Les
premiers Grecs critiquèrent le panthéon des dieux de Homère, car ils ressemblaient par trop aux hommes et étaient aussi égoïstes et inconstants qu'eux. Pour la première fois il apparut que les mythes ne mettaient pas en scène autre chose que les hommes.Nous
trouvons un premier regard critique sur le mythe chez le philosopheC
'est justement vers cette époque que les Grecs fondèrent des cités en Grèce, mais aussi des colonies dans le sud de l'Italie et en Asie Mineure. Les esclaves accomplissaient toutes les tâches matérielles et les citoyens libres avaient tout loisir de s'intéresser à la vie politique et culturelle.Dans
les grandes villes, on vit naître une nouvelle manière de penser. Un individu isolé avait le droit de s'interroger sur l'organisation de la société. De la même façon, chacun pouvait se poser des questions d'ordre philosophique sans avoir recours à la tradition des mythes.Nous
dirons que nous sommes passés d'un mode de pensée mythique à un mode de pensée fondé sur l'expérience et la raison. Le but des premiers philosophes grecs fut en effet de trouver desSophie se mit à arpenter le grand jardin en essayant d'oublier tout ce qu'elle avait appris à l'école. Surtout ce qu'on lui avait enseigné en sciences naturelles.
Et si elle avait grandi dans ce jardin sans jamais avoir rien appris sur la nature, dans quel état d'esprit aurait-elle perçu l'arrivée du printemps?
Est-ce qu'elle aurait imaginé tout un scénario pour expli quer un jour la pluie ? Et inventé toute une histoire pour justi fier la disparition de la neige ou le mouvement ascendant du Soleil dans le ciel ?
Certainement, elle en était persuadée. Là-dessus, elle com mença à laisser flotter son imagination :
... L'hiver tenait tout le pays emprisonné dans sa main gelée parce que le méchant Muriat avait jeté la belle princesse Sikita dans un cachot glacial. Mais un jour le prince coura geux Bravato venait la délivrer. Alors Sikita dansa de joie sur les prairies en chantant un air qu'elle avait composé dans sa prison glaciale. Et la terre et les arbres étaient si émus que toute la neige fondit en larmes. Le Soleil monta dans le ciel et sécha tous les pleurs. Les oiseaux reprirent le chant de Sikita et lorsque la belle princesse défit ses cheveux, quelques boucles tombèrent sur le sol et se transformèrent en lys dans les champs...
Sophie trouva qu'elle avait inventé une belle histoire. Si elle n'avait pas eu d'autres explications sur le changement des saisons, elle aurait sans aucun doute fini par croire ce qu'elle venait d'inventer.
Elle comprit que, de tout temps, les hommes avaient eu besoin d'expliquer les phénomènes naturels. Peut-être ne pouvaient-ils pas s'en passer? Alors, comme la science n'existait pas à cette époque, ils avaient créé des mythes.
Les
philosophes de la natureQuand sa mère rentra du travail dans l'après-midi, Sophie se balançait dans le jardin et tentait d'établir un lien entre le cours de philosophie et Hilde MOller Knag qui ne recevrait jamais la carte d'anniversaire de son père.
Sophie ! cria sa mère de loin. Il y a une lettre pour toi!
Elle tressaillit. Elle avait déjà été prendre le courrier tout à l'heure, ce ne pouvait être qu'un coup du philosophe. Qu'allait-elle dire à sa mère?
Lentement Sophie quitta la balancelle et alla chercher sa lettre.
Il n'y a pas de timbre. Je parie que c'est une lettre d'amour.