L’organisation et la défense urbaine de la garde nationale, qui élit ses chefs et veille seule au maintien de l’ordre dans la cité.
Paris ne veut rien de plus à titre de garanties locales, à condition, bien entendu, de retrouver dans la grande administration centrale, délégation des communes fédérées, la réalisation et la pratique des mêmes principes.
Mais, à la faveur de son autonomie et profitant de sa liberté d’action, Paris se réserve d’opérer comme il l’entendra, chez lui, les réformes administratives et économiques que réclame sa population de créer des institutions propres à développer et propager l’instruction, la production, l’échange et le crédit; à universaliser le pouvoir et la propriété suivant les nécessités du moment, le vœu des intéressés et les données fournies par l’expérience.
Nos ennemis se trompent ou trompent le pays quand ils accusent Paris de vouloir imposer sa volonté ou sa supériorité au reste de la nation, et de prétendre à une dictature qui serait un véritable attentat contre l’indépendance et la souveraineté des autres communes.
Ils se trompent ou trompent le pays quand ils accusent Paris de poursuivre la destruction de l’unité française, constituée par la Révolution, aux acclamations de nos pères, accourus à la fête de la Fédération de tous les points de la vieille France.
L’unité, telle qu’elle nous a été imposée jusqu’à ce jour par l’empire, la monarchie et le parlementarisme, n’est que la centralisation despotique, inintelligente, arbitraire et onéreuse.
L’unité politique, telle que la veut Paris, c’est l’association volontaire de toutes les initiatives locales, le concours spontané et libre de toutes les énergies individuelles en vue d’un but commun, le bien-être, la liberté et la sécurité de tous.
La Révolution communale, commencée par l’initiative populaire du 18 mars, inaugure une ère nouvelle de politique expérimentale, positive, scientifique.
C’est la fin du vieux monde gouvernemental et clérical, du militarisme, du fonctionnarisme, de l’exploitation, de l’agiotage, des monopoles, des privilèges, auxquels le prolétariat doit son servage, la patrie ses malheurs et ses désastres.
Que cette chère et grande patrie, trompée par les mensonges et les calomnies, se rassure donc.
La lutte engagée entre Paris et les Versaillais est de celles qui ne peuvent se terminer par des compromis illusoires: l’issue n’en saurait être douteuse. La victoire, poursuivie avec une indomptable énergie par la garde nationale, restera à l’idée et au droit.
Nous en appelons à la France !
Avertie que Paris en armes possède autant de calme que de bravoure; qu’il soutient l’ordre avec autant d’énergie que d’enthousiasme; qu’il se sacrifie avec autant de raison que d’héroïsme; qu’il ne s’est armé que par dévouement pour la liberté et la gloire de tous, que la France fasse cesser ce sanglant conf
C’est à la France à désarmer Versailles par la manifestation solennelle de son irrésistible volonté.
Appelée à bénéficier de nos conquêtes, qu’elle se déclare solidaire de nos efforts; qu’elle soit notre alliée dans ce combat qui ne peut finir que par le triomphe de l’idée communale ou par la ruine de Paris !
Quant à nous, citoyens de Paris, nous avons la mission d’accomplir la révolution moderne, la plus large et la plus féconde de toutes celles qui ont illuminé l’histoire.
Nous avons le devoir de lutter et de vaincre !
Paris, le 19 avril 1871.
Fête
« Citoyens,
La porte de Saint-Cloud, assiégée de quatre côtés à la fois par les feux du Mont-Valérien, de la Butte de Mortemart, des Moulineaux et du fort d’Issy, que la trahison a livré; la porte de Saint-Cloud a été forcée par les Versaillais, qui se sont répandus sur une partie du territoire parisien.
Ce revers, loin de vous abattre, doit être un stimulant énergique. Le Peuple qui détrône les rois, qui détruit les Bastilles; le Peuple de 89 et de 93, le Peuple de la Révolution ne peut perdre en un jour le fruit de l’émancipation du 18 mars.
Parisiens, la lutte engagée ne saurait être désertée par personne; car c’est la lutte de l’avenir contre le passé, de la Liberté contre le despotisme, de l’Egalité contre le monopole, de la Fraternité contre la servitude, de la solidarité des peuples contre l’égoïsme des oppresseurs.
AUX ARMES !
Donc, AUX ARMES ! que Paris se hérisse de barricades, et que, derrière ces remparts improvisés, il jette encore à ses ennemis son cri de guerre, cri d’orgueil, cri de défi, mais aussi cri de victoire; car Paris, avec ses barricades est inexpugnable.