Toujours là, la foule anonyme et vorace, qui, le lendemain des obsèques discrètes de Concini, s’en va déterrer son cadavre, le suspend à un gibet au Pont-Neuf, puis se met à le découper en morceaux qui sont distribués même aux enfants ; ils s’en vont un peu plus loin, tenter de les brûler. Certains charognards en emportent même chez eux afin de les exhiber comme un trophée. On cherche comment éliminer Leonora Galigaï. Quel motif trouver ? On se rappelle qu’elle avait fait ouvrir vivantes des volailles qu’elle mettait sur sa tête pour guérir de ses migraines. Sorcellerie ! Le mot est lâché, et la sentence arrive tout aussitôt : la mort par décapitation ! L’exécution a lieu en place de Grève le 8 juillet 1617. Innombrable la foule ! Prête aussi à la dépecer, après... Mais il se passe un phénomène étrange : Leonora Galigaï se montre digne et forte devant la mort, elle étonne. En regardant la foule, elle murmure : « Tant de personnes ici pour une pauvre malheureuse ! » Le bourreau prépare ses instruments. Leonora attend, et sa façon d’être sereine, patiente et résignée lui gagne la sympathie de cette foule qui la haïssait. Elle meurt admirée ! Ce qui ne l’empêche pas d’être brûlée immédiatement après sur le bûcher qui a été préparé à cet effet. Ses cendres sont dispersées au vent.
Louis XIII, au début de son règne véritable – après l’assassinat de Concini – est un jeune roi qui aime chantonner, qui plaisante et sourit à tout le monde. Les soucis, le poids du pouvoir le plongeront bientôt dans une mélancolie dont il ne sortira guère. Après avoir chassé Richelieu qui faisait partie de l’entourage des Concini, il va, sur les conseils de sa mère, le prendre à son service. Et les deux hommes agiront comme s’ils n’étaient qu’un seul !
Les relations entre le jeune roi et le cardinal sont d’abord perturbées par l’assassinat de Concini, l’influence de Charles de Luynes, et par la guerre que se livrent la mère et le fils. Mais Richelieu rentre en grâces par l’entremise de Marie de Médicis. Ainsi naîtra l’un des tandems politiques les plus efficaces qu’ait connu la France.
« Allez ! Otez-vous d’ici, sortez ! » Ce sont les paroles de Louis XIII à Richelieu qui vient se présenter à lui après l’assassinat de Concini. Louis XIII se méfie de ce personnage qui sut plaire à Leonora Galigaï et servit si bien Concini. Il veut faire place nette, au point qu’il exile sa mère Marie de Médicis à Blois, Richelieu la suit, mais préfère ensuite se retirer en son prieuré de Coussay, près de Loudun, où il commence immédiatement la rédaction de deux livres : le premier
Louis XIII pendant ce temps gouverne avec Charles de Luynes, son fidèle compagnon, celui qui fut si convaincant lors du projet d’élimination de Concini ! Luynes en est fort bien récompensé. Le voici maréchal de France le 23 mai 1617. Plus tard, il va s’approprier une grande partie des biens de Concini ! Les barbons, anciens conseillers d’Henri IV, ont été rappelés au Conseil du roi. Avec Luynes, ils vont tenter de gouverner une France qu’en raison de leur manque de clairvoyance et d’efficacité, il leur est difficile de stabiliser.