Pendant les quelques secondes nécessaires pour lire cette seule phrase vont naître sur terre quarante humains mais surtout sept cents millions de fourmis. Depuis plus de cent millions d'années avant nous, elles sont là, réparties en légions, en cités, en empires sur toute la surface du globe. Iles ont créé une civilisation parallèle, bâti de véritables royaumes, inventé les armes les plus sophistiquées, conçu tout un art de la guerre et de la cité que nous sommes loin d'égaler, maîtrisé une technologie stupéfiante. Elles ont leur propre Attila, Christophe Colomb, Jules César, Machiavel ou Léonard de Vinci. Le jour des fourmis approche. Le roman pas comme les autres nous dit pourquoi et nous plonge de manière saisissante dans un univers de crimes, de monstruosités, de guerres tel que nous n'en avons jamais connu. Au-delà de toute imagination. Il nous fait entrer dans le monde des infraterrestres. Attention où vous mettrez les pieds. Après avoir lu ce roman fascinant, vous risquez de ne plus regarder la réalité de la même manière.
Современная русская и зарубежная проза18+Bernard WERBER
Les Fourmis
1 L'éveilleur
Le notaire expliqua que l'immeuble était classé monument historique et que des vieux sages de la Renaissance l'avaient habité, il ne se rappelait plus qui.
Ils prirent l'escalier, débouchèrent sur un couloir sombre où le notaire tâtonna longuement, actionna en vain un bouton avant de lâcher:
– Ah zut! Ça ne marche pas.
Ils s'enfoncèrent dans les ténèbres, palpant les murs à grand bruit. Lorsque le notaire eut enfin trouvé la porte, l'eut ouverte et eut appuyé, cette fois avec succès, sur l'interrupteur électrique, il vit que son client avait une mine décomposée.
– Ça ne va pas, monsieur Wells?
– Une sorte de phobie. Ce n'est rien.
– La peur du noir?
– C'est cela. Mais ça va déjà mieux.
Ils visitèrent les lieux. C'était un sous-sol de deux cents mètres carrés. Bien qu'il n'ouvrît sur l'extérieur que par de rares soupiraux, étroits et situés au ras du plafond, l'appartement plut à Jonathan. Tous les murs étaient tapissés d'un gris uniforme, et il y avait de la poussière partout… Mais il n'allait pas faire le difficile.
Son appartement actuel faisait le cinquième de celui-ci. En outre, il n'avait plus les moyens d'en payer le loyer; l'entreprise de serrurerie où il travaillait avait décidé depuis peu de se passer de ses services.
Cet héritage de l'oncle Edmond représentait vraiment une aubaine inespérée.
Deux jours plus tard, il s'installait au 3, rue des Sybarites avec sa femme Lucie, leur fils Nicolas et leur chien Ouarzazate, un caniche nain coupé.
– Moi, ça ne me déplaît pas, tous ces murs gris, annonça Lucie en relevant son épaisse chevelure rousse, On va pouvoir décorer comme on veut. Il y a tout à faire ici. C'est comme si on devait transformer une prison en hôtel.
– Où est ma chambre? demanda Nicolas.
– Au fond à droite.
– Ouaf, ouaf, fit le chien, et il se mit à mordiller les mollets de Lucie sans tenir compte du fait qu'elle avait dans les bras la vaisselle de son mariage.
Du coup, il fut promptement bouclé dans les toilettes; à clé, car il sautait jusqu'aux poignées de porte et savait les actionner.
– Tu le connaissais bien, ton oncle prodigue? reprit Lucie.
– L'oncle Edmond? En fait, tout ce dont je me souviens c'est qu'il me faisait l'avion quand j'étais tout petit. Une fois ça m'a fait très peur, au point que je lui ai pissé dessus. Ils rirent.
– Déjà froussard, hein? le taquina Lucie.
Jonathan fit celui qui n'avait rien entendu.
– Il ne m'en a pas voulu. Il ajuste lancé à ma mère: «Bon, on sait déjà qu'on n'en fera pas un aviateur…». Par la suite, Maman me disait qu'il suivait avec attention mon parcours de vie, mais je ne l'ai plus revu.
– Quel était son métier?
– C'était un savant. Un biologiste, il me semble.
Jonathan demeura songeur. Finalement, il ne connaissait même pas son bienfaiteur.
A
6 km de là
BEL-0-KAN,
1 mètre de haut.
50 étages sous le sol.
50 étages au-dessus du sol.
Plus grande ville de la région.
Population estimée: 18 millions d'habitants.
Production annuelle
– 50 litres de miellat de puceron.
– 10 litres de miellat de cochenille.
– 4 kilos de champignons agaric.
– Gravier expulsé: 1 tonne.
– Kilomètres de couloirs praticables: 120.
– Surface au soi: 2 m2