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Enfin, comme il est indiscutable que la prise de Babylone qui a mis fin à l’empire chaldéo-babylonien (dynastie de Nabopolassar, famille de Nabuchodonosor) est celle de 538, c’est-à-dire la prise de Babylone par Cyrus, d’autres théologiens supposent que Darius, commandant les armées de Cyrus, dont il était le gendre, prit possession du royaume au nom de son beau-père, et disent que cela est sous-entendu dans le verset 31 du chapitre 5 cité plus haut. Ils ajoutent, toujours par hypothèse, qu’évidemment Cyrus demeura le haut souverain de tout le nouvel empire persan, mais qu’il dut déléguer des pouvoirs spéciaux à son gendre Darius, en l’établissant particulièrement roi sur la Chaldée, c’est-à-dire sur les états de Balthazar, dont Babylone était la capitale. Ils prétendent justifier cette supposition, en la basant sur le verset 28 du chapitre 6 et sur le verset 1 du chapitre 9. Ces versets sont ainsi conçus: «Daniel prospéra sous le règne de Darius et sous le règne de Cyrus, roi de Perse (6:28). Darius, fils d’Assuérus, de la race des Mèdes, avait été établi roi sur le royaume des Chaldéens (9:1) Ainsi, disent-ils, le récit de Daniel se concilierait avec l’histoire.

On comprend que les prêtres, qui proclament Daniel un des plus grands prophètes à qui Dieu se soit révélé, tiennent tant à le justifier de toute vantardise menteuse; il est évident que, si cet écrivain juif a menti en racontant des événements passés dont il aurait été le témoin et l’un des principaux acteurs, il n’y a aucune confiance à avoir, à plus forte raison, dans les annonces qu’il fait d’événements futurs: or, comme ces prophéties, visant le Messie et son Eglise, sont de la plus grande importance pour le christianisme qui se déclare la religion ainsi annoncée, il ne faut, à aucun prix, que Daniel soit pris en flagrant délit d’imposture. Voilà pourquoi les prêtres se donnent un mal de tous les diables à vouloir prouver que, le dernier jour du règne d’un Balthazar quelconque, fils de Nabuchodonosor, Babylone fut prise par Darius de Médie, agissant pour le compte de Cyrus et investi tout aussitôt de la royauté chaldéenne.

Mais c’est une fatalité: Daniel, hâbleur et bavard irréfléchi, croyait n’écrire que pour la basse classe du peuple juif, pour ses compatriotes ignorants, incapables de discuter avec les lévites un point d’histoire; ainsi ont été inventées ces légendes d’Holopherne, de Balthazar, et autres épisodes du même genre, très flatteurs pour l’amour-propre de ces pauvres Hébreux qui, en réalité, avaient été traités fort durement par leurs divers vainqueurs: avec ces blagues de l’héroïsme des Judith et de l’élévation des Daniel et des Esther, on chatouillait agréablement la fibre nationale, on donnait une fiche de consolation, après la captivité, aux vaincus enfin délivrés de la servitude, et l’on écrivait ces livres d’une fantaisie insensée, sans se douter qu’un jour tout cet échafaudage de mensonges s’écroulerait et montrerait la cynique mauvaise foi des prêtres de tout temps.

En effet, la dernière argumentation des théologiens, pour sauver leur Daniel de l’accusation d’imposture en ce qui concerne Darius et Cyrus, n’est pas plus solide que leurs autres hypothèses. Darius n’était pas fils de roi, mais fils d’un seigneur persan, nommé Hystape; il n’était donc pas fils d’Assuérus, et Assuérus est encore un roi imaginaire inventé par la Bible, un soi-disant roi de Perse et de Médie qui aurait épousé la juive Esther. Darius n’était pas de la race des Mèdes; bien au contraire, à la mort de Cyrus, qui avait fait dominer l’influence perse dans le nouvel empire, les mages de Médie profitèrent de l’expédition de Cambyse en Egypte pour essayer de s’emparer du pouvoir, et ils y réussirent quelque temps en mettant sur le trône le faux Smerdis: or, ce fut précisément pour éliminer l’influence de la race mède que les seigneurs persans firent une révolution, massacrèrent les mages et leurs partisans, et donnèrent la couronne à Darius, fils d’Hystape, de sang perse. Enfin, Darius n’eut jamais une royauté particulière à Babylone: quand il reçut la couronne, ce fut pour régner comme successeur légitime de Cyrus et de Cambyse, ce fut pour être chef du grand empire persan, roi tout à la fois de la Perse proprement dite, de la Médie, de la Lydie, de la Chaldée, de la Bactriane et de l’Egypte.

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