Читаем Франция в эпоху позднего средневековья. Материалы научного наследия полностью

Ainsi l''ethique dont les conceptions p'en'etraient toute la pens'ee humaine, a-t-elle acquis une valeur absolue et, par l`a, la pens'ee ellem^eme est devenue nettement dualiste. Conform'ement `a la structure antith'etique de la morale, celle-ci 'etait orient'ee vers les notions du bien et du mal, du vice et de la vertu; le choix entre ces deux voies, que ce soit sur le plan de la vie individuelle ou de la vie sociale, 'etait r'eserv'e `a l'action libre de l'homme.

La pens'ee traditionnelle de la morale chr'etienne a donn'e naissance `a une conception nette de l'homme qui consiste en corps p'erissable enclin au vice, et en ^ame immortelle tendue vers Dieu. Elle avait une vue claire de la vie qui 'etait soit la voie du p'ech'e, soit celle de la vertu. Mais ces nettet'e et clart'e de la pens'ee 'ethique 'etaient troubl'ees par l'id'ee de la Nature qui, d`es le XII si`ecle, commencait `a s'enraciner dans la conscience de masses.

Le courant d'id'ees, appel'e naturalisme dans la culture francaise et la culture occidentale en g'en'eral, qui a apport'e une conception nouvelle de la nature en tant qu'essence autonome par rapport `a Dieu et qui pr'edestinait toute la vie sur terre, est n'e et s'est d'evelopp'e sous l'influence de l'h'eritage antique. C'est aux philosophes de la c'el`ebre 'ecole de Chartres qu'on est redevable en France pour un grand apport dans le d'eveloppement de l'id'ee de la nature. Leurs conceptions `a son 'egard recoivent une forme expressive dans le «De planctu naturae» d'Alain de Lille, ouvrage bien connu `a l''epoque. La Nature y appara^it comme disciple de Dieu qui le repr'esente et tient lieu de m'ediatrice entre lui et les homme. En incarnant le bien divin, elle est bonne par essence. Ainsi doit-on ob'eir irr'evocablement `a tous ses imp'eratifs.

C'est la deuxi`eme partie du «Roman de la Rose» de Jean de Me-ung qui a jou'e un grand r^ole dans la diffusion des id'ees naturalistes. Dans cette oeuvre qui eut un grand succ`es au XIV et au XV si`ecles, la nature et sa loi triomphent sur toutes les conventions courtoises des sentiments et rapports humains. Pourtant pour Jean de Meung la loi de la nature qu'on doit observer, c'est celle de l'amour charnel et non la loi moral, comme chez Alain de Lille.{540} Plus tard, au cours du XIV et XV si`ecles, ces deux conceptions de la nature et de sa loi ont eu un d'eveloppement dans les lettres francaises.

La pens'ee traditionnelle chr'etienne aspirait pour ainsi dire `a absorber l'id'ee de la nature, en pr'esentant celle-ci en tant que porteuse de la loi morale divine. Une interpr'etation pareille de la nature s'est enracin'ee relativement profond'ement dans les lettres et la pens'ee sociale de la France. Le d'eveloppement de la th'eorie de la loi naturelle `a la m^eme 'epoque y a beaucoup contribu'e, parce qu'on l'a interpr'et'ee souvent comme la loi morale. La responsabilit'e pour les p'ech'es humains, l'in'egalit'e et l'in'equit'e existantes, tout cela a 'et'e rejet'e sur le p'ech'e originel. La nature, elle, semblait une fortresse in'ebranlable du bien. Et si les hommes ob'eissaient `a ses imp'eratifs, `a sa loi, la vie serait parfaite puisque ses imp'eratifs ne sont pas diff'erants des commandements de Dieu.

Philippe de M'ezi`eres, 'ecrivain de la deuxi`eme moiti'e du XIV si`ecle, dans «Le songe du vieil p`elerin» donne une illustration impressionnant de cette conception de la loi de nature. Il y 'ebauche un tableau de la soci'et'e vivant selon cette loi quelque part «en Inde la Majeure `a la terre des Bragamains». «C'est ung pays la ou les hommes sont d'une singuli`ere condicion moult estrange des toutes les autres de ce monde. Car descce que le pays fut habite, les hommes et les femmes tiennent a la lectre la loy de nature. Ils vivent en commun, ne en tout le pays n'a ung tout seul pauvre… Ils n'ont point de monnoye, ne ils n'acontent riens a or ne a argent. En cellui pays n'a nuls larrons, ne ilz ne se guerroyent point l'un l'autre. Hz n'ont entr'eux ne plaitz ne riotes de d'ebats. Et autres plus grands conditions de merveilleuses vertuz, lesquelles je passe pour cause de briefvete». Pour conclure la description de cette soci'et'e utopique, l'auteur remarque encore une fois qu'elle vit «tr`es honnestement selon la loy de nature, et fait chascun a l'autre a son plain pouvoir tout ce qu'il vouldroit que on lui feist. Avarice, orgueil et luxure ilz ont en abhomination. De la mort font pou de compte et adourent un seul dieu tout puissant».{541} En expliquant le principe de la loi naturelle il en donne un de la justice chr'etienne.

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