Читаем La dame de Montsalvy полностью

Cette nuit-là, avant de laisser le sommeil le premier bon sommeil depuis des semaines - l'emporter, Catherine se surprit à tirer sur l'avenir de nouveaux plans. Elle ne voulait pas que fût dépensée en pure perte cette miséricorde divine qui se donnait tant de peine pour l'obliger à vivre. Lorsqu'elle quitterait enfin Bruges, elle retournerait à Dijon, auprès de l'oncle Mathieu et de Bertille pour y mettre au monde l'enfant détesté. Le vieux couple, très certainement, accepterait de s'en charger et de lui bâtir un avenir car même s'il lui faisait horreur, même si elle se jurait de ne jamais le regarder en face une seule fois, même si les coups qu'il donnait déjà dans son ventre la faisaient frissonner de dégoût, elle ne pouvait se résoudre à abandonner à la misère et à la mort un être issu de sa propre chair...

Les jours qui suivirent parurent interminables et chargés d'inquiétude.

En dépit de la volonté que déployait Catherine à reprendre assez de forces pour affronter l'épreuve de son évasion nocturne, elle n'y parvenait qu'au prix de grandes difficultés et encore sans réussir complètement. Elle s'obligeait à manger mais il lui fallait vaincre des dégoûts et ce qu'elle réussissait à avaler lui profitait mal. Pourtant elle avait tout de même retrouvé de l'énergie, assez pour se déplacer dans la maison et pour descendre faire quelques pas au jardin. Gertrude Van de Walle avait obtenu pour elle cette menue faveur.

Ce n'était pas une promenade bien agréable car l'inondation, en se retirant, avait laissé une boue épaisse qui ne semblait pas destinée à sécher un jour. En outre, il y avait toujours trois ou quatre paires d'yeux braqués sur la jeune femme lorsqu'elle allait regarder l'eau couler sous les branches reverdies du saule.

On n'avait plus eu aucune nouvelle de Saint-Rémy mais c'était sans grande importance car « frère Jean » ne devait pas revenir. Il avait été convenu que, le jour où tout serait prêt, un bateau, dans lequel un pêcheur distrait oublierait une foëne et un filet, serait attaché de l'autre côté du canal. Cela voudrait dire que, vers onze heures, ledit bateau se placerait sous la maison voisine de celle de Catherine, la maison que les fugitifs devraient gagner par le toit.

Cette maison appartenait à la mère d'un des échevins, vieille femme avare et acariâtre qui ne supportait qu'un minimum de domestiques et vivait presque seule dans une grande bâtisse que l'idée de surveiller ne serait venue à personne.

Sa maison formait l'angle de deux canaux. Il suffirait donc d'en tourner l'angle, de passer sur l'autre face pour se trouver hors de vue du petit poste de garde qu'en surcroît de précautions, les geôliers de Catherine avaient installé, avec une tente, de l'autre côté du canal, sous les arbres du petit quai. Les trois fugitifs devraient donc se tenir sur le chéneau, heureusement assez large et qui sur la face plate de la maison voisine se continuait pas une corniche. Evidemment, il y aurait un passage difficile lorsqu'il s'agirait de franchir l'angle du toit.

Une fois à l'abri des regards on ferait descendre dans la barque une ficelle assez forte à l'extrémité de laquelle on aurait noué un mouchoir blanc afin que Saint-Rémy pût l'apercevoir.

A cette ficelle, il attacherait une échelle de corde qu'il serait facile de fixer à une étroite fenêtre abritée sous l'angle du toit, après quoi Catherine, aidée par ses jeunes compagnons, n'aurait plus qu'à descendre dans le bateau et à rejoindre sans autre difficulté du moins il fallait l'espérer l'abri du couvent des Augustins où on la cacherait.

La date de l'évasion avait été fixée au 18 grand maximum car l'atmosphère de la ville ne plaisait pas à Saint-Rémy qui n'excluait pas la possibilité d'être obligé d'aller plus vite. Auquel cas il faudrait s'arranger comme on le pourrait de l'état de Catherine.

Quoi qu'il en soit, dès le 12, Bérenger brûlant d'impatience s'installait dans l'embrasure de l'une des fenêtres de la grande salle, en compagnie d'un livre destiné à lui servir d'alibi. Mais son regard ne quittait guère la rive d'en face, cherchant à découvrir le premier la barque et le pêcheur distrait.

En dépit de ses soucis, la soudaine assiduité du page pour l'étude amusait Gauthier.

— Qu'est-ce que tu lis donc avec tant d'attention ? lui demanda-t-il un soir.

La Chanson de Roland ! C'est une bien belle histoire... répondit distraitement Bérenger l'œil sur le canal.

Gauthier se pencha puis se mit à rire.

— Je connais ! Mais crois-moi, c'est encore bien plus beau quand on la lit à l'endroit !...

Le page regarda son livre, rougit, haussa les épaules, le retourna...

et recommença à regarder au-dehors.

— Il est déjà tard, soupira Gauthier. Ce ne sera pas pour ce soir.

En effet, trois jours passèrent ainsi, sans amener aucun signe nouveau.

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