Читаем La dame de Montsalvy полностью

Entre Luxembourg et Lille, le peintre-ambassadeur avait eu largement le temps de leur brosser un tableau de la situation flamande, un tableau aux couleurs déprimantes.

Après le traité d'Arras qui avait, dix-huit mois plus tôt, ratifié la paix entre la France et la Bourgogne, les Anglais se considérant comme trahis par leur allié bourguignon, s'étaient livrés à toutes sortes de vexations, concernant surtout les trafics maritimes et le commerce des riches cités lainières de Flandre. Leurs troupes avaient en outre ravagé quelques bourgades et si cruellement que le duc Philippe, poussé par Gand et Bruges, avait décidé de mettre le siège devant Calais.

Or, ce siège de Calais avait été un désastre. Ayant plus d'orgueil que de vertus militaires, les riches bourgeois de Gand et de Bruges, voyant que la flotte bourguignonne n'arrivait pas, avaient décidé purement et simplement de s'en aller en dépit des supplications du duc Philippe qui venait tout juste d'accepter un défi en champ clos du duc de Gloucester. La rage au cœur, Philippe avait dû plier bagages sans attendre son adversaire.

À la suite de cela, l'amiral bourguignon Jean de Hornes avait laissé, par pure couardise, les vaisseaux anglais ravager la côte entre Nieuport et le Zwyn, emportant un butin appréciable. L'amiral avait été assassiné mais le port de l'Écluse 1 dont dépendait la plus grande partie du commerce de Bruges s'était refermé comme une huître, chassant les marchands brugeois et se déclarant indépendant.

1 Sluis.

Or, depuis sa fondation l'Écluse était vassale de Bruges qui exerçait sur elle une pleine et entière souveraineté.

Enfin, depuis bien longtemps, les trois grandes cités flamandes : Gand, Bruges et Ypres qui avaient vécu dans une princière indépendance grâce à leur richesse et à leur puissance1 formaient entre elles une sorte de fédération à laquelle le duc Philippe prétendait à présent imposer un quatrième membre : le Franc, autrement dit l'ensemble des communes et villages à vocation agricole ou tisserande qui composaient l'environnement de Bruges et Gand y compris bien entendu l'Écluse. C'était réduire encore les anciens privilèges et la révolte avait grondé dans Bruges où, durant l'été, les puissantes corporations avaient planté leurs bannières sur la place du Marché du Vendredi en signe de mécontentement, réclamé hautement la confirmation de leurs anciens privilèges sur l'Écluse et le Franc.

Cela n'avait rien arrangé, tant s'en faut. Depuis le malheureux siège de Calais, les griefs s'amoncelaient dans l'esprit du duc Philippe (ses espions n'allaient-ils pas jusqu'à prétendre que l'Angleterre payait Bruges et Gand pour y entretenir la rébellion ?) et il se refusait farouchement à confirmer les anciens privilèges. Il menait un jeu subtil et ondoyant, en atermoyant, en gagnant du temps... en préparant peut-être ses forces pour mieux attaquer.

Un véritable dialogue de sourds avait suivi qui n'avait rien arrangé et ne faisait au contraire qu'envenimer les choses.

On en était là et c'est dans cette atmosphère troublée, incertaine et dangereuse que Catherine arrivait pour chercher la solution de ses propres problèmes.

1 Au point qu'un siècle plus tard, l'empereur Charles Quint devait considérer comme le plus important et le plus flatteur de ses titres celui de Bourgeois de Gand.

Mais ces problèmes lui semblaient justement d'une telle importance qu'elle ne s'appesantit pas outre mesure sur les malheurs de cette ville qu'elle aimait pourtant, sinon pour les regretter et souhaiter que tout redevînt bientôt comme par le passé.

Bruges était sortie entièrement de sa vie d'autrefois et, dans cette auberge qui avait entendu ses rires insouciants de jeune fille, elle ne se sentait qu'à peine différente des voyageurs hollandais, écossais ou italiens qui s'y pressaient. Elle s'était d'ailleurs soigneusement gardée de se faire reconnaître ou de donner un nom qui pût réveiller les mémoires.

Sur le conseil de Jean Van Eyck, elle s'était annoncée sous le nom d'une certaine dame Berneberghe, d'Armentières, venue à Bruges pour y faire pèlerinage au Saint-Sang et en obtenir la guérison d'une maladie. Naturellement, son aspect extérieur allait de pair avec le personnage qu'elle prétendait incarner sous une coiffe dont les bavolets compliqués ombrageaient ses traits, la guimpe sévère qui enveloppait ses épaules et son cou ne laissait passer qu'une partie du visage, le linge blanc s'arrêtant sous la lèvre inférieure et au ras des sourcils. Pas un de ses cheveux d'or n'était visible et pas davantage les formes charmantes de son corps sous une robe de drap gris fer taillée à l'allemande qu'elle avait trouvée chez un fripier de Courtrai.

À Bérenger qui s'indignait de voir ainsi accoutrée son élégante maîtresse, Catherine s'était contentée de dire :

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