Читаем Le compte de Monte-Cristo Tome II полностью

– Non, non, répondit Monte-Cristo fort pâle et comprimant d’une main les battements de son cœur, tandis que, de l’autre, il montrait au jeune homme un globe de cristal sous lequel une bourse de soie reposait précieusement couchée sur un coussin de velours noir. Je me demandais seulement à quoi sert cette bourse, qui, d’un côté, contient un papier, ce me semble, et de l’autre un assez beau diamant.»

Maximilien prit un air grave et répondit:

«Ceci, monsieur le comte, c’est le plus précieux de nos trésors de famille.

– En effet, ce diamant est assez beau, répliqua Monte-Cristo.

– Oh! mon frère ne vous parle pas du prix de la pierre, quoiqu’elle soit estimée cent mille francs, monsieur le comte; il veut seulement vous dire que les objets que renferme cette bourse sont les reliques; de l’ange dont nous vous parlions tout à l’heure.

– Voilà ce que je ne saurais comprendre, et cependant ce que je ne dois pas demander, madame, répliqua Monte-Cristo en s’inclinant; pardonnez-moi, je n’ai pas voulu être indiscret.

– Indiscret, dites-vous? oh! que vous nous rendez heureux, monsieur le comte, au contraire, en nous offrant une occasion de nous étendre sur ce sujet! Si nous cachions comme un secret la belle action que rappelle cette bourse nous ne l’exposerions pas ainsi à la vue. Oh! nous voudrions pouvoir. La publier dans tout l’univers, pour qu’un tressaillement de notre bienfaiteur inconnu nous révélât sa présence.

– Ah! vraiment! fit Monte-Cristo d’une voix étouffée.

– Monsieur, dit Maximilien en soulevant le globe de cristal et en baisant religieusement la bourse de soie, ceci a touché la main d’un homme par lequel mon père a été sauvé de la mort, nous de la ruine, et notre nom de la honte; d’un homme grâce auquel nous autres, pauvres enfants voués à la misère et aux larmes, nous pouvons entendre aujourd’hui des gens s’extasier sur notre bonheur. Cette lettre – et Maximilien tirant un billet de la bourse le présenta au comte – cette lettre fut écrite par lui un jour où mon père avait pris une résolution bien désespérée, et ce diamant fut donné en dot à ma sœur par ce généreux inconnu.»

Monte-Cristo ouvrit la lettre et la lut avec une indéfinissable expression de bonheur, c’était le billet que nos lecteurs connaissent, adressé à Julie et signé Simbad le marin.

– Inconnu, dites-vous? Ainsi l’homme qui vous a rendu ce service est resté inconnu pour vous?

– Oui, monsieur, jamais nous n’avons eu le bonheur de serrer sa main; ce n’est pas faute cependant d’avoir demandé à Dieu cette faveur, reprit Maximilien; mais il y a eu dans toute cette aventure une mystérieuse direction que nous ne pouvons comprendre encore; tout a été conduit par une main invisible, puissante comme celle d’un enchanteur.

– Oh! dit Julie, je n’ai pas encore perdu tout espoir de baiser un jour cette main comme je baise la bourse qu’elle a touchée. Il y a quatre ans, Penelon était à Trieste: Penelon, monsieur le comte, c’est ce brave marin que vous avez vu une bêche à la main, et qui, de contremaître, s’est fait jardinier. Penelon, étant donc à Trieste, vit sur le quai un Anglais qui allait s’embarquer sur un yacht, et il reconnut celui qui vint chez mon père le 5 juin 1829, et qui m’écrivit ce billet le 5 septembre. C’était bien le même, à ce qu’il assure, mais il n’osa point lui parler.

– Un Anglais! fit Monte-Cristo rêveur et qui s’inquiétait de chaque regard de Julie; un Anglais, dites-vous?

– Oui, reprit Maximilien, un Anglais qui se présenta chez nous comme mandataire de la maison Thomson et French, de Rome. Voilà pourquoi, lorsque vous avez dit l’autre jour chez M. de Morcerf que MM. Thomson et French étaient vos banquiers, vous m’avez vu tressaillir. Au nom du Ciel, monsieur cela se passait, comme nous vous l’avons dit, en 1829; avez-vous connu cet Anglais?

– Mais ne m’avez-vous pas dit aussi que la maison Thomson et French avait constamment nié vous avoir rendu ce service?

– Oui.

– Alors cet Anglais ne serait-il pas un homme qui reconnaissant envers votre père de quelque bonne action qu’il aurait oubliée lui-même, aurait pris ce prétexte pour lui rendre un service?

– Tout est supposable, monsieur, en pareille circonstance, même un miracle.

– Comment s’appelait-il? demanda Monte-Cristo.

– Il n’a laissé d’autre nom, répondit Julie en regardant le comte avec une profonde attention, que le nom qu’il a signé au bas du billet: Simbad le marin.

– Ce qui n’est pas un nom évidemment, mais un pseudonyme.»

Puis, comme Julie le regardait plus attentivement encore et essayait de saisir au vol et de rassembler quelques notes de sa voix:

«Voyons, continua-t-il, n’est-ce point un homme de ma taille à peu près, un peu plus grand peut-être, un peu plus mince, emprisonné dans une haute cravate, boutonné, corseté, sanglé et toujours le crayon à la main?

– Oh! mais vous le connaissez donc? s’écria Julie les yeux étincelants de joie.

– Non, dit Monte-Cristo, je suppose seulement. J’ai connu un Lord Wilmore qui semait ainsi des traits de générosité.

– Sans se faire connaître!

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