Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

– Non, dit-elle, autrefois monsieur Gilbert, élève de monsieur Rousseau, prétendait que toute bonne mère doit nourrir son enfant, je nourrirai mon fils; je veux être au moins une bonne mère, ce sera toujours cela.

Chapitre 47

La sellette

Le jour était venu enfin, après de longs débats, où l’arrêt de la cour du parlement allait être provoqué par les conclusions du procureur général.

Les accusés, à l’exception de monsieur de Rohan, avaient été transférés à la Conciergerie pour être plus rapprochés de la salle d’audience, qui s’ouvrait à sept heures chaque matin.

Devant les juges présidés par le premier président d’Aligre, la contenance des accusés avait continué d’être ce qu’elle avait été pendant l’instruction.

Oliva, franche et timide; Cagliostro, tranquille, supérieur et rayonnant parfois de cette splendeur mystique qu’il se plaisait à affecter.

Villette, honteux, bas et pleurant.

Jeanne, insolente, l’œil étincelant, toujours menaçante et venimeuse.

Le cardinal, simple, rêveur, frappé d’atonie.

Jeanne avait bien vite pris les habitudes de la Conciergerie, et captivé par ses caresses mielleuses et ses petits secrets les bonnes grâces de la concierge du Palais, de son mari et de son fils.

De cette façon, elle s’était rendu la vie plus douce et les communications, plus libres. Il faut toujours plus de place au singe qu’au chien, à l’intrigant qu’à l’esprit tranquille.

Les débats n’apprirent rien de nouveau à la France. C’était bien toujours ce même collier volé avec audace par l’une ou l’autre des deux personnes qu’on accusait et qui s’accusaient réciproquement.

Décider entre les deux quel était le voleur, c’était tout le procès.

Cet esprit qui porte les Français toujours, et qui les portait surtout en ce temps-là aux extrêmes, avait greffé un autre procès sur le véritable.

Il s’agissait de savoir si la reine avait eu raison de faire arrêter le cardinal et de l’accuser de téméraires incivilités.

Pour quiconque raisonnait politique en France, cette annexe au procès constituait la cause véritable. Monsieur de Rohan avait-il cru pouvoir dire à la reine ce qu’il lui avait dit, agir en son nom, comme il l’avait fait; avait-il été l’agent secret de Marie-Antoinette, agent désavoué sitôt que l’affaire avait fait du bruit?

En un mot, dans cette cause incidente, le cardinal inculpé avait-il agi de bonne foi, comme un confident intime, vis-à-vis de la reine?

S’il avait agi de bonne foi, la reine était donc coupable de toutes ces intimités, même innocentes, qu’elle avait niées et que madame de La Motte insinuait avoir existé. Et puis, comme total aux yeux de l’opinion, qui ne ménage rien, des intimités sont-elles innocentes, qu’on est contraint de nier à son mari, à ses ministres, à ses sujets.

Tel est le procès que les conclusions du procureur général vont diriger vers son but, vers sa morale.

Le procureur général prit la parole.

Il était l’organe de la cour, il parlait au nom de la dignité royale méconnue, outragée, il plaidait pour le principe immense de l’inviolabilité royale.

Le procureur général entrait dans le procès réel pour certains accusés; il prenait corps à corps le procès incident quant au cardinal. Il ne pouvait admettre que dans cette affaire du collier, la reine pût assumer sur elle un tort, un seul. Si elle n’en avait aucun, ils tombaient donc tous sur la tête du cardinal.

Il conclut donc inflexiblement:

à la condamnation de Villette aux galères;

à la condamnation de Jeanne de La Motte en la marque, le fouet et la réclusion à perpétuité dans l’hôpital;

à la mise hors de cause de Cagliostro;

au renvoi pur et simple d’Oliva;

à l’aveu auquel serait contraint le cardinal d’une témérité offensante envers la Majesté royale, aveu à la suite duquel il serait banni de la présence du roi et de la reine, et dépouillé de ses charges et dignités.

Ce réquisitoire frappa le parlement d’indécision et les accusés de terreur. La volonté royale s’y expliquait de telle force, que si l’on eût vécu un quart de siècle auparavant, alors même que les parlements avaient commencé à secouer le joug et à revendiquer leur prérogative, ces conclusions du procureur du roi eussent été dépassées par le zèle et le respect des juges pour le principe, encore vénéré, de l’infaillibilité du trône.

Mais quatorze conseillers seulement adoptèrent l’opinion complète du procureur général, et la division se mit dès lors dans l’assemblée.

On procéda au dernier interrogatoire, formalité presque inutile avec de pareils accusés, puisqu’il avait pour but de provoquer des aveux avant l’arrêt, et qu’il n’y avait ni paix ni trêve à demander aux acharnés adversaires qui luttaient depuis si longtemps. C’était moins leur propre absolution qu’ils demandaient que la condamnation de leur partie.

L’usage était que l’accusé comparût devant ses juges assis sur un petit siège de bois, siège humble, bas, honteux, déshonoré par le contact des accusés qui de ce siège avaient passé à l’échafaud.

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