Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

– Le malheur n’est que pour moi, soupira monsieur de Rohan, après le départ de Cagliostro, puisque la reine est en mesure de payer, et qu’à elle, au moins, un Joseph Balsamo inattendu ne viendra pas réclamer un arriéré de cinq cent mille livres.

<p>Chapitre 12</p><p>Comptes de ménage</p>

C’était l’avant-veille du premier paiement indiqué par la reine. Monsieur de Calonne n’avait pas encore tenu ses promesses. Ses comptes n’étaient point signés du roi.

C’est que le ministre avait eu beaucoup de choses à faire. Il avait un peu oublié la reine. Elle, de son côté, ne pensait pas qu’il fût de sa dignité de rafraîchir la mémoire au contrôleur des finances. Ayant reçu sa promesse, elle attendait.

Cependant, elle commençait à s’inquiéter et à s’informer, à chercher les moyens de parler à monsieur de Calonne sans compromettre la reine, quand un billet lui vint du ministre.

«Ce soir, disait-il, l’affaire dont Votre Majesté m’a fait l’honneur de me charger sera signée au Conseil, et les fonds seront chez la reine demain matin.»

Toute sa gaieté revint aux lèvres de Marie-Antoinette. Elle ne songea plus à rien, pas même à ce lendemain si lourd.

On la vit même chercher dans ses promenades les plus secrètes allées, comme pour isoler ses pensées de tout contact matériel et mondain.

Elle se promenait encore avec madame de Lamballe et le comte d’Artois qui l’avaient rejointe quand le roi entra au Conseil après son dîner.

Le roi était d’une humeur difficile. Les nouvelles de Russie se présentaient mauvaises. Un vaisseau s’était perdu dans le golfe de Lion. Quelques provinces refusaient l’impôt. Une belle mappemonde, polie et vernie par le roi lui-même, avait éclaté de chaleur, et l’Europe se trouvait coupée en deux parties, à la jonction du 30e degré de latitude avec le 55e de longitude. Sa Majesté boudait tout le monde, même monsieur de Calonne.

En vain, celui-ci offrit-il son beau portefeuille parfumé avec sa mine riante. Le roi se mit, silencieux et morose, à griffonner sur un morceau de papier blanc des hachures qui signifiaient: tempête – comme les bonshommes et les chevaux signifiaient: beau temps.

Car la manie du roi était de dessiner pendant les conseils. Louis XVI n’aimait pas à regarder les gens en face, il était timide; une plume à sa main lui donnait assurance et maintien. Pendant qu’il s’occupait ainsi, l’orateur pouvait développer ses arguments; le roi, levant un œil furtif, prenait çà et là un peu du feu de ses regards, tout juste autant qu’il en fallait pour ne pas oublier l’homme en jugeant l’idée.

Parlait-il lui-même, et il parlait bien, son dessin ôtait tout air de prétention à son discours, il n’avait plus de geste à faire; il pouvait s’interrompre ou s’échauffer à loisir, le trait sur le papier remplaçait au besoin les ornements de la parole.

Le roi prit donc la plume, selon son habitude, et les ministres commencèrent la lecture des projets ou des notes diplomatiques.

Le roi ne souffla pas le mot, il laissa passer la correspondance étrangère, comme s’il ne comprenait pas une parole à ce genre de travail.

Mais on en vint au détail des comptes du mois; il leva la tête.

Monsieur de Calonne venait d’ouvrir un mémoire relatif à l’emprunt projeté pour l’année suivante.

Le roi se mit à faire des hachures avec fureur.

– Toujours emprunter, dit-il, sans savoir comment on rendra; c’est pourtant un problème cela, monsieur de Calonne.

– Sire, un emprunt, c’est la saignée faite à une source, l’eau disparaît d’ici pour abonder là. Il y a plus, elle se voit doublée par les aspirations souterraines. Et d’abord, au lieu de dire comment paierons-nous, il faudrait dire: comment et sur quoi emprunterons-nous? car le problème dont parlait Votre Majesté n’est pas: avec quoi rendra-t-on? mais bien: trouvera–t-on des créanciers?

Le roi poussa les hachures jusqu’au noir le plus opaque; mais il n’ajouta pas un mot: ses traits parlaient d’eux-mêmes.

Monsieur de Calonne ayant exposé son plan, avec l’approbation de ses collègues, le roi prit le projet et le signa, bien qu’en soupirant.

– Maintenant que nous avons de l’argent, dit monsieur de Calonne en riant, dépensons.

Le roi regarda son ministre avec une grimace, et de la hachure fit un énorme pâté d’encre.

Monsieur de Calonne lui passa un état, composé de pensions, de gratifications, d’encouragements, de dons et de soldes.

Le travail était court, bien détaillé. Le roi tourna les pages et courut au total.

– Un million cent mille livres pour si peu! Comment cela se fait-il?

Et il laissa reposer la plume.

– Lisez, sire, lisez, et veuillez remarquer que, sur les onze cent mille livres, un seul article est porté à cinq cent mille livres.

– Quel article, monsieur le contrôleur général?

– L’avance faite à Sa Majesté la reine, sire.

– À la reine! s’écria Louis XVI… Cinq cent mille livres à la reine! Eh! monsieur, ce n’est pas possible.

– Pardon, sire; mais le chiffre est exact.

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