Читаем Du brut pour les brutes полностью

Le sage Pinaud revient à son dada :

— Il est fauché comme les blés et il avait une M.G.

Je mate le cadavre, rêveur. Il est vêtu d’une vieille veste d’intérieur à brandebourgs, usée, luisante, élimée… Son pantalon fait des poches aux genoux, sa chemise au col râpé est sale… Les mules qu’il a aux pieds n’ont plus de forme et sont crevées comme des marrons trop cuits…

— Enfin, quoi, vous l’imaginez au volant d’une bagnole sport, ce pauvre mironton ? s’exclame Pinuche.

Le fait est que l’idée est presque cocasse.

— Mes enfants, susurré-je, je crois que nous sommes embarqués dans la plus ténébreuse des affaires. Depuis hier, ça n’arrête pas de se compliquer et de rebondir… On commence par un Russe douteux, on passe à une fille qui usurpe une identité et une maison, on continue par une bagnole sport appartenant à un vieux noble ruiné, on corse ça avec un attentat à la mitraillette et à la grenade, et on termine sur un domaine en friche dont le propriétaire vient de se détruire. Avouez que c’est gratiné !

Ils avouent sans se faire prier.

Par acquit de conscience, et par déformation professionnelle aussi, nous fouillons la pauvre maison délabrée. Le comte a tout bazardé. Au premier étage, seule une chambre reste meublée. Tout le reste est parti chez les marchands de vieilleries de Saint-Germain-des-Prés.

Le Gros, avant de partir, tire la conclusion qui s’impose.

— Vous voyez, déclare-t-il, vaut mieux être charcutier et avoir de l’artiche que d’être comte et claquer du bec.

Il gratte une tache de plâtre sur son costard d’un ongle qui ferait évanouir une manucure.

— Qu’est-ce qu’on branle, maintenant ?

— On va mettre les gendarmes du patelin au parfum des événements, c’est à eux de jouer.

— Ensuite, on ira casser la graine, j’espère ? demande Bérurier qui a les entrailles turbulentes lorsque l’heure de la tortore approche.

— Ça ne te coupe pas l’appétit, les cadavres de vieux nobles ?

Le Gros barrit.

— Il en faudrait beaucoup plus, mon pote ! Si tu crois que ça me dérange…

Nous évacuons le domaine de Lamain-Aupanier pour rallier celui de la maréchaussée.


La gendarmerie de Courmois-sur-Lerable est une petite construction pour rentier modeste qui ne se différencie de celles qui l’environnent que par le panneau sommant sa porte. Lorsque le valeureux trio y pénètre, le brigadier qui la dirige est occupé à s’ôter les cors au pied avec un rasoir à main. C’est un homme élégant qui ne dépasse pas les cent dix kilos, pourvu d’un visage avenant encore que violacé et qui serait tout à fait beau gosse si son nez ne ressemblait à une pomme de terre. Ses yeux injectés de sang ont une douceur quasi bovine et ses sourcils fournis (par l’intendance militaire sans doute) ne sont qu’à trois centimètres et demi de ses cheveux graisseux. A côté de lui, l’Apollon du réverbère ressemble à Michel Simon.

Il achève de cisailler son durillon et, nous ayant coulé un regard glaireux par-dessus son épaule trop enveloppée, demande :

— Ce qu’v’vlez ?

— On vient rapport à une déclaration, fais-je en m’asseyant sur le banc de bois où un client de la maison grava « Mort aux vaches » un jour de spleen.

— Vous avez perdu quèque chose ? fait le brigadier en recueillant son durillon dans le creux de la main pour le faire miroiter à la lumière.

— On aurait plutôt trouvé que perdu, rectifie mon adjoint à carreaux.

Le brigadier dépose son durillon sur un dossier, enfile sa chaussette avec une maîtrise totale qui donne un aperçu sur le parfait fonctionnement de ses réflexes et se décide à questionner :

— Vous auriez trouvé quoi ?

— Un mort, laissé-je tomber négligemment.

Pinaud qui se délecte tète son mégot éteint. Le gendarme à pied (à pied nu) soulève la visière de son képi afin de s’aérer l’Annapurna et se met à nous considérer tous trois exactement comme si nous étions des représentants en poil à gratter.

— Vous v’ foutez de ma gueule ? demande-t-il avec une espèce d’ombre d’inquiétude dans la voix.

Je me hâte de disperser son trouble.

— Absolument pas. Je peux même vous préciser qu’il s’agit du comte de Souvelle. Il s’est suicidé en s’introduisant une certaine quantité de plomb dans le temporal par le truchement d’un pistolet d’arçon.

L’autre assimile (il a la méthode) et, du bout des doigts, joue avec le superbe durillon aux tons jaspés. On dirait une eau-forte (extra-forte, bravo Amora) et je l’imagine dans la vitrine de Mme de Brelan d’As pour la semaine de la rue Saint-Honoré.

— Comment que vous savez ça ? demande-t-il encore après avoir glissé le durillon dans son étui à revolver.

— On le sait de visu, affirme Pinuchet en déposant son mégot dans l’encrier du pandore.

— Qui est Visu ? s’inquiète celui-ci.

Bérurier, que la faim tourmente et qui a hâte de conclure, me tire par la manche.

— Tu ferais bien d’incliner ton identité à môssieur pour éclairer sa lanterne.

J’admets et propose ma carte au brigadoche. L’homme lit. Puis il abaisse son képi, boutonne sa braguette et me dédie un salut militaire qui attendrirait un général de division.

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