Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome II полностью

– Gardons-le pour l’après-midi, s’il vous plaît, monsieur.

– Tout au moins, mangez les cerises, elles nous embarrasseraient.

– Comme cela je le veux bien; mais permettez que je porte votre boîte; vous marcherez plus à l’aise, et je crois, grâce à l’habitude, que mes jambes lasseraient les vôtres.

– Mais tenez, vous me portez bonheur; je crois voir là-bas le picris hieracioïdes, que je cherche inutilement depuis le matin; et, sous votre pied, prenez garde! le cerastium aquaticum. Attendez! Attendez! N’arrachez pas! Oh! vous n’êtes pas encore herboriste, mon jeune ami; l’une est trop humide en ce moment pour être cueillie; l’autre n’est point assez avancée. En repassant ce soir, à trois heures, nous arracherons le picris hieracioïdes et quant au cerastium, nous le prendrons dans huit jours. D’ailleurs, je veux le montrer sur pied à un savant de mes amis dont je compte solliciter pour vous la protection. Et maintenant, venez et conduisez-moi à cet endroit dont vous me parliez tout à l’heure, et où vous avez vu de beaux capillaires.

Gilbert marcha devant sa nouvelle connaissance; le vieillard le suivit, et tous deux disparurent dans la forêt.

<p id="_Toc103004987">Chapitre XLIV M. Jacques</p>

Gilbert, enchanté de cette bonne fortune qui, dans ses moments désespérés, lui faisait toujours trouver un soutien, Gilbert, disons-nous, marchait devant, se retournant de temps en temps vers l’homme étrange qui venait de le rendre si souple et si docile avec si peu de mots.

Il le conduisit ainsi vers ses mousses, qui étaient en effet de magnifiques capillaires. Puis, lorsque le vieillard en eut fait une collection, ils se mirent en quête de plantes nouvelles.

Gilbert était beaucoup plus avancé en botanique qu’il ne le croyait lui-même. Né au milieu des bois, il connaissait comme des amies d’enfance toutes les plantes des bois: seulement, il les connaissait sous leurs noms vulgaires. À mesure qu’il les désignait ainsi, son compagnon les lui indiquait, lui, sous leur nom scientifique, que Gilbert, en retrouvant une plante de la même famille, essayait de répéter. Deux ou trois fois il estropiait ce nom grec ou latin. Alors l’étranger le lui décomposait, lui montrait les rapports du sujet avec ces mots décomposés, et Gilbert apprenait ainsi non seulement le nom de la plante, mais encore la signification du mot grec ou latin dont Pline, Linné ou de Jussieu avaient baptisé cette plante.

De temps en temps il disait:

– Quel malheur, monsieur, que je ne puisse pas gagner mes six sous à faire ainsi de la botanique toute la journée avec vous! Je vous jure que je ne me reposerais pas un seul instant; et même il ne me faudrait pas six sous: un morceau de pain comme celui que vous aviez ce matin suffirait à mon appétit de toute la journée. Je viens de boire à une source de l’eau aussi bonne qu’à Taverney, et la nuit dernière, au pied de l’arbre où j’ai couché, j’ai bien mieux dormi que je ne l’eusse fait sous le toit d’un bon château.

L’étranger souriait.

– Mon ami, disait-il, l’hiver viendra; les plantes sécheront, la source sera glacée, le vent sifflera dans les arbres dépouillés, au lieu de cette douce brise qui agite si mollement les feuilles. Alors, il vous faudra un abri, des vêtements, du feu, et sur vos six sous par jour, vous n’auriez pu économiser une chambre, du bois et des habits.

Gilbert soupirait, cueillait de nouvelles plantes et faisait de nouvelles questions.

Ils coururent ainsi une bonne partie du jour dans les bois d’Aulnay, du Plessis-Piquet et de Clamart sous Meudon.

Gilbert, selon son habitude, s’était déjà mis avec son compagnon sur le pied de la familiarité. De son côté, le vieillard questionnait avec une admirable adresse; cependant Gilbert, défiant, circonspect, craintif, se révélait le moins possible.

À Châtillon, l’étranger acheta du pain et du lait dont il fit sans peine accepter la moitié à son compagnon; puis tous deux prirent le chemin de Paris, afin que Gilbert, de jour encore, pût entrer dans la ville.

Le cœur du jeune homme battait à cette seule idée d’être à Paris, et il ne chercha point à cacher son émotion, lorsque, des hauteurs de Vanves, il aperçut Sainte-Geneviève, les Invalides, Notre-Dame et cette mer immense de maisons dont les flots épars vont, comme une marée, battre les flancs de Montmartre, de Belleville et de Ménilmontant.

– Oh! Paris, Paris! murmura-t-il.

– Oui, Paris, un amas de maisons, un gouffre de maux, dit le vieillard. Sur chacune des pierres qu’il y a là-bas, vous verriez sourdre une larme ou rougir une goutte de sang, si les douleurs que ces murs renferment pouvaient apparaître au dehors.

Gilbert réprima son enthousiasme. D’ailleurs, son enthousiasme tomba bientôt de lui-même.

Ils entrèrent par la barrière d’Enfer. Le faubourg était sale et infect; des malades qu’on portait à l’hôpital passaient sur des civières; des enfants à demi nus jouaient dans la fange avec des chiens, des vaches et des porcs.

Le front de Gilbert se rembrunissait.

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