Читаем La dame de Montsalvy полностью

Pendant ce temps, Sara préparait un repas. Heureusement le château était bien approvisionné et les soudards d'Arnaud n'avaient pas tout dévoré. Il y avait du seigle et du blé, du lard et des jambons dans le saloir. Un saut au poulailler apprit à la zingara que la catastrophe n'empêchait nullement les poules de pondre. Elle les en récompensa en se hâtant de les nourrir. Josse de son côté continuait à brûler les morts, entretenant dans la cour un feu d'enfer dont les fumées épaisses, noires et nauséabondes obscurcissaient le ciel. À

Catherine revenaient les soins de son malade et, durant des heures, elle dut recommencer à le laver, à l'abreuver, à le changer. Le mal lui semblait empirer d'instant en instant.

Quand la nuit vint, les trois compagnons étaient épuisés de fatigue et Arnaud allait plus mal. Sa langue enflée emplissait toute sa bouche, ses yeux étaient jaunes et sa peau sèche et brûlante. Néanmoins il fallait le tenir aussi au chaud que possible et Catherine n'arrêtait pas de remonter les couvertures autour de lui, d'enduire ses lèvres craquelées avec de la pommade et d'essayer de le nourrir avec du bouillon et des œufs battus dedans comme le lui indiquait Sara. Mais le bubon de l'aine gonflait de plus en plus et atteignait à présent la grosseur d'un œuf. Sara montra à Catherine comment confectionner un cataplasme avec de la moutarde, de la farine, du miel et du vinaigre qu'il fallait appliquer sur la grosseur.

— Sa seule chance de survie c'est que ce bubon mûrisse vite et crève. Alors, peut-être, on pourra le sauver...

Mais Catherine ne croyait pas que ce fût encore possible.

— Il va mourir, balbutia-t-elle à travers les larmes qu'elle ne pouvait plus arrêter, je sais qu'il va mourir...

— S'il doit te faire souffrir encore, cela vaudra sûrement mieux !

gronda Sara. Il ne mérite pas le mal que tu te donnes, le danger que tu cours, que nous courons tous... En attendant, tu vas t'étendre sur un matelas et tu vas dormir.

— Non. Je veux le veiller. Il faut s'en occuper continuellement.

— « Je » vais veiller, tout au moins les premières heures. Ensuite ce sera Josse, puis toi. Je te promets de te réveiller si... si quelque chose se passait...

En fait personne ne dormit vraiment cette nuit-là, sinon par à-coups.

La souffrance rendait le malade à peu près fou et sans cesse il fallait le remettre dans son lit, le faire boire, le nettoyer. En outre, la chaleur nocturne aggravée par le bûcher de la cour et par le feu qu'il fallait bien entretenir dans la cheminée était insupportable. Pour avoir un peu de fraîcheur, Catherine, traînant un matelas au-dehors le plus loin possible du brasier, réussit à y dormir deux heures. Josse sommeilla auprès d'un de ses feux car, pour en finir plus vite, il en avait allumé un autre dans la vaste cheminée de la salle des gardes. Là aussi des corps brûlaient. Heureusement le bois et les broussailles très secs ne manquaient pas et peu à peu les morts vénéneux se fondaient en inoffensives cendres.

Quand le jour revint, Catherine, titubante de fatigue, quitta son matelas et alla aider Sara à soigner Arnaud. Le malade était calme à présent, mais d'un calme plus inquiétant encore que son agitation de la nuit. Ses yeux dont le blanc était devenu jaune étaient profondément enfoncés sous l'orbite et son corps demeurait inerte, comme s'il était déjà mort... Néanmoins il fut encore secoué de quelques violentes nausées et, cette fois, Catherine épouvantée vit du sang couler de sa bouche et de son nez. Le bubon, lui, sur lequel on ne cessait de renouveler les cataplasmes, grossissait toujours, distendant presque monstrueusement la peau qui semblait s'amincir à vue d'œil.

— Nous n'y arriverons pas ! sanglotait Catherine, nous n'y arriverons jamais ! Par moments, il ne respire plus ! Il faut faire quelque chose... il le faut.

Elle piquait une crise de nerfs que Sara combattit aussitôt à l'aide de quelques gifles et d'un seau d'eau.

— Tu vas te reposer ! ordonna-t-elle quand la jeune femme revint à elle. Sinon toi aussi tu vas tomber malade et je te jure que si cela t'arrive, j'achève immédiatement ton époux !...

Josse rentrait à ce moment-là. Dès qu'il avait fait jour, il avait escaladé le châtelet d'entrée et à l'aide de sa trompe avait fait sortir un moine du monastère.

— Allez dire au frère Anthime que nous sommes encore vivants, que messire Arnaud aussi est encore vivant et que je veux du lait, vous entendez ? Du lait ! Je vais descendre un seau avec une corde.

Un moment plus tard il avait ce qu'il avait demandé et à présent il revenait avec son butin, heureux de cette petite victoire, en dépit de son visage ravagé de fatigue et de ses habits roussis d'un peu partout.

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