Читаем La dame de Montsalvy полностью

Isabelle se dirigeait vers la porte. Catherine s'enveloppa dans un grand manteau noir ourlé de renard puis embrassa du regard la chambre chaude encore de l'odeur d'amour, le lit ravagé, les reliefs du petit repas, les braises encore rouges de la cheminée et la chimère bleue dressée au-dessus.

— Une seule question encore, madame la duchesse.

Agacée, hautaine, Isabelle se retourna au seuil :

— Vous abusez ! Laquelle ?

— Vous n'aimez pas l'amour n'est-ce pas ?...

L'étroit et beau visage de la Portugaise blonde se colora d'une profonde rougeur. Un éclair de colère brilla dans ses yeux.

— Qu'appelez-vous amour ? Cet assouvissement des instincts les moins avouables ? Cette agitation dégradante où la dignité humaine disparaît ? Cet attouchement contraire à la chasteté, à l'ordre divin ?...

Non. Cette communion de deux sensibilités au plus secret d'elles-mêmes, cette folie délicieuse, qui s'achève en anéantissement bienheureux d'où l'on émerge pour délirer encore. Ce...

— Assez ! coupa Isabelle. Nous ne parlons pas le même langage et je n'ai que faire de vos sensations !...

— Peut-être. Mais en ce cas, ne vous étonnez pas qu'un homme cherche ailleurs ce que son épouse lui refuse !

— Je suis fille de roi, sœur de roi ! Je n'ai pas à me soucier de complaisances compatibles seulement avec l'état de ribaude !

Catherine s'enveloppa plus étroitement dans son manteau, baissa le capuchon sur son visage et soupira.

— Vous avez raison, madame la duchesse, nous ne parlons pas le même langage. Mais j'aurais cru qu'en Portugal où le soleil a tant de force et la terre tant de parfum, même une princesse pouvait aimer l'amour !...

Quelques instants plus tard Catherine s'échappait de la demeure ducale par une petite porte dérobée et se dirigeait vers la maison de Symonne. Le jour commençait à peine à poindre mais il se levait tard en cette saison hivernale et la ville où partout claquaient les volets des échoppes et des boutiques était déjà au travail. Il avait neigé un peu avant l'aube et une couche immaculée de neige épaisse recouvrait toutes choses cachant la boue et les immondices des ruisseaux, adoucissant les toits aigus des maisons. Catherine marchait vite, heureuse de se sentir tout à coup alerte et plus jeune. Ce matin aucune trace des affreuses nausées habituelles ! Et elle aurait pu penser que son état était redevenu normal, que sa grossesse n'était qu'un cauchemar dont l'amour de Philippe l'avait délivrée. Bien sûr il n'en était rien et à présent il fallait songer sérieusement à cette délivrance définitive qui barrait le cours de l'avenir.

Chez Symonne où seuls les serviteurs étaient éveillés mais où de toute évidence elle était attendue, elle demanda que l'on allât au palais prévenir messire Van Eyck car elle désirait lui parler de toute urgence.

On lui répondit qu'il n'y aurait pas si loin à aller et que le peintre avait accepté l'hospitalité des Morel et devait sommeiller encore.

— Eh bien, allez le prévenir ! ordonna-t-elle.

Elle n'eut pas longtemps à attendre. Quelques

secondes plus tard Van Eyck accourait, les cheveux en désordre, enveloppé à la hâte dans son manteau de voyage qui lui tenait lieu de robe de chambre, mais très éveillé.

— Par tous les saints du Paradis, où diable étiez- vous, Catherine ?

Nous nous le sommes demandé la plus grande partie de la nuit.

— Comme si vous ne le saviez pas ? Au palais bien sûr !

— J'en conviens mais où, au palais ? Nous étions morts de peur et nos craintes augmentaient avec les heures. Nous pensions à des choses affreuses.

— Lesquelles ?

— Allez savoir ! Vous étiez d'une telle humeur hier que je me demandais si vous n'aviez pas été jetée en prison. Quand nous avons su par dame Symonne que Monseigneur n'avait pas paru au banquet des Rois, qu'il avait abandonné ses hôtes sous un vague prétexte de malaise, quand il m'a été impossible, à moi, son valet de chambre, d'obtenir l'importante audience dont j'avais besoin, j'ai tout imaginé.

Le Duc, après une entrevue pénible, vous avait fait arrêter, incarcérer puis, furieux et malheureux il s'était enfermé, refusant la fête, remâchant sa colère et sa déception comme il lui arrive si souvent de le faire... Un instant, même, j'ai pensé que peut-être il vous avait tuée.

— Tout simplement ? Quelle imagination ! Il ne vous est pas venu à l'idée que j'aie pu passer la nuit avec lui ?

— Passer... la nuit avec le Duc ? Toute la nuit ?...

Toute la nuit ! Non, Jean, ne prenez pas cette mine de chat qui a découvert un bol de crème. Cette nuit, il a été mon amant, en effet tout comme jadis, mais c'était pour la dernière fois. Nous ne nous reverrons plus. Un adieu, en quelque sorte... définitif !

Sous son harnachement, Van Eyck haussa les épaules.

— Quelle stupidité ! Il vous aime, Catherine, et...

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