Читаем Les pistolets de Sans Atout полностью

La station était à deux pas. Il eut quelque peine à se faire comprendre du conducteur, quand il lui donna l'adresse, et pensa: «Voilà Sans-Atout obligé de reparaître et de se débrouiller tant bien que mal!»

Le trajet dura longtemps. Bob, comprimant son estomac, poussait parfois un gémissement.

– Je m'en souviendrai de la tarte aux prunes, dit-il quand le taxi stoppa. Non. Laisse-moi payer. Je me sens un peu mieux.

Ils traversèrent le jardin en silence. La maison était plongée dans une complète obscurité.

– Mrs. Humphrey est déjà au lit, reprit Bob. Quand nous sortons, elle en profite.

Ils refermèrent la porte et se dirigèrent vers la cuisine. Une voix, venue du premier étage, les arrêta.

– C'est vous, monsieur Bob?

– Oui. Ne vous dérangez pas. Le spectacle s'est terminé plus tôt que prévu.

François fouilla dans la pharmacie, tandis que Bob emplissait d'eau un verre. Il fit fondre deux comprimés.

– J'ai bien cru que j'allais tourner de l'œil. Ce que ça peut rendre malade! Heureusement, mon père n'est pas de retour. Sinon, qu'est-ce que j'entendrais! Tu as été très chic, François.

– Eh bien, au lit, maintenant.

Un quart d'heure plus tard, François éteignit la lumière. Ouf! Il avait eu peur. Son séjour en Angleterre commençait bien mal! Ils étaient bizarres, ces Skinner! Il essaya de se remettre en mémoire cette journée, mais il coula à pic dans le sommeil.

Il lui fallut un long moment pour reprendre ses esprits. Quelqu'un le serrait par le bras. C'était Bob. Et Bob disait quelque chose de complètement absurde:

– Il y a un voleur en bas.

Le classeur rouge

– Quoi?

– Chut! Je te dis qu'il y a un voleur. -,; François se dressa sur un coude.

– Tu es sûr?

– J'ai entendu du bruit dans le bureau. Je ne pouvais pas dormir.

– C'est ton père.

– Non, justement. Viens voir… N'allume pas, surtout.

Bob traversa la chambre à tâtons et ouvrit avec précaution les volets. François le rejoignit sur la pointe des pieds. La nuit était noire et mouillée. Il se pencha sur l'appui de la fenêtre et vit aussitôt une lueur qui provenait du bureau de l'ingénieur. C'était un reflet intermittent, furtif, qui ne laissait aucun doute. Quelqu'un fouillait et s'éclairait avec une lampe de poche.

– Si c'était mon père, souffla Bob, tu penses bien qu'il allumerait l'électricité.

– Il est quelle heure? demanda François.

– Neuf heures et demie.

Que faire? Le téléphone se trouvait dans le bureau, donc hors d'atteinte. Si l'homme était armé, il était dangereux de le démasquer.

– J'y vais, dit Bob.

– Reste tranquille!

– Je ne laisserai pas dépouiller mon père. On veut lui voler son invention.

– Et moi, je ne veux pas qu'on te fasse du mal.

Evidemment, c'étaient les marionnettes qui étaient visées. Cela, François l'avait tout de suite compris. Mais raison de plus pour ne pas agir à la légère. Bob s'éloigna brusquement de la fenêtre. François n'eut que le temps de le ceinturer.

– Bouge pas, idiot.

– Lâche-moi. Papa a le droit de compter sur moi!

Bob se dégagea et sortit dans le corridor. François courut derrière lui. La vieille Mrs. Humphrey apparut au même instant; elle achevait de passer une robe de chambre et semblait affolée.

– Il y a quelqu'un dans le bureau, chuchota-t-elle.

– On le sait, jeta Bob.

– Arrête! cria François. Arrête!

C'était la seule solution: faire du bruit, le plus de bruit possible, pour alerter le cambrioleur et le mettre en fuite. Il descendit l'escalier derrière Bob, en heurtant chaque marche de tout son poids. Bob arrivait déjà au rez-de-chaussée. Au lieu d'ouvrir la porte du bureau, il poussa celle du salon et alluma le lustre. Il s'empara des pistolets de duel, en tendit un à François. Au même instant, ils entendirent courir dans le bureau. Une fenêtre fut ouverte violemment.

– Vite, dit Bob. Il est dans le jardin. Allume le vestibule.

François tâtonna, tourna le bouton. La porte d'entrée était grande ouverte. La lumière dessina, sur l'allée, un long rectangle jaune.

– Là-bas! cria Bob.

François aperçut une ombre, qui se confondit avec celle de la grille. Bob leva son bras armé. La détonation fut si violente qu'il recula de deux pas.

– A toi! hurla-t-il. Tire… Tire… François, visant au hasard, appuya sur la détente. Il ne se produisit qu'un claquement sec. Le second pistolet n'était pas chargé. Un moteur se mit à ronfler, dans la rue.

– C'est raté, dit Bob. Il file.

Les deux garçons galopèrent jusqu'à la grille entrouverte. La voiture était hors de vue quand ils débouchèrent sur le trottoir.

– Je crois qu'il vaut mieux que tu l'aies manqué, dit François. Tu vois les complications!

– Je ne sais pas ce qui m'a pris, avoua Bob. Je n'ai pas réfléchi.

Ils remontèrent l'allée, après avoir refermé la grille. Mrs. Humphrey les attendait sur le perron.

– Rentrez vite. Vous allez attraper froid.

Vous êtes verts. Mon Dieu! Un cambriolage!

Ce n'est pas possible… Bob l'écarta et entra dans le bureau.

– Viens voir!

L'armoire était ouverte. A la serrure, pendait le trousseau de clefs de M. Skinner. Le classeur rouge avait disparu.

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