Читаем Le Grec полностью

— Comment il s'appelle?

— Baltimore.

— Connais pas. Dans ce foutu pays, il y a des milliers de Baltimore.

— Scott Baltimore! C'est le propre fils d'Alfred Baltimore II! » cria presque Heath d'un ton de reproche.

Peggy étouffa un sourire : pour la prendre en défaut sur le Gotha américain, il aurait fallu que ce prétentieux se lève tôt! Elle connaissait parfaitement les tenants et les aboutissants du clan Baltimore. Elle prit un air étonné :

« Quel intérêt, ce… Scott?… détachant la dernière syllabe comme on se débarrasse d'une mucosité gênante.

— Il n'a que vingt-deux ans et il se présente à la députation! Il vient de fonder un parti politique, les « Novateurs »!

Peggy se retourna vers le chauffeur :

« Julien, amenez mes bagages à la maison. »

Et à Heath :

« Allons-y. Je vous accorde une heure, pas une minute de plus. J'ai envie de prendre un bain.

— Merci Peggy! Merci! »

En rencontrant le regard de son photographe, Heath regretta d'avoir prononcé ces mots : le petit crevard avait l'air de se foutre de lui! Il aurait voulu pouvoir lui dire merde, mais, aux États-Unis, les Nash-Belmont n'étaient pas de la crotte, et on ne trouvait pas des Peggy à la pelle sous le sabot d'un cheval. Il se contenta de bougonner :

« Allons-y… »


Maria était nerveuse. Elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit, mais son contrat précisait formellement qu'elle ne devait pas quitter Athina Satrapoulos d'une semelle, ni jour ni nuit. Elle avait donc été contrainte de partager la chambre de la vieille dame. Toutes les fois où elle s'était sentie gagnée par la somnolence, elle avait fait un énorme effort pour en émerger. L'estafilade qui barrait sa joue était là pour lui rappeler que sa cliente était dangereuse.

Dans le courant de la matinée, Tina avait manifesté le désir de tricoter et des valets lui avaient apporté ce qu'il fallait.

Maria ne l'avait pas quittée de l'œil, sachant très bien que, dans ses mains fripées, les terrifiantes aiguilles seraient des armes redoutables. Sans la perdre de vue, elle était restée vissée au téléphone, donnant ses ordres pour qu'on active la venue de l'invitée de Mme Satrapoulos. L'idée lui paraissait à la fois cocasse et absurde, parce qu'elle créait un précédent dans un palace et mettait dans une position fausse les larbins fielleux : à mourir de rire.

Enfin tout était réglé. L'invitée serait là dans moins d'une heure. On était allé la chercher en Grèce par avion spécial, hélicoptère spécial et personnel spécialisé. Des hommes en bleu étaient venus dans l'appartement voisin, le 504, afin de tout préparer. Maria sentait rejaillir sur elle des miettes de la puissance de Satrapoulos. Elle n'avait qu'à parler pour être obéie, interprète docile des plus subtils désirs de la mère de l'armateur. Le Ritz semblait lui appartenir, et son personnel, et son directeur dépassé par les événements. Pour cacher le désarroi dans lequel le plongeaient les fantaisies de la vieille, il avait fait inonder l'appartement de fleurs, les dédiant à Maria avec un grand sourire hypocrite. L'infirmière savait très bien qu'Édouard Fouillet était coincé : ou il en passait par les caprices de Tina, ou il encourait les foudres du Grec. A tout hasard, il avait essayé de la flatter, lui faisant des compliments sur l'efficacité de sa thérapeutique, alors qu'on s'apprêtait à nager en pleine folie. Maria n'avait pas répondu à ses avances désespérées, se retranchant froidement derrière la phrase :

« Mme Satrapoulos est une femme remarquable et extrêmement originale. »

Après tout, Maria n'était qu'un instrument dans cette mise en scène à grand spectacle sur laquelle le rideau allait bientôt se lever. Elle soupçonnait que, au-delà de la farce, devait se situer des intérêts dont elle devinait l'importance sans bien en saisir les arcanes. Elle était payée, elle jouerait le jeu, espérant en tirer ultérieurement des avantages, rester par exemple au service permanent de Mme Satrapoulos.

Il y eut un remue-ménage dans l'appartement voisin, des éclats de voix. Sans doute, la décoration qui était imposée pour l'arrivée de l'invitée avait-elle déplu à l'un des artistes maison. Tina croisa ses aiguilles d'un mouvement vif qui les firent cliqueter et, d'instinct, Maria fut sur ses gardes. Mais non, tout allait bien, la vieille était tranquille. C'était stupéfiant, ce changement : quarante-huit heures plus tôt, elle avait vu apparaître une clocharde dépenaillée et puante, et maintenant, elle avait pour vis-à-vis une gentille dame aux cheveux gris, coquette dans sa robe noire, tricotant paisiblement et la regardant avec un bon sourire. Quelle métamorphose! Tout de même, il ne fallait pas trop s'y fier, les volte-face risquant d'être foudroyantes. Maria l'avait appris à ses dépens.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Оптимистка (ЛП)
Оптимистка (ЛП)

Секреты. Они есть у каждого. Большие и маленькие. Иногда раскрытие секретов исцеляет, А иногда губит. Жизнь Кейт Седжвик никак нельзя назвать обычной. Она пережила тяжелые испытания и трагедию, но не смотря на это сохранила веселость и жизнерадостность. (Вот почему лучший друг Гас называет ее Оптимисткой). Кейт - волевая, забавная, умная и музыкально одаренная девушка. Она никогда не верила в любовь. Поэтому, когда Кейт покидает Сан Диего для учебы в колледже, в маленьком городке Грант в Миннесоте, меньше всего она ожидает влюбиться в Келлера Бэнкса. Их тянет друг к другу. Но у обоих есть причины сопротивляться этому. У обоих есть секреты. Иногда раскрытие секретов исцеляет, А иногда губит.

Ким Холден , КНИГОЗАВИСИМЫЕ Группа , Холден Ким

Современные любовные романы / Проза / Современная русская и зарубежная проза / Современная проза / Романы