Читаем La fraternité de l'anneau полностью

« Mais il ne le laisserait pas à son doigt, dit Merry. Pas après avoir échappé au visiteur indésirable, comme Bilbo dans le temps. »

« Mais par où est-il allé ? Où est-il passé ? s’écria Pippin. Ça fait une éternité qu’il est parti. »

« Quand avez-vous vu Frodo pour la dernière fois, Boromir ? Il y a combien de temps ? » demanda Aragorn.

« Environ une demi-heure, répondit-il. Ou peut-être une heure. J’ai marché quelque temps depuis. Je ne sais pas ! Je ne sais pas ! » Il enfouit son visage dans ses mains et courba l’échine, comme terrassé par le chagrin.

« Une heure qu’il a disparu ! s’exclama Sam. Il faut le retrouver tout de suite ! Venez ! »

« Attendez une minute ! cria Aragorn. Il faut nous répartir par paires et nous donner – hé, un moment ! Attendez ! »

C’était inutile. Ils ne l’écoutaient pas. Sam s’était élancé en premier. Merry et Pippin l’avaient imité et disparaissaient déjà vers l’ouest, dans les arbres près de la rive, criant : Frodo ! Frodo ! de leurs voix de hobbits, claires et haut perchées. Legolas et Gimli couraient. Une sorte de panique ou de folie soudaine semblait s’être emparée de la Compagnie.

« Nous allons tous nous disperser et nous perdre, grogna Aragorn. Boromir ! Je ne sais quel rôle vous avez joué dans ce fâcheux incident, mais aidez-moi, maintenant ! Suivez ces deux jeunes hobbits et protégez-les au moins, même si vous ne trouvez pas Frodo. Revenez ici même si vous le trouvez, lui ou le moindre signe de lui. Je serai de retour bientôt. »

Aragorn s’élança d’un bond à la poursuite de Sam. Comme il arrivait à la petite pelouse plantée de sorbiers, il le vit, montant avec peine, pantelant et criant : Frodo !

« Venez avec moi, Sam ! dit-il. Aucun de nous ne doit rester seul. Il se prépare quelque chose de fâcheux. Je le sens. Je monte au sommet, au Siège de l’Amon Hen, pour voir ce qu’il y a à voir. Et là, regardez ! C’est comme me le disait mon cœur, Frodo est venu par ici. Suivez-moi et tâchez d’ouvrir l’œil ! » Il fonça dans le sentier.

Sam fit de son mieux, mais il n’avait pas les jambes d’un Coureur, encore moins celles de l’Arpenteur, et il fut bientôt distancé. À peine venait-il de se remettre en branle qu’Aragorn disparaissait devant lui. Sam s’arrêta et souffla. Soudain il se tapa le front.

« Holà, Sam Gamgie ! dit-il tout haut. Tes jambes sont trop courtes, alors sers-toi de ta tête ! Voyons voir ! Boromir ment pas, c’est pas son genre ; mais il nous a pas tout dit. M. Frodo a eu vraiment peur de quelque chose. Il s’est mis une idée dans la tête aussi soudain que ça. Il s’est enfin décidé – oui, à partir. Où ? Vers l’est. Pas sans son Sam ? Si, même sans lui. C’est dur, ça, trop dur. »

Sam se passa la main sur les yeux, essuyant ses larmes. « Du calme, Gamgie ! dit-il. Réfléchis, si t’en as les moyens ! Il peut pas voler au-dessus de l’eau, ni sauter par-dessus des chutes. Il a pas d’équipement. Alors il doit retourner aux bateaux. Aux bateaux ! Aux bateaux, Sam, comme l’éclair ! »

Sam tourna les talons et descendit le sentier à toutes jambes. Il tomba et s’ouvrit les genoux sur une pierre. Se relevant, il courut de plus belle. Il arriva au bord de la pelouse de Parth Galen, près de la rive, où les bateaux avaient été remontés. Personne ne s’y trouvait. Des cris semblaient monter des bois derrière lui, mais il n’y fit pas attention. Il resta un moment planté là, les yeux écarquillés, la bouche béante. Une barque descendait toute seule sur la rive. Avec un cri, Sam traversa la pelouse en courant. La barque glissa dans l’eau.

« J’arrive, monsieur Frodo ! J’arrive ! » cria Sam, et il sauta de la berge pour attraper la barque qui partait. Il la rata d’au moins trois pieds. Avec un cri et un plouf, il tomba la tête la première dans l’eau vive et profonde. Dans un gargouillis, il coula, et le Fleuve se referma sur sa tête frisée.

Un cri de détresse monta de la barque vide. Une pagaie tourbillonna et la barque vira de bord. Frodo arriva juste à temps pour agripper Sam par les cheveux alors qu’il remontait, glougloutant et se débattant. La peur se mirait dans ses yeux ronds et bruns.

« Allez, hop, Sam ! dit Frodo. Là, prends ma main, mon gars ! »

« Sauvez-moi, monsieur Frodo ! cria Sam d’une voix étranglée. Je suis néyé. Je vois pas votre main. »

« Ici, elle est ici. Ne serre pas si fort, mon gars ! Je ne vais pas te lâcher. Bats des pieds sans t’affoler, sinon la barque va chavirer. Voilà, accroche-toi au bord et laisse-moi pagayer un peu ! »

En quelques coups de pagaie, Frodo ramena l’embarcation près de la berge, ce qui permit à Sam de se hisser hors de l’eau, trempé comme un rat. Frodo retira l’Anneau et mit pied à terre.

« De tous les fichus enquiquineurs, Sam, tu es le pire ! » dit-il.

« Oh, monsieur Frodo, c’est dur de me dire ça ! dit Sam, frissonnant. C’est dur d’essayer de partir sans moi comme ça. Si j’avais pas bien deviné, où est-ce que vous seriez maintenant ? »

« En route, tranquillement. »

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