Читаем Le Lis et le Lion полностью

Un bourgeois du nom de Zannequin commandait les quinze mille hommes des milices de Fumes, de Dixmude, de Poperingue et de Cassel. Voulant prouver qu’il savait les usages, Zannequin adressa un cartel au roi de France pour lui demander jour de bataille. Mais Philippe méprisa ce manant qui prenait des manières de prince, et fit répondre aux Flamands qu’étant gens sans chef ils auraient à se défendre comme ils pourraient. Puis il envoya ses deux maréchaux, Mathieu de Trye et Robert Bertrand, dit « le chevalier au Vert Lion », incendier les environs de Bruges.

Quand les maréchaux rentrèrent ils furent grandement félicités ; chacun se réjouissait de voir au loin de pauvres maisons flamber. Les chevaliers désarmés, vêtus de riches robes, se faisaient visite d’une tente à l’autre, mangeaient sous des pavillons de soie brodée, et jouaient aux échecs avec leurs familiers. Le camp français ressemblait tout à fait au camp du roi Arthur dans les livres à images, et les barons se prenaient pour autant de Lancelot, d’Hector et de Galaad.

Or il arriva que le vaillant roi, qui préférait prévenir plutôt qu’être prévenu, dînait en compagnie, joyeusement, quand les quinze mille hommes de Flandre envahirent son camp. Ils brandissaient des étendards peints d’un coq sous lequel était écrit :

Le jour que ce coq chantera

Le roi trouvé ci entrera.

Ils eurent tôt fait de ravager la moitié du camp, coupant les cordes des pavillons, renversant les échiquiers, bousculant les tables de festin et tuant bon nombre de seigneurs.

Les troupes d’infanterie françaises prirent la fuite ; leur émoi devait les porter sans souffler jusqu’à Saint-Omer, à quarante lieues en arrière.

Le roi n’eut que le temps de passer une cotte aux armes de France, se couvrir la tête d’un bassinet de cuir blanc et sauter sur son destrier pour rassembler ses héros.

Les adversaires, en cette bataille, avaient chacun commis une lourde faute, par vanité. Les chevaliers français avaient méprisé les communaux de Flandre ; mais ceux-ci, afin de montrer qu’ils étaient gens de guerre autant que les seigneurs, s’étaient équipés d’armures ; or, ils venaient à pied !

Le comte de Hainaut et son frère Jean, dont les cantonnements se trouvaient un peu à l’écart, se lancèrent les premiers pour prendre les Flamands à revers et désorganiser leur attaque. Les chevaliers français, rameutés par le roi, purent alors se ruer sur cette piétaille qu’alourdissait un orgueilleux équipement, la culbuter, la fouler aux sabots des lourds destriers, en faire massacre. Les Lancelot et les Galaad se contentaient de pourfendre et d’assommer, laissant leurs valets d’arme achever au couteau les vaincus. Qui cherchait à fuir était renversé par un cheval à la charge ; qui s’offrait à se rendre était dans l’instant égorgé. Il resta sur le terrain treize mille Flamands qui formaient un fabuleux monceau de fer et de cadavres, et l’on ne pouvait rien toucher, herbe, harnais, homme ou bête, qui ne fût poisseux de sang.

La bataille du mont Cassel, commencée en déroute, s’achevait en victoire totale pour la France. On en parlait déjà comme d’un nouveau Bouvines.

Or le vrai vainqueur n’était pas le roi, ni le vieux connétable Gaucher, ni Robert d’Artois, si grande vaillance qu’ils eussent prouvée en s’éboulant comme avalanche dans les rangs adverses. Celui qui avait tout sauvé était le comte Guillaume de Hainaut. Mais ce fut Philippe VI, son beau-frère, qui moissonna la gloire.

Un roi aussi puissant que l’était Philippe ne pouvait plus tolérer aucun manquement de la part de ses vassaux. On envoya donc sommation au roi anglais, duc de Guyenne, de venir rendre hommage et de se hâter.

Il n’est guère de défaites salutaires, mais il est des victoires malheureuses. Peu de journées devaient coûter aussi cher à la France que celle de Cassel, car elle accrédita plusieurs idées fausses : à savoir d’abord que le nouveau roi était invincible, et ensuite que les gens de pied ne valaient rien à la guerre. Crécy, vingt ans plus tard, serait la conséquence de cette illusion.

En attendant, quiconque avait bannière, quiconque portait lance, et jusqu’au plus simple écuyer, considérait avec pitié, du haut de sa selle, les espèces inférieures qui s’en allaient à pied.

Cet automne-là, vers le milieu du mois d’octobre, Madame Clémence de Hongrie, la reine à la mauvaise fortune qui avait été la seconde épouse de Louis Hutin, mourut à trente-cinq ans, en l’ancien hôtel du Temple, sa demeure. Elle laissait tant de dettes qu’une semaine après sa mort tout ce qu’elle possédait, bagues, couronnes, joyaux, meubles, linge, orfèvrerie, et jusqu’aux ustensiles de cuisine, fut mis aux enchères sur la demande des prêteurs italiens, les Bardi et les Tolomei.

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