Читаем La dame de Montsalvy полностью

Mais ce n'était pas le Duc. C'étaient, chevauchant botte à botte sur de superbes chevaux normands, le connétable de Richemont et le roi René qui armés d'épieux sertis d'or massif s'en allaient courre le sanglier. Néanmoins le soupir de soulagement de Catherine ne dura qu'un très court instant et elle ne put s'empêcher de jurer entre ses dents. Le regard froid du prince breton accoutumé à surveiller continuellement ses entours venait de s'arrêter sur son visage, attiré sans doute par l'élégance inattendue de cette femme vêtue de velours et de renard noir.

Epouvantée, Catherine vit la froideur se changer en surprise et en intérêt. Le Connétable de France esquissait déjà un sourire et elle comprit qu'il l'avait reconnue. Alors, délibérément, elle détourna la tête, baissant autant qu'elle le pouvait son capuchon sur son visage.

— Mais... fit Gauthier stupéfait, pourquoi ne voulez-vous pas le voir, dame Catherine ? C'est messire de Richemont ! C'est votre ami.

— Peut-être ! mais je n'ai pas envie de le voir ! Pour l'amour du Ciel, Gauthier, quittez cet air idiot !... Le Connétable de France est bien la dernière personne que j'aie envie de rencontrer en pays bourguignon et vous devriez le comprendre.

— J'ai peur en ce cas qu'il ne vous ait reconnue...

— Moi aussi ! Mais peut-être, croyant à une ressemblance, n'attachera-t-il guère d'importance à cette rencontre.

Il ne manquerait plus, en effet, qu'Arthur de Riche- mont la crût passée à l'ennemi !...

Quand elle osa relever la tête la cavalcade était passée et s'éloignait vers l'est tandis que l'embouteillage des carrioles envahissait de nouveau le chemin...

La vue de Bruges sous son ciel d'hiver arracha un cri d'admiration à Bérenger et un long sifflement au froid Gauthier. Surgie de la plaine blanche moirée de longs canaux glauques, elle paraissait immense mais trouvait moyen de ne pas faire étalage de sa puissance en parant de grâce jusqu'à ses remparts.

Bâtie sur l'eau de la Reie comme Venise, sa rivale méditerranéenne, sur sa lagune, la reine des Flandres dressait vers des cieux sans cesse changeants ses dentelles de pierre blonde qui semblaient enfermer dans leur épaisseur ce soleil qui leur faisait si souvent défaut. Et, sous la gigantesque flèche légèrement penchée du beffroi où les veilleurs se trouvaient si haut qu'ils se croyaient à mi-chemin de Dieu, ce n'étaient que pignons dorés ponctuant fastueusement le moutonnement des tuiles roses qui, peu à peu, remplaçaient le chaume et le bois.

Ainsi le voulait le Duc, fier de sa belle cité et désireux de préserver ses merveilles des incendies continuels. Il n'était jusqu'à sa ceinture de défense qui, posée sur l'eau profonde, ne se parât d'une broderie de saules, de buissons et de lierre. Défendue par ses canaux et ses lacs, Bruges avait à peine besoin de ses murailles...

L'image était belle, pure, nette comme une enluminure précieuse.

Et brusquement tout se brouilla. Le vent se leva en hurlant et charriant dans ses tourbillons la neige encore fraîche, bouleversant la belle image comme dans ces boules de verre avec lesquelles jouent les enfants. Et les voyageurs se hâtèrent vers la porte de Courtrai, avides d'un abri et de la chaleur d'un coin de feu.

L'auberge de la Ronce-Couronnée, dans la Wollestraat, l'active rue aux Laines, leur offrit tout cela avec en outre pour Catherine le parfum des souvenirs d'antan. Rien n'y avait changé en apparence.

C'était toujours la même impeccable propreté, les mêmes rutilances de cuivres et d'étains briqués à grand renfort de son et d'huile de coude, les mêmes effluves gourmandes montant des vastes cheminées, et le ventre de maître Cornélis, le propriétaire, était peut-être plus rebondi encore que par le passé, même si son haut bonnet blanc laissait passer plus de mèches grises que de mèches blondes... même si un gros pli soucieux creusait à présent son front rose et sa bouche bien nourrie.

Ce pli, d'ailleurs, Catherine l'avait remarqué sur la plupart des visages qu'elle avait croisés sur son chemin et, tout de suite, elle avait senti que l'atmosphère de la ville n'était plus la même. L'énorme gaieté flamande, ses cris et son vacarme qui, naguère encore, retentissaient dans Bruges vingt-quatre heures sur vingt-quatre avaient fait place à des murmures, à des voix contenues, à des chuchotements. Dans la salle de la Ronce-Couronnée même, si les nez étaient toujours aussi rouges qui plongeaient dans la mousse des chopes de bière, les yeux, au-dessus, étaient froids et circonspects. On aurait dit que la ville entière retenait son souffle, comme si elle attendait quelque chose...

— Vous m'aviez dit, dame Catherine, que cette belle ville était aussi la plus joyeuse du monde ? reprocha Bérenger. J'en ai connu de plus gaies.

— Elle l'était et plus que je ne saurais dire. Mais les choses vont mal. Rappelez-vous ce que nous a raconté messire Van Eyck...

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