Elle eut tôt fait de construire une grande maison de pou pée. Elle n'osait pas trop s'avouer que ça faisait longtemps qu'elle ne s'était pas autant amusée. Au fait, pourquoi en grandissant s'arrêtait-on un jour déjouer?
Sa mère rentra et, en voyant ce que Sophie avait fabriqué, laissa échapper :
— Ah î ça me fait plaisir de voir que tu sais encore jouer comme une petite fille !
— Mais non ! J'essaie de me livrer à quelques expériences philosophiques assez difficiles.
Sa mère soupira profondément. Elle devait sans doute repenser à cette histoire de lapin blanc et de chapeau haut de forme.
En revenant de l'école le lendemain, Sophie reçut à nou veau plusieurs feuilles dans une grande enveloppe jaune. Elle prit l'enveloppe et monta dans sa chambre. Elle voulait d'une part tout de suite lire ce qui était écrit et d'autre part surveiller la boîte aux lettres.
La
théorie de l'atomeCoucou
, Sophie ! Tu vas entendre parler aujourd'hui du der nier grand philosophe de la nature. Il s'appelaitDémocrite
était d'accord avec ses prédécesseurs pour dire que les changements observables dans la nature n'étaient pas la conséquence d'une réelle « transformation ». Il sup posa donc que tout devait être constitué de minuscules élé ments de construction, chacun, pris séparément, étant éter nel et immuable. Démocrite appela ces infimes parties desLe
terme grec a ton oc signifie « indivisible ». Il s'agissait pour Démocrite d'établir que ce qui est la base de toute la construction du monde ne peut pas se subdiviser indéfiniment. On ne pourrait pas sinon s'en servir comme éléments de construction. En effet, si les atomes pouvaient être cassés et divisés en parties de plus en plus petites, la nature finirait par perdre toute consistance et ressembler à une soupe de plus en plus diluée.Les
éléments de construction de la nature devaient d'autre part être éternels, car rien ne naît du néant. Démocrite rejoi gnait sur ce point Parménide et les Éléates. D croyait que tous tes atomes devaient être solides et massifs sans pour autant être les mêmes. Car si tous les atomes étaient identiques, il n'yaurait
pas d'explication satisfaisante pour rendre compte de la variété de formes aussi différentes entre elles que la violette, l'olivier, la peau de chèvre ou les cheveux humains.Démocrite
pensait qu'il y avait une infinité d'atomes dans la nature. Certains étaient ronds et lisses, d'autres rugueux et crochus. Et c'est justement parce qu'ils avaient des formes différentes qu'ils pouvaient s'assembler en d'infinies variantes. Mais ils avaient beau être innombrables et diffé rents les uns des autres, ils étaient tous éternels, immuables et indivisibles.Quand
un corps, prenons l'exemple d'un arbre ou d'un ani mal, meurt et se décompose, les atomes se dispersent et peuvent se regrouper pour former de nouveaux corps. Les atomes en effet bougent dans l'espace, mais parce que certains ont des « crochets » ou des « dents », ils s'accrochent les uns aux autres pour former les choses qui nous entourent.