgré que ma forêt empiète sur plusieurs domaines sans peut-être en couvrir un seul en totalité, et mon domaine sur plusieurs forêts sans qu'aucune peut-être y soit entièrement contenue? Et l'un ne nie point l'autre. Mais voici que mes généraux, s'ils célèbrent les domaines, font trancher la tête des poètes qui chanteraient la forêt.

Car autre chose est de s'opposer et autre chose de se contredire et je ne connais qu'une vérité qui est la vie et je ne reconnais qu'un seul ordre qui est l'unité quand elle domine les matériaux. Et peu m'importe si les matériaux sont disparates. Mon ordre c'est l'universelle collaboration de tous à travers l'un, et cet ordre m'oblige à création permanente. Car il m'oblige à fonder ce langage qui absorbera les contradictions. Et qui lui-même est vie. Il ne s'agit jamais de refuser pour créer l'ordre. Car si d'abord je refuse la vie et aligne ceux de ma tribu comme des poteaux le long d'une route, est parfait l'ordre que j'ai atteint. Également, si je réduis mes hommes à n'être plus qu'une colonie de termites. Mais en quoi les termites me séduiraient-ils? Car j'aime l'homme délivré par sa religion et vivifié par les dieux que je fonde en lui: maison, domaine, empire, royaume de Dieu, afin qu'il se puisse échanger toujours contre plus vaste que soi. Et pourquoi donc ne les laisserais-je point disputer entre eux, sachant que le geste qui réussit est fait de tous ceux qui manquent leur but, et sachant que pour se grandir l'homme doit créer et non répéter. Car alors il ne s'agit plus pour lui que de consommer des provisions faites. Sachant enfin que tout, même la forme de la carène, doit s'accroître et vivre et se transformer sinon elle n'est plus que mort, objet de musée, ou routine. Et je distingue d'abord la continuité, de la routine. Et je distingue la stabilité, de la mort. Ni la stabilité du cèdre ni la stabilité de l'empire ne se fondent sur leur décrépitude. «Ceci est bien, disent mes généraux, et ne changera donc plus!» Mais moi je hais les sédentaires et dis mortes les villes achevées.


XXIII


Mauvais, quand le cœur l'emporte sur l'âme.

Quand le sentiment l'emporte sur l'esprit.

Ainsi dans mon empire il m'est apparu qu'il était plus facile de souder les hommes par le sentiment que par l'esprit qui domine le sentiment. Sans doute signe de ce que l'esprit doit devenir sentiment, mais qu'il n'est point d'abord de sentiment qui compte.

Ainsi m'est-il apparu qu'il ne fallait point soumettre celui qui crée aux souhaits de la multitude. Car c'est sa création même qui doit devenir le souhait de la multitude. La multitude doit recevoir de l'esprit et changer ce qu'elle a reçu en sentiment. Elle n'est qu'un ventre. La nourriture qu'elle reçoit, elle la doit changer en grâce et en lumière.


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