Читаем Франция в эпоху позднего средневековья. Материалы научного наследия полностью

Il semble que toutes les invectives de notre auteur contre les d'etracteurs de l'honneur f'eminin ainsi que les exigences du roi Ren'e de ne pas m'edire des femmes, et d'autant plus les sanctions qu'il pr'evoit dans ce cas, t'emoignent d'une certaine 'evolution dans la conception de l'amour courtois. Evolution dans le sens d'une plus grande libert'e morale pour les femmes dans l'amour hors mariage. Si auparavant la condition sine qua non de l'amour 'etait le secret, pour conserver le bon renom de la dame, on insiste maintenant de plus en plus sur l'exigence de ne pas le d'enigrer, ce qui suppose la possibilit'e d'aimer plus ouvertement. Cela se comprend encore mieux si l'on se transporte au si`ecle suivant et qu'on se tourne vers l'oeuvre c'el`ebre de Brant^ome, La vie des dames galantes. Cet auteur montre de facon convaincante combien `a la cour de France au XVIe si`ecle s''etaient affirm'ees des normes de rapports amoureux assez libres o`u les femmes pouvaient entrer en craignant de moins en moins les atteintes `a leur honneur. Ainsi Francois Ier «a bien aym'e les dames, et encor qu 'il eust opinion qu 'elles fussent, fort inconstantes et variables… ne voulut point qu 'on en medist en sa cour, et voulut fort qu'on leur portast un grand honneur et respect».{646} Un jour il faillit m^eme envoyer `a l''echafaud un jeune courtisan qui s''etait permis de s'exprimer irrespectueusement `a propos d'une dame. Henri II ne supportait pas non plus qu'on calomni^at les femmes et s'il aimait 'ecouter les anecdotes sur la fourberie f'eminine, il ne tol'erait que celles qui ne s'attaquaient pas `a leur honneur.{647} 'Etait-il d`es lors n'ecessaire de cacher les rapports amoureux? Bien que Brant^ome dise que «les dames doivent estre respect'ees par tout le monde, leurs amours et leurs faveurs tenues secr`etes»,{648} toute la culture de l'amour courtois tendait `a ce qu'on ne se cach^at plus et qu'on obt^int la reconnaissance, ce pour quoi il 'etait indispensable de d'eraciner la m'edisance, si insultante pour les femmes. Ce n'est pas par hasard que le m^eme Francois Ier non seulement ne cachait pas ses liaisons, mais, selon le t'emoignage de Brant^ome, exigeait habituellement des courtisans qu'ils vinssent `a la cour avec leur bienaim'ee, sans la cacher.

Mais revenons au temps du roi Ren'e, o`u on commence `a observer pour la premi`ere fois cette r'evolution dans le d'eveloppement de l'amour courtois. Et pas seulement dans la litt'erature mais dans la vie `a la cour. Il faut ici 'evoquer une personnalit'e, qui acquiert `a la lumi`ere de ces changements une importance symbolique: il s'agit d'Agn`es Sorel, la c'el`ebre favorite du roi Charles VII. Ce fut la premi`ere ma^itresse d'un roi francais `a ne pas ^etre cach'ee par son royal amant et `a para^itre devant tous en honneur et majest'e. Et ses filles ne tomb`erent pas dans l'obscurit'e comme des filles ill'egitimes, mais furent de brillants partis. Il faut supposer qu'Agn`es Sorel joua son r^ole en pleine conscience de sa dignit'e, utilisant la grande influence qu'elle avait sur le roi.

Et ce n'est pas un hasard qu'elle ait 'et'e 'elev'ee `a la cour du roi Ren'e et ait 'et'e la suivante de son 'epouse Isabelle de Lorraine. C'est gr^ace `a Rene que le roi fit sa connaissance.

On peut donc remarquer qu'`a la cour du roi Ren'e, la femme pouvait ^etre plus qu'ailleurs, dans l'esprit de la nouvelle courtoisie, pr'epar'ee au r^ole de ma^itresse avou'ee et presque officielle. Cet esprit est pr'esent chez notre auteur, quand il manifeste son d'esir ardent de d'efendre le bon renom des dames contre les calomniateurs et les m'edisants.

Certes son texte n'exprime pas nettement cette tendance `a une plus grande libert'e morale des femmes, et il est possible qu'il n'en ait m^eme pas eu conscience quand il d'ecrivait avec enthousiasme ce que tout le monde savait par la rumeur publique et qui correspondait sans aucun doute `a ses propres inclinations. Mais d'une facon ou d'une autre ses mots et ses pens'ees baignaient dans le courant g'en'eral o`u se d'eveloppaient les normes de l'amour courtois.

Au ternie de cette courte analyse des id'ees de l'auteur de la description du Pas de Saumur, il convient de remarquer que c'est dans son oeuvre que les id'ees de la chevalerie courtoise, m^el'ees 'etroitement aux id'ees naturalistes, ont trouv'e leur plus claire expression. Ce sont elles qui lui font souligner sa foi dans le caract`ere naturel et bienfaisant de l'amour. Avec quelle expressivit'e, dans le finale de son po`eme, il 'ecrit:

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