Читаем Les pistolets de Sans Atout полностью

Se pinçant l'autre oreille, Morrisson revint au milieu du bureau, et soudain aperçut, sous le fauteuil, une sorte de tube de métal. Aussitôt, comme un chasseur qui s'apprête à capturer, par surprise, une proie étourdie, il se mit à genoux, tira son mouchoir et saisit délicatement l'objet.

– Une lampe électrique, dit-il. Je crains qu'elle ne nous apprenne pas grand-chose. Ces boîtiers guillochés ne retiennent pas les empreintes. Je l'enverrai quand même au laboratoire… Décrivez-moi l'homme qui s'est présenté ici, après le déjeuner.

Mais Bob n'était pas très fort pour les descriptions.

– Blond, tirant sur le roux, résuma Morrisson, barbe, moustache, les yeux clairs, des taches de rousseur… En somme, le signalement de quelques centaines de milliers d'individus. Bon. Autre chose: votre cambrioleur est-il resté longtemps dans cette pièce?

– Non, dit Bob. Je ne dormais pas. Mrs. Humphrey non plus. C'est la gouvernante; elle couche juste au-dessus du bureau. Nous avons entendu du bruit et nous sommes aussitôt sortis dans le couloir.

Le téléphone sonna. Ils sursautèrent tous les trois et, d'un même mouvement, entourèrent l'appareil. L'inspecteur décrocha. Il écouta longtemps, hochant la tête à petits coups, comme un professeur qui encourage un élève timide. Des éclats de voix sortaient de l'écouteur, mais il était impossible de saisir une parole.

– C'est bien, dit enfin Morrisson. Revenez me chercher. Merci.

– Alors? interrogea Bob, impatiemment. Le policier parut prendre la mesure du garçon, puis il lui mit une main sur l'épaule.

– Il est blessé, dit-il. Vous aviez raison. Il a été attaqué là-bas… Mais rassurez-vous. Une ambulance est déjà sur place. Nous faisons le nécessaire.

– C'est grave?

– Pour le moment, on n'en sait rien. Ce qui est établi, c'est qu'on l'a abattu, dévalisé et poussé dans la tranchée… Nous avons affaire à des gens résolus et qui paraissent diablement dangereux.

Bob était au bord des larmes, mais il luttait vaillamment.

– Je pourrai le voir? murmura-t-il d'une voix enrouée.

– Bien sûr. Mais pas avant demain. Il doit être maintenant en route pour l'hôpital. Croyez-moi, tout le possible sera fait. On le tirera de là, n'ayez pas peur. Cette invention…, je suppose qu'elle vaut beaucoup d'argent?… Je ne me rends pas bien compte.

– Beaucoup, dit Bob. M. Merrill vous renseignera mieux que moi.

– Demain, passez à Scotland Yard en début d'après-midi. Je vous montrerai des photographies d'individus ayant plus ou moins trempé dans des affaires d'espionnage industriel et dont le signalement correspond à celui de votre visiteur. Vous essaierez de le reconnaître… Ça ne donnera sans doute rien, mais on ne doit rien négliger. Les indices sont tellement minces! Une voiture stoppa devant la grille.

– Je vous laisse, dit Morrisson. Un conseil: prenez un somnifère, tous les deux, et tâchez de dormir.

– Je pourrais peut-être téléphoner à l'hôpital? suggéra Bob.

– Il est trop tôt, et, de toute façon, vous n'aurez aucune réponse précise. Mon garçon, la vie vous apprendra que savoir attendre est une des formes du courage… Bonsoir… Ah! La lampe électrique que j'oubliais.

Il traversa le vestibule, se retourna:

– L'équipe du laboratoire viendra de bonne heure… Laissez. Je connais le chemin.

Bob referma la porte.

– Je savais bien que cette maudite invention nous empoisonnerait l'existence!

François faisait le bilan, pesait le pour et le contre. Impossible de repartir en laissant seul son camarade. Mais bien délicat de rester et d'être vite, par la force des choses, un gêneur. Bob devina les scrupules de François.

– Je t'en prie, dit-il, j'ai besoin de toi. D'ailleurs, la police nous tient, tous les deux, et elle ne va pas nous lâcher tant que durera l'enquête.

– Mais… Miss Margrave devrait peut-être venir? Est-ce que sa place n'est pas ici, maintenant?

Bob se frappa le front.

– Ah! Je l'avais complètement oubliée. Heureusement que tu es là. Viens! Je la préviens tout de suite.

– Il est près de minuit.

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