Читаем Les pistolets de Sans Atout полностью

– Tout n'est pas perdu, dit l'inspecteur. Sinon, à quoi servirait la police? Est-ce que M. Skinner recevait du monde, avait des amis?

– Non, répondit fermement Miss Mary. Il était trop absorbé par son travail. A l'usine, bien sûr, il était en contact avec des tas de gens; mais ici, il ne voyait personne. En revanche, il se confiait volontiers. Il était très fier de son invention. Peut-être a-t-il commis une imprudence.

– C'est certain, approuva Morrisson. Il a fort bien pu raconter qu'il avait pris des billets pour aller au concert; ce n'était pas un secret. Mais on peut aussi admettre qu'il était surveillé depuis un certain temps.

«Oui, pensa François. Il voit juste. C'est cela le nœud de l'affaire.»

– Je vais pousser l'enquête du côté de l'usine, reprit Morrisson. M. Skinner était forcément en contact avec des secrétaires, des téléphonistes… Souvent, c'est un personnage tout à fait subalterne qui est à l'origine d'une fuite.

Il se leva, remercia Miss Mary, non sans cérémonie, et rejoignit ses hommes dans, le bureau.

– A dix heures, nous irons à l'hôpital, dit Miss Mary.

François profita de ce répit pour écrire à ses parents. D'habitude, il rédigeait à la diable, selon l'inspiration du moment. Mais, cette fois, il lui fallait parler de son séjour à la fois sans mentir et sans dire la vérité. Il savait qu'on lirait entre les lignes, que sa mère s'écrierait: «François nous cache quelque chose. Il est peut-être malade.» Alors, il s'efforça d'être enjoué, de raconter des banalités; s'il s'était écouté, il aurait laissé courir sa plume: Je fais une enquête… Il y a eu un vol… La police nage… Cet après-midi, j'irai à Scotland Yard… Mais il s'obligeait à écrire: Il pleut beaucoup. La gouvernante, Mrs. Humphrey, prétend que c'est tous les ans la même chose… Il se relut. Le résultat n'était pas fameux. Il ajouta un post-scriptum hypocrite: Nous sortirons beaucoup. Ne vous étonnez pas si je ne vous envoie que des lettres très courtes… Après réflexion, il jugea utile un second post-scriptum, destiné à soutenir le moral de la famille: Mes progrès en anglais s'annoncent formidables. L'épreuve était heureusement terminée. Quand il descendit, l'équipe du laboratoire était partie, mais l'inspecteur continuait à examiner le bureau.

– J'ai fait enlever les automates, expliqua-t-il à Miss Mary. Ils sont en lieu sûr et il n'y a plus rien à voler ici. Vous n'avez donc à redouter aucun retour offensif de nos adversaires. Je passerai à l'hôpital avant midi… Dites bien, de votre côté, à M. Skinner que nous avons la situation en main, qu'il ne s'inquiète pas.

«Jolie formule, pensa François. La situation en main! Alors qu'il ne possède même pas la moitié du quart du commencement d'une piste.»

Bob bouillait d'impatience. Enfin, la voiture de Miss Mary démarra. C'était une belle machine, avec un intérieur bois et cuir, dans la tradition anglaise.

– Qu'est-ce que c'est, comme marque?

– Une Daimler. Elle remplacera avantageusement la vieille Morris de Jonathan. J'aime les voitures spacieuses.

Miss Mary conduisait bien, comme elle faisait toute chose. Personne ne parla pendant le trajet. Dans quel état allait-on trouver le blessé? Bob se rongeait les ongles et Miss Mary, malgré son sang-froid, paraissait tendue. L'hôpital était neuf. Il avait sans doute été reconstruit, comme tant d'autres bâtiments, après les bombardements. Miss Mary parlementa. Une infirmière indiqua le chemin à suivre; la chambre était au rez-de-chaussée. Tout se passait comme en France. Maître Robion avait été opéré de l'appendicite, quelques années auparavant, et François retrouvait ici les mêmes couloirs interminables, la même odeur de propreté et de maladie, les mêmes chariots chargés de fioles tintantes. Il fallut attendre dans un petit salon uniquement meublé de banquettes. Il y avait des affiches: Donnez votre sang. On vint chercher Miss Mary.

– Attendez-moi là, dit-elle.

Bob ne pouvait rester en place. Il allait, venait, s'arrêtait devant les affiches, repartait, regardait l'heure à sa montre.

– C'est tout de même incroyable, dit-il. Pour quoi est-ce que je compte, moi? Je suis le fils, oui ou non?

Mais il cessa de grommeler quand Miss Mary reparut, accompagnée d'un médecin en blouse blanche.

– Ah! Voici notre jeune ami, dit le médecin, en s'avançant vers François.

– Ce n'est pas lui, c'est moi! protesta Bob. Alors?

– Eh bien, comme je viens de l'expliquer à Madame, M. Skinner est assez sérieusement touché. Mais nous le sauverons. La malchance a voulu que la balle aille se loger tout près du cœur et l'opération sera extrêmement délicate. Surtout que M. Skinner a perdu beaucoup de sang. Pour le moment, il ne doit pas bouger, car nous ne voulons courir aucun risque.

– Mais…, il n'est pas paralysé? s'écria Bob.

– Non… Pas du tout… Seulement, s'il se levait, il s'exposerait probablement à de nouvelles hémorragies. Dans le doute, il vaut mieux prendre des précautions sévères. En revanche, il peut parler. Vous allez le voir.

Il les précéda, ouvrit une porte.

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