Читаем Les pistolets de Sans Atout полностью

– Il a emporté le dossier, murmura Bob. C'est sûrement le type qui est venu après déjeuner.

Accablé, il déposa son pistolet sur la table et s'assit. Pour lui, il n'y avait plus rien à faire. Pour François, au contraire, l'enquête commençait, car un détail bizarre retenait toute son attention: le trousseau de clefs. Comment ce trousseau, grâce auquel le voleur avait successivement ouvert la grille, la porte d'entrée et l'armoire, se trouvait-il en sa possession. Il avait bien fallu qu'il le dérobe; mais quand et comment? Le plus simple était d'avertir M. Skinner; donc, de téléphoner chez M. Merrill.

– Bob… Tu dois tout de suite mettre ton père au courant. Il est certainement encore chez M. Merrill.

– Ah! C'est vrai, dit Bob. Ça va lui faire un drôle de choc.

Il forma le numéro d'une main tremblante.

– Je crois que j'ai un peu de fièvre… Allô. Du menton, il fit signe à François de prendre l'écouteur.

– Allô?… Monsieur Merrill?… Bonsoir, monsieur. Ici, Bob Skinner… Est-ce que je pourrais parler à mon père?

– Votre père?… Mais il n'est pas ici!

– Comment?… Vous l'avez appelé pour lui demander de…

– Moi?… Pas du tout.

– Voyons! Il n'a pas pu nous accompagner au concert justement à cause de ce nouveau rendez-vous.

– Je ne comprends pas. M. Skinner est resté avec moi une partie de l'après-midi. Je n'allais pas le rappeler une heure après.

– Alors, où est-il?

– Je ne sais pas. Mais il ne va sans doute pas tarder à rentrer.

– C'est que…

Bob plaqua l'appareil contre sa poitrine et s'adressa à François:

«Je n'ose pas lui parler du classeur. Il pourrait croire que mon père a été négligent.»

Revenant à son interlocuteur, il dit:

«Oui. Vous avez raison. Je m'excuse de vous avoir dérangé. Bonsoir, monsieur Merrill.»

Lentement, il raccrocha, et, prenant à témoins François et Mrs. Humphrey, il demanda, d'une voix épuisée:

– Qu'est-ce qu'on peut faire?

– Ce qu'on peut faire? s'écria impétueusement François. Mais il faut prévenir la police.

– Et si papa n'est pas d'accord, quand il reviendra…

– Mais il ne reviendra pas.

François regretta aussitôt sa répartie, car il vit se décomposer le visage de Bob.

– Soyons bien calmes, reprit-il. Et récapitulons. Cet après-midi, en l'absence de ton père, un homme se présente, qui vient certainement pour repérer les lieux… Bon. Plus tard, quelqu'un téléphone… Rappelle-toi… La communication était mauvaise… «Parlez plus fort, disait ton père. Je ne reconnais pas votre voix»… Ça signifie quoi? Que l'individu qui appelait se faisait passer pour M. Merrill. Et pourquoi?… Pour attirer ton père dans un piège et lui voler ses clefs. Il n'y a pas d'autre explication.

– Tu veux dire?

– Dame! Réfléchis! L'occasion était magnifique. Le type en question savait, je ne sais pas comment, que nous étions au concert. Ton père étant retenu quelque part, peut-être par des complices, il n'y avait plus à la maison que Mrs. Humphrey. Grâce aux clefs volées, il devenait facile de se servir… Ce qui n'était pas prévu, c'est que nous reviendrions si tôt.

Les faits s'ordonnaient logiquement et dictaient la conduite à suivre. Bob reprit le téléphone et forma le numéro de la police, qui était marqué au centre du disque, sur une pastille blanche: Emergency 9.9.9.

– Allô? C'est au sujet de… Ah bon! Monsieur Skinner, à Hastlecombe. Oui, c'est au sujet d'un cambriolage… Des papiers très importants ont été volés… Non, je suis son fils… Mon père a disparu… Pardon?… Pas du tout. S'il n'est pas rentré, c'est probablement qu'il a été attaqué… Je vous en prie… Oui, j'ai compris… l'inspecteur Morrisson… Merci.

Il reposa le combiné sur sa fourche et, se tournant vers Mrs. Humphrey:

– La police va arriver, Mrs. Humphrey. Il faut aller vous reposer.

– Vraiment? Vous n'avez besoin de rien? Une tisane? Un grog?… Je ne peux pas vous laisser dans l'état où vous êtes.

– Mais si. Ça ira, je vous assure.

– J'espère qu'ils comprendront qu'un cambriolage, ici, ce n'est pas très convenable.

Elle sortit dignement.

– Elle est dévouée, murmura Bob, mais elle est d'un autre âge… Je pense à mon père. Qu'est-ce que tu crois, au juste?… On lui a sauté dessus? On l'a frappé?

François avait si bien pris la situation en main que Bob était prêt à accepter les yeux fermés toutes les hypothèses qu'il pourrait désormais proposer. François s'efforça de le rassurer.

– Il a suffi, à mon avis, de le menacer. On l'a forcé à vider ses poches.

– Mais après… Il aurait eu le temps de donner signe de vie.

– Tu penses bien qu'on l'en a empêché… On l'a peut-être enfermé quelque part… Ce que je m'explique mal, c'est comment on a pu l'obliger à sortir de sa voiture.

– Ça, c'est facile, au contraire, dit Bob. La rue où habite M. Merrill est barrée, pour le moment. Il y a une énorme tranchée où l'on place des tuyaux, des câbles. Il faut donc garer sa voiture assez loin et faire le reste du trajet à pied. De plus, les réverbères de la rue sont éteints pendant la durée des travaux.

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