Читаем Le Grec полностью

Dun déplia sa haute silhouette et constata que sa cavalière présumée l'observait avec intérêt. L'âge n'avait rien changé à l'affaire. A quarante-huit ans, il continuait à faire des ravages. Ses cheveux blancs soigneusement ondulés affolaient aussi bien la midinette que la comtesse ou la star. Quel âge pouvait-elle avoir, cette gamine? Quand il arriva à la table, les minets cessèrent de jacasser et le dévisagèrent avec une ironie haineuse et impuissante. Mais, déjà, Maria se levait. Il lui fraya un chemin jusqu'à la piste. Il lui dit en l'enlaçant :

« J'ai cru que vos petits copains allaient me tuer!

— C'est probablement ce qu'ils vont faire. Après…

— Après quoi?

— Après la danse.

— Vous êtes en vacances?

— Vous êtes journaliste?

— Vous habitez chez vos parents? »

Ils éclatèrent de rire.

« Non, chez des amis.

— Une villa?

— Un bateau.

— Et ils vous laissent sortir seule?

— Je viens de tuer mon geôlier. Vous êtes Français?

— Non. Congolais. J'ai une plantation de bananes. Mes onze femmes s'en occupent.

— Seulement onze?

— C'est une petite plantation. »

Vue de près, elle n'était pas si moche. Le corps était un peu lourd, qui s'écrasait sans pudeur contre celui de Dun, mais les yeux dorés étaient extraordinaires et, apparemment, elle avait oublié d'être bête. Jouer serré… Payer le Ritz…

« Vous savez pourquoi j'ai voulu vous connaître?

— Oui. Je suis la femme de votre vie.

— N'anticipez pas. Vous pourriez être le bébé de ma vie, mais ce n'est pas le cas. Je vous ai repérée. Vous avez déjà fait des photos?

— Si j'ai posé?

— Oui.

— Non, jamais. Vous m'avez bien regardée?

— Dommage. Vous pourriez faire un bon modèle. Comment vous appelez-vous?

— Maria. Et vous?

— Raph. Raph Dun. Votre nom de famille, c'est quoi? »

Il la sentit se raidir dans ses bras :

« Vous me prenez pour une bille?

— Seigneur!…

— Vous savez très bien qui je suis.

— Comment avez-vous su que je le savais?

— Tout le monde le sait. J'ai constamment des grappes de journalistes à mes trousses. A la sortie du lycée, ils s'habillaient en curés et me proposaient des sucres d'orge.

— Désolé, je n'en ai pas sur moi.

— Tant mieux, je déteste. Vous êtes à quel canard?

— A aucun et à tous. Je suis une pute. Je me vends au plus offrant.

— Comme c'est vilain!

— Horrible! Mais je brûle des cierges en pénitence. Vous restez longtemps à Cannes?

— Et vous?

— Ça dépend de vous. Si je peux écrire des horreurs sur votre compte, on me donnera beaucoup d'argent et je pourrai rester davantage.

— Qu'est-ce que vous voulez savoir?

— Croyez-vous pouvoir vous rendre à ma table sans risquer des coups de feu de la part de vos petits camarades?

— Je suis libre, non? »

La danse s'achevait…

« Alors, parfait, allons-y!

— Je vous rejoins. Je passe prendre mon sac. »

Il gardait sa main dans la sienne sans qu'elle songe à la retirer. Il dit :

« D'accord, je vous attends. Dites-leur que je suis votre papa… »

Elle le regarda dans les yeux avec gravité :

« Ce que vous êtes bête! J'arrive… »

« Madame, je suppose que vous comprendrez ce que ma démarche comporte de délicat. Mais il fallait que je la fasse. Cigarette?

— Merci, non. »

Le Grec se tortilla, mal à l'aise. La classe de cette femme l'impressionnait. Elle avait une réputation de bouffeuse d'hommes et se conduisait pourtant avec la race, la dignité et la discrétion d'une grande dame.

« Il s'agit de mon fils…

— Je m'en doutais… répliqua Joan avec une certaine ironie.

— Il est de mon devoir… de mon devoir…

— Oui?

— Je dois le protéger vous comprenez… Il est si jeune!

— Et moi pas. C'est ça?

— Non, ce n'est pas ce que je veux dire!

— Vous le dites quand même. »

Il affronta son regard : sale besogne. Elle était belle dans la plénitude de son épanouissement, sereine. Il était venu pour lui dire de rompre et savait qu'il avait de quoi la convaincre. Mais comment amorcer?

« J'avoue, dit-il, que je ne m'attendais pas à ce que vous soyez telle que je vous trouve. Je comprends Achille. Il a du goût. »

Elle hocha la tête en guise de remerciement.

« Monsieur Satrapoulos, si vous cessiez de tourner autour du pot pour me dire franchement le but de votre visite? »

Elle l'aidait, tant mieux!

« Vous devez vous en douter…

— Évidemment! Vous êtes venu me dire de rompre avec Achille. Non?

— Je suis soulagé de voir que vous comprenez.

— Bien sûr que je comprends. Je me mets à votre place. Une des plus grosses fortunes du monde, un fils unique destiné à hériter et à prendre la suite. De l'autre côté, une femme de quarante ans, divorcée trois fois qui ne lui donnera peut-être même pas d'enfant. Si j'étais vous, j'agirais peut-être de la même façon. Peut-être… Seulement…

— Seulement?…

— C'est non. Je ne suis pas vous. Et Achille ne va pas se mettre à aimer des gens pour vous faire plaisir. Ne croyez pas que je cherche à vous défier, mais vous n'êtes pas dans la course. J'ai choisi. Il a choisi. On s'aime.

— Madame, je vous en prie! Si Achille avait été clerc de notaire… Vous savez aussi bien que moi que ce que vous appelez l'amour n'est pas éternel!

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