— Éric Chevalier avait organisé une grosse soirée pour son anniversaire, tout le lycée était invité et Angélique était surexcitée à l’idée d’y aller avec Sarah. Elle m’avait appelée pour me demander un conseil sur la tenue qu’elle devait porter, elle voulait m’emprunter un tee-shirt, bref, tu sais comment c’est… à cet âge-là, une soirée c’est l’événement du siècle.
— Et ?
— Angélique m’a appelée à cinq heures du matin, elle avait trop bu, je ne comprenais rien, elle pleurait. J’étais en semaine d’examens, elle m’avait réveillée et…
— Et tu as fait comme d’hab, tu l’as envoyée chier.
Fanny se mordit les lèvres, une ombre de tristesse passa dans son regard.
— Je lui ai dit de rappeler quand elle aurait dessaoulé, que c’était n’importe quoi de boire de l’alcool à son âge et que je ne comprenais rien à ce qu’elle me racontait.
Fanny aurait aimé ne pas se souvenir de cet appel avec autant de précision. Le cerveau enregistre parfois à notre insu dans les moindres détails un événement marquant. Elle aurait dû se fier à son instinct, même à moitié endormie, elle avait ressenti que quelque chose de grave était arrivé. Mais sur le moment, elle était en colère de se faire réveiller au milieu de la nuit, la veille d’un examen important, de se sentir coupable que sa petite sœur boive de l’alcool en quatrième et que leur mère, comme d’habitude, ne s’occupe pas d’elle. Fanny était fatiguée de tout gérer, le ménage, Angélique, les impôts et les papiers que sa mère laissait s’empiler au-dessus du micro-ondes. Elle n’avait pas insisté, elle n’avait pas été douce et compréhensive. Elle n’était pas sa mère, après tout. Elle avait raccroché.
— J’ai rappelé le lendemain après-midi, elle n’a pas décroché, ma mère non plus, c’était la haute saison, elle bossait tout le temps. Comme je n’arrivais pas à les joindre, j’ai fini par appeler chez Sarah, je suis tombée sur la belle-mère de Sarah, Iris Leroy, qui m’a dit qu’elle ne savait pas où était Angélique, qu’elle et Sarah n’étaient plus amies et qu’elle ne voulait plus entendre parler d’Angélique. Elle a été glaciale, c’était bizarre.
— C’est normal, les belles-mères, ça fait cet effet-là, ricana Lilou.
— Et les belles-filles ? Tu crois que c’est toujours marrant ? Bref, ce n’est pas le sujet, tout cela n’a rien à voir avec la disparition de Sarah, c’est arrivé plusieurs années avant… Mais quand Sarah a disparu, de vieilles histoires sont remontées, et comme Angélique et Sarah s’étaient battues un peu avant dans la cour de récréation, des gens se sont mis en tête qu’Angélique avait assassiné Sarah par jalousie. Angélique avait une sale réputation à cette époque-là…
— Et toi ?
— Et moi quoi ?
— Tu crois qu’elle aurait pu faire du mal à Sarah ?
Fanny sursauta.
— Non !
— Tu as hésité, fit remarquer Lilou en plissant les paupières.
— Non, bien sûr que non, répéta Fanny avec toute la conviction qu’elle put trouver en elle.
Elle maudissait Lilou qui venait de lancer à voix haute la question que Fanny évitait de se poser depuis vingt ans. La vérité, c’est que l’Angélique d’après la dispute avec Sarah, qui séchait les cours et s’était fait mettre enceinte par un garçon avec qui elle sortait depuis même pas deux mois, Fanny ne la connaissait pas.
— Mais tu étais vraiment avec Angélique, le jour de la disparition ?
— Bien sûr ! Nous sommes allées à Boulogne faire du shopping, elle était toute la journée avec moi et une copine qui a témoigné aussi. Tu crois quoi ? Que j’aurais menti à la police ?
Lilou réfléchit quelques secondes.
— Non, t’as raison, je t’imagine pas mentir à la police.
Анна Михайловна Бобылева , Кэтрин Ласки , Лорен Оливер , Мэлэши Уайтэйкер , Поль-Лу Сулитцер , Поль-Лу Сулицер
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