Face A :
Les désenchantées
Document de travail
Affaire Sarah Leroy – année 1992
Nous avons toutes une part de responsabilité dans ce qui est arrivé à Sarah Leroy. J’y ai moi-même participé, même s’il m’a fallu vingt ans pour comprendre et accepter le rôle que j’ai joué dans cette histoire. Je ne vous dévoilerai pas mon identité, ce n’est pas le but de ma démarche et, de toute façon, je ne veux pas qu’on imagine que je révèle la vérité pour me dédouaner, accuser les autres plutôt que moi, ou même simplement pour me mettre en avant. Il me semble que la vérité doit être écrite quelque part. Pour nous, pour Sarah, et peut-être pour vous. Pour qu’enfin, à défaut d’un pardon quelconque, nous arrivions à vivre avec ce que nous avons fait.
Même si tout le monde pensera probablement le contraire, à l’époque, nous avions une morale. Pas le genre de morale à nous empêcher de mentir à la police, à nos familles, voire à nous-mêmes. Le genre de morale qu’on s’invente quand on a quinze ans et qu’on ne s’est pas encore résigné à l’absence totale de justice en ce bas monde. C’est au nom de cette morale que je vous écris aujourd’hui, vingt ans, donc, après les événements.
La photo qui accompagne ces pages a été prise quelques jours avant la disparition de Sarah Leroy. De gauche à droite, vous pouvez voir Angélique, qui, Dieu sait, n’avait rien d’un ange, Morgane, qu’on qualifierait aujourd’hui de « haut potentiel », Jasmine, charitablement renommée « la fille de la femme de ménage » dans les journaux et le rapport de police, et Sarah Leroy. À moins que vous n’ayez passé les vingt dernières années à hiberner dans un igloo au Groenland, il est de toute évidence inutile de présenter Sarah Leroy.
Je sais que vous aimeriez savoir qui je suis, mais en réalité, cela n’a aucune importance. Nous sommes une entité, nous sommes les « Désenchantées ». De la même manière qu’en grammaire comme dans la vie, le masculin l’emporte sur le féminin, dans notre histoire, le « nous » a toujours supplanté le « je », et c’est pourquoi je m’autorise à écrire en notre nom à toutes.
Personne ne peut s’attendre à ce que qui que ce soit se rappelle aujourd’hui avec une fiabilité absolue ce qu’il s’est passé l’été de la disparition de Sarah Leroy. Pour ma part, j’ai sorti du grenier la semaine dernière la pile de cahiers Clairefontaine à spirales que j’utilisais pour écrire mon journal intime, un exercice auquel je me suis livrée quotidiennement ou presque, depuis la sixième et jusqu’à la fin de mes études. J’ai relu tout ce qui se rapportait à la période qui nous concerne.
Mais commençons par le début.
Анна Михайловна Бобылева , Кэтрин Ласки , Лорен Оливер , Мэлэши Уайтэйкер , Поль-Лу Сулитцер , Поль-Лу Сулицер
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