J'ai rêvé de quatre cierges en d'antiques candélabres.Pour les couler, les abeilles dorées bourdonnèrent au printemps,Elles volaient en été, attouchant tout l'épanouissement des vallées,Et célaient dans la ruche, avec le miel, la cire décorée.Les hauts cierges étaient de diverses couleurs:L'azur, le vermeil, et le jaune et le blanc, telles étaient leurs couleurs.Le cierge bleu éclairait le Mai avec l'Été,Et pour le haut Soleil luisait la pourpre ardeur!…Or, durant que je dormais, des araignées tissèrent leurs toiles,Et dans ses fumées lentes s'alluma le cierge jaune.Des nuages muets glissaient aux cieux, comme des glaçons,Et des rayons la caresse n'était pas chaude au visage.Et quand, encore, se fut éteint celui-ci, sur la cire blanc-neigeuseNaquit la quatrième flamme, le feu dernier.Et il me vint que, quelque part, l'on ajustait des planches de sapin, —Et blanc, tout blanc! apparut le Coursier annoncé…
Traduit par Alexandra de Holstein et René Ghil
Бег минут/La course des minutes
Ты видал, у Моря серого, как метелятся пески?Ты бродил, тоской истерзанный, в темном лесе, вдоль реки?Ты внимал, овеян вьюгами, ветра призрачный рассказ?Ты считал шуршанья шорохов, бег минут в полночный час?Ты слыхал, как вихри носятся, завывая сквозь трубу?Ты узнал, как сердце просится прочь бежать, сломив судьбу?Ты узнал души рыдание без слезы сомкнутых глаз?Ты узнал ли все страдание ведать мысль в последний раз?
Vis-tu, pres d'une Mer grise, tourbillonner les sables?As-tu rôdé, par l'angoisse meurtri, sous une forêt sourde, le long d'une rivière?Et écouté, environné du souffle des tourmentes, le poème fantomal du vent?…As-tu compté les bruits des bruissements, la course des minutes à l'heure de minuit?Entendis-tu les vents en transport hurler à travers la cheminée?As-tu appris comme le cœur demande à s'enfuir, en ébranlant la destinée?As-tu appris le sanglot de l'âme, les yeux clos, sans une larme?As-tu appris toute la torture de connaître la pensée, pour une dernière fois!