Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– Nous nous demandons si nous devons aller plus loin, dirent les postillons.


– Il me semble, d’abord, que c’est à moi, non pas à vous, qu’il faudrait demander cela, reprit la voix. Allez!


Il y avait un accent de commandement si puissant et si réel dans cette voix, que les postillons obéirent et que la voiture commença de rouler sur la pente de la montagne.


– À la bonne heure! reprit la voix.


Et les rideaux de cuir, un instant entrouverts, retombèrent de nouveau entre les voyageurs et l’avant-train du cocher.


Mais la route, naturellement glaiseuse, humide et détrempée encore par les torrents de pluie qui tombaient du ciel, devint tout à coup si glissante, que les chevaux refusèrent d’avancer.


– Monsieur, dit le postillon qui montait le timonier, il est impossible d’aller plus loin.


– Pourquoi cela? demanda la voix que nous connaissons.


– Parce que les chevaux ne marchent plus: ils patinent.


– À combien sommes-nous du relais?


– Ah! celui-ci est long, monsieur; nous en sommes à quatre lieues.


– Eh bien! postillon, mets à tes chevaux des fers d’argent et ils marcheront, dit l’étranger en ouvrant le rideau et en lui tendant quatre écus de six livres.


– Vous êtes bien bon, dit le postillon en recevant les écus dans sa large main et en les glissant dans sa vaste botte.


– Monsieur te parle, il me semble? dit le second postillon, lequel ayant entendu le bruit argentin qu’avaient rendu en s’engloutissant les écus de six livres, désirait n’être point exclu d’une conversation qui prenait un si grand intérêt.


– Oui, il dit comme ça que nous marchions.


– Avez-vous quelque chose contre ce désir, mon ami? dit le voyageur d’une voix affectueuse mais ferme, et qui indiquait que, sur ce point, il ne souffrirait point de contradiction.


– Non, monsieur, ce n’est pas moi, ce sont les chevaux; voyez, ils refusent d’avancer.


– Et à quoi servent donc les éperons? dit le voyageur.


– Ah! je leur enfoncerais la molette dans le ventre, qu’ils ne feraient pas un pas de plus; je veux que le ciel m’extermine si…


Le postillon ne put achever ce blasphème: un coup de foudre effrayant par le bruit et la flamme lui coupa la parole.


– Ce n’est pas un temps chrétien, dit le brave homme. Eh! monsieur, voyez donc… voici la voiture qui marche toute seule maintenant; dans cinq minutes elle ira plus vite que nous ne voudrons. Jésus Dieu! voilà que nous roulons malgré nous!


En effet le lourd carrosse, pesant sur la croupe des chevaux, qui ne pouvaient plus le soutenir, faute de tenir pied, prit un mouvement de course progressive que la multiplication des pesanteurs changea bientôt en une impétueuse rotation.


Les chevaux s’emportèrent de douleur, et l’équipage vola comme une flèche sur la pente obscure, se rapprochant visiblement du précipice.


Ce ne fut plus seulement la voix, ce fut aussi la tête du voyageur qui sortit alors de la voiture.


– Maladroit! cria-t-il, tu vas nous tuer tous! À gauche les guides! à gauche, donc!


– Eh! monsieur, je voudrais bien vous y voir! répondit le postillon effaré en essayant inutilement de réunir ses rênes et de reprendre sur ses chevaux la supériorité qu’il avait perdue.


– Joseph! cria à son tour une voix de femme qui se faisait entendre pour la première fois; Joseph! au secours! au secours! Ah! sainte madone!


Effectivement le danger était urgent, terrible, suprême, et pouvait motiver cette invocation à la Mère de Dieu. La voiture, toujours entraînée par son poids et cessant d’être dirigée par une main sûre, continuait de s’avancer vers le précipice, sur lequel un des deux chevaux semblait déjà suspendu; trois tours de roues encore, et chevaux, voiture, postillons, tout était précipité, broyé, anéanti, lorsque le voyageur, s’élançant du cabriolet sur le timon, saisit le postillon par le collet de son habit et la ceinture de sa culotte, l’enleva comme il eût fait d’un enfant, le lança à dix pas, sauta en selle à sa place, réunit les guides, et, d’une voix terrible:


– À gauche! cria-t-il au second postillon; à gauche, drôle! ou je te brûle la cervelle!


L’ordre eut un effet magique; le postillon qui conduisait les deux chevaux de devant, poursuivi par le cri de son malheureux compagnon, fit un effort surhumain, et donnant l’impulsion à la voiture, la ramena, puissamment aidé par le voyageur, sur le milieu du pavé, où elle commença de rouler avec la rapidité et le bruit du tonnerre contre lequel elle semblait lutter.


– Au galop! cria le voyageur, au galop! Si tu faiblis, je te passe sur le corps, à toi et à tes chevaux.


Le postillon comprenait que ce n’était pas là une menace frivole, aussi redoubla-t-il d’énergie, et la voiture continua de descendre avec une vélocité effrayante; on eût dit, en la voyant passer dans la nuit avec son grondement terrible, sa cheminée flamboyante, ses cris étouffés, voir quelque char infernal traîné par des chevaux fantastiques et poursuivi par un ouragan.


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