Читаем La fraternité de l'anneau полностью

Après avoir erré sans but à travers le bois, Frodo sentit que ses pas le conduisaient vers les pentes de la colline. Il parvint à un sentier, restes à demi effacés d’une route de l’ancien temps. Aux endroits abrupts, des escaliers de pierre avaient été taillés, mais ils étaient beaucoup érodés et fendus, partout malmenés par les racines des arbres. Frodo grimpait depuis un certain temps, sans se soucier d’où il allait, lorsqu’il parvint à un endroit herbeux. Des sorbiers poussaient alentour, et une grande pierre plate se trouvait au milieu. Cette petite pelouse surélevée était ouverte sur l’est, et elle était à présent inondée de soleil matinal. Frodo s’arrêta et regarda par-dessus les eaux du Fleuve, vers Tol Brandir et les oiseaux qui tournoyaient dans l’immense gouffre d’air qui le séparait de l’île vierge. La voix du Rauros montait comme un formidable rugissement, mêlée d’un grondement profond et vibrant.

Il s’assit sur la pierre et posa le menton dans ses mains, tourné vers l’est, les yeux dans le vague. Tout ce qui s’était produit depuis que Bilbo avait quitté le Comté défilait dans sa tête, et il se rappela toutes les paroles de Gandalf dont il put se souvenir et les médita longuement. Le temps passait, mais Frodo n’était pas plus près d’en arriver à un choix.

Soudain, il sortit de sa réflexion : il avait l’étrange sensation que quelqu’un était derrière lui, que des yeux hostiles le guettaient. Se levant d’un bond, il se retourna ; mais à sa grande surprise il ne vit que Boromir, et son visage était aimable et souriant.

« J’avais peur pour vous, Frodo, dit-il en s’avançant. Si Aragorn a raison et qu’il y a des Orques aux alentours, aucun de nous ne devrait errer seul, vous encore moins : tant de choses dépendent de vous. Et j’ai le cœur trop lourd. Puis-je rester et vous parler un peu, maintenant que je vous ai trouvé ? Ce serait pour moi un réconfort. Quand les voix sont nombreuses, tout propos devient un débat sans fin. Mais à deux, peut-être est-ce possible de trouver la sagesse. »

« C’est gentil à vous, répondit Frodo. Mais je ne vois pas quels propos pourraient m’aider. Car je sais ce que je dois faire, mais j’ai peur de le faire, Boromir : peur. »

Boromir resta silencieux. Le Rauros rugissait sans fin. Le vent murmurait aux branches des arbres. Frodo frissonna.

Soudain, Boromir vint s’asseoir à côté de lui. « Êtes-vous sûr de ne pas souffrir inutilement ? dit-il. Je souhaite vous aider. Votre choix est difficile : il faut vous donner conseil. N’accepterez-vous pas le mien ? »

« Je crois savoir quel conseil vous me donneriez, Boromir, dit Frodo. Et ce paraîtrait sage, n’était la mise en garde de mon cœur. »

« La mise en garde ? Contre quoi ? » dit brusquement Boromir.

« Contre les faux-fuyants. Contre la voie de la facilité. Contre le refus du fardeau qui m’est échu. Contre… eh bien, puisqu’il faut le dire, contre le fait de s’en remettre à la force et à la loyauté des Hommes. »

« Pourtant, cette force vous a longtemps protégé à votre insu, là-bas dans votre petit pays. »

« Je ne doute pas de la valeur de votre peuple. Mais le monde change. Les murs de Minas Tirith sont peut-être forts, mais ils ne le sont pas assez. S’ils cèdent, qu’arrivera-t-il alors ? »

« Nous tomberons vaillamment au combat. Mais on peut encore espérer qu’ils tiendront. »

« Pas tant que l’Anneau subsiste », dit Frodo.

« Ah ! L’Anneau ! » dit Boromir, et ses yeux s’allumèrent. « L’Anneau ! N’est-il pas ironique que nous éprouvions tant de peur et de doute pour une si petite chose ? Une si petite chose ! Et je ne l’ai vue qu’un instant dans la maison d’Elrond. Serait-ce trop vous demander de me la montrer encore une fois ? »

Frodo leva les yeux. Son cœur se glaça soudain. Il aperçut l’étrange lueur dans le regard de Boromir, alors que son visage demeurait amical et bienveillant. « Il vaut mieux qu’elle reste cachée », répondit-il.

« Comme vous voudrez. Je n’en ai cure, dit Boromir. Mais ne puis-je même pas en parler ? Car vous ne faites jamais qu’imaginer son pouvoir entre les mains de l’Ennemi – ses mauvais usages et non son bon emploi. Le monde change, dites-vous. Minas Tirith tombera si l’Anneau subsiste. Mais pourquoi ? Si l’Anneau était chez l’Ennemi, certes. Mais pourquoi, s’il était avec nous ? »

« N’avez-vous pas assisté au Conseil ? répondit Frodo. Parce que nous ne pouvons nous en servir, et que tout ce que l’on en fait aboutit au mal. »

Перейти на страницу:

Все книги серии Le Seigneur des Anneaux

Похожие книги

Сердце дракона. Том 7
Сердце дракона. Том 7

Он пережил войну за трон родного государства. Он сражался с монстрами и врагами, от одного имени которых дрожали души целых поколений. Он прошел сквозь Море Песка, отыскал мифический город и стал свидетелем разрушения осколков древней цивилизации. Теперь же путь привел его в Даанатан, столицу Империи, в обитель сильнейших воинов. Здесь он ищет знания. Он ищет силу. Он ищет Страну Бессмертных.Ведь все это ради цели. Цели, достойной того, чтобы тысячи лет о ней пели барды, и веками слагали истории за вечерним костром. И чтобы достигнуть этой цели, он пойдет хоть против целого мира.Даже если против него выступит армия – его меч не дрогнет. Даже если император отправит легионы – его шаг не замедлится. Даже если демоны и боги, герои и враги, объединятся против него, то не согнут его железной воли.Его зовут Хаджар и он идет следом за зовом его драконьего сердца.

Кирилл Сергеевич Клеванский

Фантастика / Самиздат, сетевая литература / Боевая фантастика / Героическая фантастика / Фэнтези