Plus jamais ne prierai,Plus jamais ne riraiAvec leurs boniments.Ils ont tué mon amant.Le bourdon peut sonner,Le curé, marmonner.C'est pas ça qui le feraRevenir dans mes bras.D'un petit air réfléchiEt la voix décidée,Il a dit: "Allons-y!Faut défendre ses idées!"Mais, malgré sa grande gueuleEt ses yeux qu'il planquait,Je n'étais pas toute seuleA chiâler sur le quai…Miséricorde!Miséricorde!Les petites croix blanchesOnt des dimanchesQui ne sont pas gais.Le ciel bleu d'un petit balDu côté de BougivalDans mes yeux étonnésContinue de tourner…Rien qu'à voir les péniches,On rêvait de voyager.Pour ceux qui ne sont pas riches,Il suffit de rêver:Le jardin qu'on auraitSerait plein de lilas…Et le gosse qu'on auraitS'appellerait Jean-François…Les beaux rêves sont gratuits.Moi, le seul qui me reste,C'est l'odeur de sa vesteQuand je dansais contre lui.'y a plus que ça qui me rapprocheDe celui que j'adoraisMais la vie est si mocheQue même ça, je l'oublierai…Miséricorde!Miséricorde!Miséricorde!
Mon amant de la coloniale
Paroles: Raymond Asso. Musique: Juel 1936
Il était fort et puis si tendreQue, dès notre première nuit,Je sentais que je ne pourrais plus me reprendre,Et pour toujours, j'étais à lui.Je voyais toutes les femmes lui sourire.Moi, je me cramponnais à son brasEt je les regardais comme pour leur dire:"Il est à moi, et je l'lâche pas!"C'était un gars de la Coloniale.Il avait là, partant du frontEt descendant jusqu'au menton,Une cicatrice en diagonale,Des cheveux noirs, des yeux si pâles,La peau brûlée par le soleil.J'en ai plus jamais vu de pareilsA mon amant de la Coloniale.Des fois, quand il avait la fièvre,Il parlait trop et j'avais peur.Je mettais la main sur ses lèvresPour pas connaître le fond de son cœurCar je sentais que, dans son âme,Y avait des larmes et du cafard.Longtemps, j'ai cru que c'était une femme.Quand j'ai compris, c'était trop tard…Lorsque j'ai connu ma rivale,Alors j'ai serré fort mes brasPour que cette grande garce de la ColonialeLui foute la paix et ne me le vole pasEt lui, il m'avait dit: "Je reste"Mais un beau jour, il est repartiVers ce pays que je détesteDont il rêvait souvent la nuit.C'était un gars de la Coloniale.Il portait là, partant du frontEt descendant jusqu'au menton,Une cicatrice en diagonale.Je reverrai plus ses beaux yeux pâles,Ses yeux qui n'ont pas leur pareil.Il est reparti vers son soleil,Mon bel amant de la Coloniale…