Un jour, ou plutôt une nuit, Nabuchodonosor eut un songe, dont il fut tellement troublé qu’il ne put se le rappeler à son réveil. Il manda devant lui tous ses mages chaldéens et les mit en demeure: 1° de lui dire ce qu’il avait rêvé, et 2° de lui en donner l’explication. Ceux-ci répondirent que la première partie de ce problème était insoluble; mais que, si le roi parvenait à se rappeler le songe, l’expliquer serait pour eux la chose la plus aisée du monde. Nabuchodonosor répliqua en condamnant tous les mages à mort. L’exécution était en train et les quatre jeunes hébreux allaient y passer aussi, quoique n’ayant pas été appelés à la consultation royale, lorsque Daniel déclara qu’il se chargeait de rappeler à Nabuchodonosor son rêve et de lui en donner une interprétation exacte. Il remémora donc au roi qu’il avait vu une grande statue dont la tête était en or, la poitrine et les bras en argent, le ventre et les hanches en airain, les jambes en fer et les pieds partie en fer et partie en argile; et voilà qu’une petite pierre, se détachant d’une montagne voisine, vint frapper la statue dans ses pieds et les brisa, de sorte que toute la statue s’effondra, tandis que la petite pierre devint une grande montagne qui remplit toute la terre. Quant à l’explication, Daniel la donna ainsi: la tête d’or, c’est Nabuchodonosor en personne; et après Nabuchodonosor, il s’élèvera un royaume d’argent, c’est-à-dire moindre; puis, un troisième royaume d’airain, qui dominera le monde; et en quatrième lieu, il y aura un autre immense royaume, moitié fer et moitié argile, c’est-à-dire moitié fort et moitié faible; c’est alors que Dieu suscitera un cinquième royaume qui brisera et consumera tous les autres et sera établi éternellement. Nabuchodonosor, épaté de tant de science, se prosterna devant le jeune Daniel, lui fit de grands présents et le nomma gouverneur de la province de Babylone; du moins, c’est la Bible qui le dit (ch. 2), car les archéologues n’ont jamais rien découvert de semblable dans les inscriptions assyriennes.
Quelque temps après, Nabuchodonosor fit dresser en pleine campagne, à Dura, dans la province de Babylone, une statue toute en or, haute de soixante coudées et large de six, et réunit, pour le jour de l’inauguration, tous les satrapes, magistrats, officiers, intendants, percepteurs, conseillers, gouverneurs des provinces, etc. A quelque distance de la statue, on avait construit un immense four, tout flambant. Alors, un héraut annonça, de la part du roi, que quiconque ne se prosternerait pas devant la statue d’or serait jeté dans la fournaise. Sidrach, Misach et Abdénago n’ayant pas voulu se prosterner, Nabuchodonosor entra dans une grande colère, ordonna qu’on remplît la fournaise de sept fois plus de combustible qu’à l’ordinaire, et y fit jeter les trois jeunes Hébreux. Or, le four flambait si fort, que les hommes qui y précipitèrent les victimes furent eux-mêmes brûlés vifs rien qu’en s’approchant du feu. Et Nabuchodonosor fut au comble de la surprise en voyant quatre hommes se promener tout tranquillement dans la fournaise, sans être le moins du monde incommodés par les flammes; l’un de ces quatre hommes était semblable à un fils de Dieu. Nabuchodonosor invita alors Sidrach, Misach et Abdénago à sortir de la fournaise; ce qu’ils firent. Tous les satrapes, magistrats, gouverneurs, conseillers, etc., et le roi lui-même étaient émerveillés en considérant ces hommes-là
Le chapitre 4 est un chef-d’œuvre de bêtise. Les prêtres racontent que Nabuchodonosor fut changé en bête pendant sept années de sa vie; mais c’est dans la Bible qu’il faut lire cet épisode! Dans son livre, Daniel passe la plume au roi d’Assyrie, et c’est Nabuchodonosor lui-même qui raconte ce qui lui est arrivé.
«Moi, Nabuchodonosor, roi des Assyriens, je m’adresse à tous les peuples et aux nations de toutes les langues qui habitent dans toute la terre; que la paix soit avec tous! Il m’a semblé bon de vous faire connaître les signes et les merveilles que le Dieu souverain a faits envers moi.» (4:1-2)