Dans l'aveugle, la grise opacité, il n'est que l'immensité sans normes, sans mesures,Sans corrélations, — un désert de jours non repérés,Une pente illimitée, l'incertitude des songes errants:Manque de voies, même de celles qui mènent au Péché!Il n'est point de ligne droite, n'importe où l'œil s'égare,Pas d'arc de l'arc-en-ciel en la division de ses couleurs.Rien que l'espace, ouvert et un,Et au long, et au large, — un courant sans rivages.Est-ce un courant? Est-ce la mer? Qui, nettement, le pourrait discerner?Chaque vague est une ombre, chaque visage n'est pas!D'unité stable, point! Et l'ouïe s'efforce en vain, de distinguerNe serait-ce qu'une allusion dans le glouglou des bulles qui crèvent!L'émeute gronde sans but, sans loi.Tout fond! Où naviguer? Ou en avant? Ou en arrière?Oh! si seulement, distinctement, s'élevait la barque de Caron!..Pas de nocher, pas même pour le sûr Enfer…
Traduit par Alexandra de Holstein et René Ghil
За гаем зеленым/Derrière le vert bocage
За гаем зеленым, По срывам и склонам,Певуче вела ты, тоска. Но видно, что дважды Для жалящей жаждыНе дышит прохладой река. Здесь некогда юным Я был Гамаюном,В свирельности ласковых слов. Но юность — лишь эхо Далекого смеха,Лишь отзвук далеких шагов. Зеленого гая Листва молодаяРоняет с зарею росу. И юность — лишь лодка, Уплывшая ходко,Ведя по воде полосу. За гаем зеленым, Со смехом и звоном,Промчались в ночи бубенцы. Горячая тройка Уносится бойкоВо все мировые концы.
Derrière le vert bocage, Par monts et vallonsChantante, tristesse! tu me menais. Mais l'on doit croire que, deux fois, Pour la soif mordanteLa rivière n'exhale pas sa fraîcheur. Jadis ici, un puéril Turbulent j'étais,Dans la caresse des mots flutés… Mais la Jeunesse n'est qu'écho D'un rire lointain,N'est que résonnance de pas qui s'éloignent! Du vert bocage Le nouveau feuillageLaisse tomber à l'aurore, la rosée. Et la Jeunesse n'est qu'une barque Qui partit prestementEn traçant dans l'eau, une raie. Derrière le vert bocage, Avec rire et tintementS'envolèrent, durant la nuit, les clochetantes clochettes… La troïka ardente S'emporte gaiementDans tous les bouts du très vaste monde!…