Читаем La dame de Montsalvy полностью

— Si. Moi aussi, j'ai froid. Mais soyez tranquille, dame Catherine, nous saurons vous défendre. Désormais, nous dormirons ici Bérenger et moi, et, jusqu'à notre départ, nous veillerons à tour de rôle. Il ne faut plus nous séparer, ni nous éloigner des armes, ajouta- t-il en montrant le coffre dans lequel il les avait cachées sous une pile de nappes et de draps de réserve... Je dormirai là-dessus avec des coussins... quand je dormirai !

Catherine lui fit signe de se taire. La servante qui veillait aux repas venait d'entrer avec une nappe et des écuelles pour disposer le couvert du souper. C'était une fille d'une trentaine d'années qui semblait en état perpétuel de somnambulisme mais justement Catherine se méfiait de ses pesantes paupières toujours baissées, de cette démarche traînante, de ces gestes trop lents pour qu'ils ne soient pas un peu affectés.

Pour meubler le silence gênant qui s'installait, elle interpella Bérenger :

— Apportez-moi votre livre, Bérenger, et lisons ensemble quelques lignes tandis que Marieke mettra le couvert. Je veux voir si vous avez bien compris ce que je vous ai dit hier...

Et la voix du jeune garçon emplit la chambre.

La nuit se passa sans incidents autres qu'un incendie, du côté de l'église Notre-Dame qui, vers le matin, agita le quartier mais le jour qui suivit fut curieusement calme. Aucun autre bruit que le carillon du beffroi et le tintement des cloches des églises. Bérenger, pour sa part, guetta en vain la barque.

— Ce sera donc pour demain, soupira-t-il, mais il n'ajouta pas le fond de sa pensée : « Il faut que ce soit pour demain... » Sans trop savoir pourquoi son esprit lui soufflait cela. Peut-être parce que, justement, cette ville trop tranquille l'inquiétait. Cela ressemblait à ces grands calmes qui précèdent les tempêtes...

— On dirait que la ville retient son souffle ! traduisit Gauthier qui pensait justement la même chose. J'espère seulement qu'ensuite elle ne nous soufflera pas le feu au visage !

Elle le retint encore toute la nuit qui fut peut-être la plus tranquille vécue par les trois prisonniers mais, au matin du 18 comme l'avaient pressenti les deux garçons, ce fut l'explosion.

Le soleil était à peine levé, que la tour penchée du beffroi déversait sur la ville un tocsin enragé, à l'appel duquel portes et fenêtres s'ouvrirent avec fracas. Surgis de nulle part en apparence, des cortèges de furieux appartenant à tous les métiers envahirent les rues de terre ferme, brandissant des armes ou bien leurs outils de travail quand ils pouvaient en tenir lieu et scandant le vieux cri de révolte de Bruges :

Go, go ! Wy zyn al verraden 1.

Une de ces bandes venait de passer sur le pont, allait vers la Grand-Place et traînait au milieu de son flot tumultueux un homme échevelé, portant la robe d'échevin qui criait et suppliait qu'on voulût bien l'épargner. C'était un homme de petite taille, de mine souffreteuse et d'un âge déjà avancé. La vue de cette faiblesse livrée à la révoltante brutalité d'une bande d'énergumènes serra le cœur de Catherine et des deux garçons qui regardaient, derrière l'une des fenêtres. La jeune femme se signa comme devant un mort car très certainement, la vie de l'échevin n'allait plus durer bien longtemps.

— Ils suivent l'exemple de Gand, soupira-t-elle. J'étais étonnée aussi qu'il ne se passât rien ici... Dieu ait pitié de ce pauvre homme et fasse que son agonie ne soit pas trop longue...

La voix de Bérenger, chuchotante mais vibrante de joie, coupa court à son souhait.

— Regardez ! La barque ! Elle arrive !...

En effet, apparemment indifférent à l'agitation ambiante, un pêcheur était en train d'arrimer au petit quai d'en face un bateau plat dans lequel il était facile d'apercevoir une foëne et un grand filet posés au fond. Vêtu de grosse toile bise, un bonnet de laine bleue enfoncé jusqu'aux sourcils, cet homme, grand et mince avait une barbiche et de fortes moustaches blondes... mais c'était tout de même Saint-Rémy sous un nouvel avatar.

Avec une habileté et une précision dont Catherine eût bien cru incapable l'élégant Toison d'Or, il rangea sa barque entre deux autres, l'amarra soigneusement puis s'assit comme s'il réfléchissait à quelque chose ou s'il attendait quelqu'un. Au bout d'un moment, toujours comme un homme perdu dans ses pensées, il quitta la barque, grimpa sur le quai et,

1 Allons, allons, nous sommes tous trahis !

comme une nouvelle bande hurlante y débouchait justement, s'y joignit le plus naturellement du monde...

— Il est fou ! soupira Catherine. Si quelqu'un venait à le reconnaître, rien, aujourd'hui, ne pourrait le sauver.

— Disons qu'il est brave, corrigea Gauthier. D'ailleurs, vous-même, dame Catherine, ne l'avez pas reconnu l'autre jour.

— En tout cas, conclut Bérenger dont les yeux bruns étincelaient de joie, cette nuit nous quittons notre prison...

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