La faculté de philosophie de l’Université de Dorpat m’a chargé en ma qualité de chef de cette Académie de faire parvenir à V. M. I. l’examen de l’ouvrage intitulé «Versuch eines Entwurfs zu einer in Livland zu errichtenden Universität»1
, que Vous avez confié à ses lumières et à son intégrité. Cet instant qui me transporte en idée aux pieds de Votre auguste trône est, Sire, le plus beau de ma vie, sans en excepter même celui où j’eus le bonheur de Vous offrir de bouche l’hommage et les vœux de notre Académie. Cet examen contient la défense des droits sacrés de l’humanité qu’un savant allemand a osé méconnaître même en s’adressant à V. M. Non, Sire, Vous ne pouvez nous honorer davantage qu’en nous confiant cet examen. Toutes les grâces, toutes des distinctions dont le Monarque de la Russie pourrait combler notre institut naissant, ne peuvent balancer l’honneur que nous témoigne Alexandre en nous interrogeant sur les objets les plus importants à l’humanité. Nous avons taché de répondre à cette confiance en traitant les différents sujets de l’ouvrage allemand avec véracité et impartialité. Recevez, Sire, ce premier fruit de nos travaux extraordinaires avec cette bienveillance qui Vous a gagné le cœur de chacun de nous; recevez le non seulement comme l’effet de notre obéissance, mais comme la preuve la plus authentique que nous comptons sur Vos vertus. Qu’il devienne un lien nouveau entre V. M. et nous, un lien sublime inconnu jusqu’ici entre le Monarque et ses sujets! En Vous rapprochant ainsi de Vos sujets les plus fidèles Vous fondez, Sire, un nouveau Empire dont les limites dépasseront les bornes de la vaste Russie. Vous travaillez pour toute l’humanité, et Vous Vous trouverez un jour, sans conquêtes et sans ambition, à la tête du genre humain. Heureux Monarque! En Vous ralliant à l’humanité Vous avez trouvé le secret des grands rois. Jouissez Votre bonheur! Jouissez en longtemps, Sire, et daignez quelque fois Vous ressouvenir qu’à une extrémité de Vos États il est une petite société d’hommes qui applaudit avec un zèle sans bornes à Vos triomphes, qui ne cesse de faire pour Votre auguste personne les vœux les plus ardents et qui attend de la continuation de Votre bienveillance particulière son lustre et son activité.Interprète assurément trop faible de ces sentiments de mes confrères, oserais-je parler de mes sentiments particuliers pour V. M., de cet amour sans borne que Votre haut rang me défend peut-être, mais dont mon cœur ne peut se défendre?
Parrot,
Prorecteur2
3. Alexandre IER
à G. F. ParrotMonsieur le Prorecteur de l’université de Dorpat!
Le rapport, que Vous m’avez présenté au nom de la Faculté de Philosophie sur le travail, dont je l’ai chargée, est rempli d’idées aussi lumineuses, que bienfaisantes. C’est une grande satisfaction pour moi de voir cette Institution naissante se proposer, dès son origine, un but aussi noble, que celui d’influer sur le bien-être de la société par le sage emploi des lumières. Portez aux membres de l’Université l’expression de ma reconnaissance et recevez, comme son digne Chef, la part, qui Vous en est due.
Alexandre
4. G. F. Parrot à Alexandre IER
[
Sire,
Permettez que je mette aux pieds de V. M. I. deux petits ouvrages d’occasion, trop peu dignes il est vrai de paraître publiquement sous auspices immédiats, mais qui peut-être Vous intéresseront, Sire, par quelque côté. Mon discours à l’avènement au Prorectorat est une esquisse fidèle de nos principes vis-à-vis du public et de nos étudiants2
. L’autre ouvrage est une dissertation (pro loco) que je défendrai aujourd’hui publiquement3. L’académie a cru ne pouvoir mieux célébrer ce jour qui nous est si précieux que par un acte qui atteste en public que nous tâchons de nous rendre dignes de la haute bienveillance dont V. M. I. nous honorer.Je désirerais infiniment que V. M. trouvât un intérêt particulier en dernier article de ma dissertation, article qui a les chemises de laine par objet. Permettez, Sire, que je Vous en offre une traduction. J’ai appris il y a quelques mois par le Comte de Mannteuffel que Vous portez habituellement [