Le 4 septembre 1870, la défaite de Sedan a fait tomber l’Empire. La République proclamée à Paris par quelques députés n’a pas d’autre légitimité que l’acclamation de la foule. La guerre se poursuit sans espoir de victoire jusqu’au 28 janvier 1871, date d’un armistice. Des élections législatives envoient une majorité des députés monarchistes et conservateurs à la Chambre des députés. A Paris, c’est la Commune. En juin 1871, la question de la nature institutionnelle du régime n’est pas tranchée. Adolphe Thiers, ancien ministre du Roi Louis-Philippe, assure la direction du pouvoir exécutif sans déclarer ses intentions. Le retour à une monarchie parlementaire a les faveurs de l’opinion et des élites. Mais rien n’est possible sans un accord entre les deux branches de la famille royale ayant régné. D’un côté, le petit f
ils de Charles X, Henri, comte de Chambord, sans enfant, est le candidat de la légitimité dynastique. De l’autre, Philippe d’Orléans, comte de Paris, petit-fils du Roi Louis-Philippe 1er, a pour lui l’héritage politique de la monarchie parlementaire et le drapeau tricolore. Henri V, comte de Chambord, rentre d’exil. Il publie un manifeste qui précise les conditions de son retour sur le trône de France; le légitimisme fidèle au drapeau blanc de la monarchie est né. Faute d’accord, le temps passe et les élections suivantes érodent les chances monarchistes, pourtant garanties par l’élection pour sept ans d’un président acquis à la cause royale. En 1877, une nouvelle majorité républicaine ouvre une crise institutionnelle et pousse à la démission le maréchal de Mac-Mahon, président de la République. A partir de ce moment, le parti républicain ouvre une période de conquête des esprits pour tenter de rendre irréversible un régime aux origines laborieuses.« Manifeste du Comte de Chambord », publié dans le journal l’Union
« Français,
Je suis au milieu de vous.
Vous m’avez ouvert les portes de la France et je n’ai pas pu me refuser le bonheur de revoir ma patrie.
Mais je ne veux pas donner, par une présence prolongée, de nouveaux prétextes à l’agitation des esprits si troublés en ce moment.
Je quitte donc Chambord que vous m’avez donné et dont j’ai porté le nom avec fierté depuis quarante ans, sur les chemins de l’exil.
En m’en éloignant, je tiens à vous le dire, je ne me sépare pas de vous, la France sait que je lui appartiens.
Je ne puis décliner que le droit monarchique est le patrimoine de la nation, ni décliner les devoirs qu’il impose envers elle.
Ces devoirs, je les remplirai, croyez-en ma parole d’honnête homme et de Roi.
Dieu aidant, nous fonderons ensemble et quand vous le voudrez, sur les larges assises de la décentralisation administrative et des franchises locales, un gouvernement conforme aux besoins réels du pays.
Nous donnerons pour garanties à ces libertés publiques auxquelles tout peuple chrétien a droit, le suffrage universel, honnêtement pratiqué, et le contrôle des deux chambres, et nous reprendrons en lui restituant son caractère véritable, le mouvement national de la fin du dernier siècle.