Читаем Франция в эпоху позднего средневековья. Материалы научного наследия полностью

Toute son oeuvre est p'en'etr'ee de l'esprit courtois; et sous ce rapport il traduit fid`element l'atmosph`ere des f^etes de Saumur. C'est en cela d'ailleurs que se distinguent tous les tournois et joutes du Moyen ^Age. Mais les comp'etitions organis'ees par le roi Ren'e se signalent par un rituel courtois extr^emement 'elabor'e. La joute de Saumur «entreprins fut pour une dame, au gr'e d'amours», (str. 2). L'auteur ne cite pas son nom et se contente de remarquer: «sus mon ^ame on ne saurait plus belle eslire». (str. 2). On a 'emis la supposition qu'il s'agissait de Jeanne de Laval, que le roi Ren'e 'epousa plus tard, apr`es la mort d'Isabelle de Lorraine. Mais elle n''etait pas pr'esente aux f^etes, aussi G. Bianciotto at-il raison de remarquer `a propos de cette dame qu'ici «la fiction amoureuse est pr'esente et en aucune facon voil'ee».{641}

Les participants, 'ecrit l'auteur au d'ebut de son po`eme, 'etaient:

Tous actains d'amoureuse flamme, Sans villain penser n'aultre blasme. (str. 2).

Le symbole de la joute 'etait «la nouvelle fleur», que l'on commencait depuis peu de temps `a cultiver «l'a pens'ee». L''ecu, qui avait 'et'e hiss'e sur la colonne de marbre, 'etait couvert de ces fleurs, ainsi que les caparacons des chevaux et les 'ecus des «tenants» command'es par le roi. Ainsi le roi Ren'e avait-il renouvel'e l'esprit de la comp'etition. Il marchait avec ses chevaliers en qualit'e non pas de d'efenseur du «pas» comme c''etait l'habitude dans l'organisation d'un «pas d'armes», mais de d'efenseur de la fleur qui, on peut le supposer, 'etait un symbole de l'amour.

Bien que notre auteur ne conn^ut, parmi la multitude de dames qui s''etaient rassembl'ees l`a, que la seule dame de Beauvau, il parle avec enthousiasme de toutes celles qui se rassembl`erent dans le ch^ateau o`u r`egne «vraie amour», il leur attribue toutes les qualit'es possibles et path'etiquement s''ecrie en conclusion:

…et si j'avoie cent mille ^ames Pour elles les mectroie es flammes Des apr`es feux d'ardant d'esir Pour repprouver tous les inf^ames,Faulx langaigiers, plains de diffames, Murtriers d'onneurs, venons et fam'es, Qui ont a mal parler plaisir. (str. 43)

Pourquoi tant de passion `a condamner les calomniateurs des belles dames? La question a son importance, car il ne s'agit pas simplement de rh'etorique. La d'efense de l'honneur des dames 'etait un 'el'ement essentiel de la conception de l'amour courtois, dans la mesure o`u cet amour 'etait pens'e presque exclusivement comme hors du mariage. Habituellement le bon renom d'une dame devait ^etre sauvegard'e au d'etriment du secret de l'amour, dont personne, sauf les amants, ne devait avoir connaissance. En outre la responsabilit'e principale incombait a l'homme, qui se pr'esentait comme le garant du secret amoureux et de l'honneur de sa bien-aim'ee, et la divulgation qu'il faisait de ce secret 'etait regard'ee comme un crime contre l'amour. Andr'e Le Chapelain, auteur du plus c'el`ebre trait'e sur l'amour courtois, donne `a ce propos cet exemple:

«Un chevalier divulgua honteusement les secrets de son amour et ses intimes affaires de coeur. Tous ceux qui servent dans la chevalerie d'amour demandent que ce d'elit soit tr`es s'ev`erement puni, de peur qu'en laissant impuni l'exemple d'une telle trahison, on ne donne aux autres l'occasion de la suivre. Une cour de dames fut donc r'eunie en Gascogne, et l'on d'ecida `a l'unanimit'e que cet individu serait d'esormais frustr'e de toute esp'erance d'amour, et consid'er'e comme indigne et m'eprisable aux yeux de tous».{642}

L'univers intellectuel et moral de notre auteur s''etait form'e sans doute sous l'influence des id'ees d'amour courtois. Et dans ses conceptions tous les chevaliers qui 'etaient descendus `a Saumur, prirent part `a la joute

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