Читаем La fraternité de l'anneau полностью

« Désires-tu maintenant regarder, Frodo ? dit la dame Galadriel. Tu ne voulais pas voir de magie elfe et tu te disais satisfait. »

« Me conseillez-vous de regarder ? » s’enquit Frodo.

« Non, dit-elle. Je ne te conseille ni l’un ni l’autre. Je ne suis pas une conseillère. Tu pourrais apprendre quelque chose ; et que ta vision soit belle ou mauvaise, elle pourrait être profitable, mais elle pourrait aussi ne pas l’être. Ce peut être bon de voir, comme ce peut être dangereux. Mais je pense, Frodo, que tu as assez de courage et de sagesse pour t’y hasarder, ou je ne t’aurais pas emmené ici. Fais comme bon te semblera ! »

« Je vais regarder », dit Frodo, montant sur le piédestal et se penchant sur l’eau sombre. Le Miroir s’éclaircit aussitôt et il vit un paysage crépusculaire. Des montagnes noires se dressaient au loin devant un ciel pâle. Une longue route grise serpentait à perte de vue. Au loin, une silhouette marchait lentement sur la route, petite et indistincte au début, mais devenant plus grande et plus claire à mesure qu’elle avançait. Soudain, Frodo s’aperçut qu’elle lui rappelait Gandalf. Il faillit crier son nom, puis il vit que la silhouette n’était pas vêtue de gris, mais de blanc, un blanc qui luisait faiblement dans la pénombre ; et dans sa main se trouvait un bâton blanc. Sa tête était penchée de telle sorte qu’il ne pouvait voir aucun visage ; et alors la silhouette, suivant un tournant de la route, passa en dehors du Miroir. Un doute s’installa dans l’esprit de Frodo : était-ce une vision de Gandalf dans un de ses nombreux voyages en solitaire, longtemps auparavant, ou était-ce plutôt Saruman ?

La vision changea alors, brève, toute petite, mais très vive : un aperçu de Bilbo arpentant nerveusement sa chambre. La table était encombrée de paperasses en désordre ; la pluie battait les fenêtres.

Il y eut ensuite une pause, suivie de plusieurs scènes rapides que Frodo rattacha d’instinct à une même grande histoire, histoire dont il faisait désormais partie. La brume se dissipa, et il se trouva devant un spectacle qu’il n’avait encore jamais vu auparavant mais qu’il reconnut aussitôt : la Mer. Des ténèbres tombèrent. Une grande tempête fit rage sur les flots démontés. Puis, devant le Soleil ensanglanté, près de sombrer dans une épave de nuages, il vit se dessiner le contour noir d’un grand navire à la voilure déchiquetée qui s’avançait depuis l’Ouest. Puis, une grande rivière traversant une cité populeuse. Puis une forteresse blanche flanquée de sept tours. Et enfin, un autre navire aux voiles noires ; mais le matin était revenu, la lumière frissonnait sur l’eau, et un étendard portant l’emblème d’un arbre blanc rutilait au soleil. Une fumée se leva comme dans l’incendie d’un champ de bataille, et le soleil se recoucha au milieu de flammes rouges qui se fondirent en une brume grise ; et dans cette brume vint se perdre un petit navire, étincelant de lumières. Il disparut, et Frodo soupira, prêt à se retirer.

Mais soudain, le Miroir devint complètement noir, comme si un trou s’était ouvert dans le monde du visible et que Frodo regardait dans le vide absolu. Dans cet abîme de noir apparut un Œil unique, lequel grossit peu à peu, jusqu’à recouvrir presque toute la surface du Miroir. Il était si terrible que Frodo en resta cloué sur place, incapable de crier ou de détourner le regard. L’Œil paraissait cerclé de feu, mais il était lui-même vitreux, jaune comme celui d’un chat, intense et vigilant, et la fente noire de sa pupille s’ouvrait sur un gouffre, une fenêtre sur le néant.

Puis l’Œil se mit à rôder, cherchant de-ci de-là ; et Frodo eut l’horrible certitude que lui-même faisait partie des nombreuses choses qu’il cherchait. Mais il savait aussi que l’Œil ne pouvait le voir – pas encore, pas sans qu’il n’en manifeste lui-même le désir. L’Anneau, suspendu à la chaîne qu’il avait au cou, devint alors très lourd, plus lourd qu’une grosse pierre, et sa tête fut entraînée vers le bas. Le Miroir semblait devenir chaud : des volutes de fumée montaient à la surface de l’eau. Frodo glissait vers l’avant.

« Ne touche pas à l’eau ! » dit doucement la dame Galadriel. La vision s’évanouit, et Frodo s’aperçut qu’il regardait les froides étoiles scintiller dans la vasque d’argent. Tremblant de tous ses membres, il fit un pas en arrière et regarda la Dame.

« Je sais ce que tu viens de voir, dit-elle ; car cela occupe mes pensées aussi. N’aie pas peur ! Mais ne va pas croire que c’est seulement en chantant parmi les arbres, ni même par les fines flèches des arcs elfiques, que ce pays de Lothlórien est préservé et défendu contre son Ennemi. Sache, Frodo, qu’au moment même où je te parle, je perçois le Seigneur Sombre et sa pensée, ou tout ce qui dans sa pensée concerne les Elfes. Et lui tâtonne sans cesse pour me voir et percer mon esprit à jour. Mais la porte demeure fermée ! »

Перейти на страницу:

Все книги серии Le Seigneur des Anneaux

Похожие книги

Сердце дракона. Том 7
Сердце дракона. Том 7

Он пережил войну за трон родного государства. Он сражался с монстрами и врагами, от одного имени которых дрожали души целых поколений. Он прошел сквозь Море Песка, отыскал мифический город и стал свидетелем разрушения осколков древней цивилизации. Теперь же путь привел его в Даанатан, столицу Империи, в обитель сильнейших воинов. Здесь он ищет знания. Он ищет силу. Он ищет Страну Бессмертных.Ведь все это ради цели. Цели, достойной того, чтобы тысячи лет о ней пели барды, и веками слагали истории за вечерним костром. И чтобы достигнуть этой цели, он пойдет хоть против целого мира.Даже если против него выступит армия – его меч не дрогнет. Даже если император отправит легионы – его шаг не замедлится. Даже если демоны и боги, герои и враги, объединятся против него, то не согнут его железной воли.Его зовут Хаджар и он идет следом за зовом его драконьего сердца.

Кирилл Сергеевич Клеванский

Фантастика / Самиздат, сетевая литература / Боевая фантастика / Героическая фантастика / Фэнтези