Harry relut entièrement la lettre trois fois de suite. Le nœud qu’il sentait dans sa poitrine se relâcha légèrement à l’annonce qu’il n’était pas définitivement expulsé. Mais ses craintes n’étaient pas dissipées pour autant. Tout semblait suspendu à cette audience du 12 août.
– Alors ? dit l’oncle Vernon, rappelant Harry à la réalité immédiate. Qu’est-ce qui se passe, maintenant ? Ils t’ont condamné à quelque chose ? Vous avez encore la peine de mort, chez vous ? ajouta-t-il avec espoir.
– Je suis convoqué à une audience disciplinaire, dit Harry.
– C’est là qu’ils te condamneront ?
– J’imagine.
– Alors, tout espoir n’est pas perdu, dit l’oncle Vernon avec méchanceté.
– Bon, si c’est terminé, dit Harry en se levant.
Il avait hâte d’être seul, de réfléchir, peut-être d’envoyer une lettre à Ron, à Hermione ou à Sirius.
– CE N’EST PAS DU TOUT TERMINÉ ! hurla l’oncle Vernon. RASSIEDS-TOI !
– Qu’est-ce qu’il y a,
– DUDLEY ! Voilà ce qu’il y a ! rugit l’oncle Vernon. Je veux savoir ce qui est arrivé exactement à mon fils !
– PARFAIT ! s’écria Harry.
Son humeur était telle que des étincelles rouge et or jaillirent à l’extrémité de sa baguette qu’il tenait toujours serrée dans sa main. Les trois Dursley tressaillirent, l’air terrifié.
– Dudley et moi, nous étions dans l’allée entre Magnolia Crescent et Wisteria Walk, dit Harry, qui parlait très vite en s’efforçant de contrôler ses nerfs. Dudley a voulu faire le malin avec moi et j’ai sorti ma baguette mais je ne m’en suis pas servi. À ce moment-là, deux Détraqueurs sont arrivés…
– Mais QUI SONT ces Détracoïdes ? demanda l’oncle Vernon avec fureur. Qu’est-ce qu’ils FONT ?
– Je te l’ai dit : ils t’enlèvent toute idée de bonheur, répondit Harry, et s’ils en ont l’occasion, ils t’embrassent.
– Ils t’embrassent ? s’exclama son oncle, les yeux légèrement exorbités. Ils
– C’est comme ça qu’on dit quand ils aspirent ton âme à travers ta bouche.
La tante Pétunia laissa échapper un petit cri.
– Son
Elle attrapa Dudley par les épaules et le secoua comme si elle espérait entendre son âme remuer en lui.
– Bien sûr qu’ils n’ont pas pris son âme, tu le saurais s’ils l’avaient fait, dit Harry, exaspéré.
– Alors tu t’es défendu, fils, c’est ça ? reprit l’oncle Vernon d’une voix sonore, en s’efforçant de ramener la conversation sur un plan qu’il pouvait comprendre. Tu leur as envoyé un bon vieux gauche-droite bien placé ?
– On ne peut pas envoyer à un Détraqueur
– Alors, pourquoi est-il entier ? s’exclama l’oncle Vernon. Pourquoi n’est-il pas tout vide à l’intérieur ?
– Parce que j’ai fait apparaître un Patronus.
WHOOSH ! Accompagné d’un bruissement d’ailes et d’un petit nuage de poussière, un quatrième hibou fit irruption dans le foyer de la cheminée.
– POUR L’AMOUR DU CIEL ! rugit l’oncle Vernon en arrachant des touffes de poils à sa moustache, ce qu’il n’avait pas fait depuis bien longtemps. JE NE VEUX PAS DE HIBOUX ICI, JE TE PRÉVIENS QUE JE NE LE TOLÉRERAI PAS !