« Aurait pu mieux faire »… Telle pourrait être l’appréciation portée dans le dossier scolaire du jeune Louis XIII. Il faudrait ajouter à cela que l’assassinat de son père Henri IV le 14 mai 1610 l’a profondément marqué. Âgé de neuf ans à l’époque, il est devenu roi dès le lendemain, ne cessant de répéter à son entourage, à propos de Ravaillac : « Ah ! Si j’eusse été là, avec mon épée, je l’eusse tué ! » En attendant sa majorité qui sera atteinte à treize ans, c’est Marie de Médicis, sa mère, qui devient régente du royaume.
Marie de Médicis est arrivée en France avec Leonora Dori, sa coiffeuse qui s’est laissé séduire par le comte de la Penna, une sorte d’aristocrate aventurier. Ce trio va occuper les premières places dans le royaume, jusqu’à la tragédie du 24 avril 1617…
Concini continue à accumuler les richesses, en faisant de fructueuses affaires financières, notamment à Florence. Celui qu’on appelle alors le maréchal d’Ancre n’en poursuit pas moins la politique d’Henri IV qui vise à domestiquer les princes de sang. Il appuie Marie de Médicis dans son désir de rapprochement avec l’Espagne catholique. Ce rapprochement pourrait prendre la forme de mariages : Louis XIII épouse l’infante d’Espagne, Anne d’Autriche, et Élisabeth de France, l’héritier du trône d’Espagne.
Un rapprochement avec les catholiques d’Espagne ? Condé et d’autres princes protestants ne veulent pas en entendre parler ! Ils menacent de prendre les armes. De plus, ils s’estiment injustement écartés du pouvoir. Concini négocie alors avec eux le traité de Sainte-Menehould qui prévoit la réunion des états généraux qui repréciseront le rôle des grands princes ; de plus, les mariages espagnols sont repoussés jusqu’à la majorité du roi qui interviendra cinq mois plus tard. Enfin, pour faire en sorte que Condé se tienne tranquille, Concini lui confie le gouvernement d’Amboise et lui fait verser la somme de 500 000 livres !
« Qu’elle cherche une chambre ailleurs ! »
Le 27 septembre 1614, Louis XIII, à treize ans, atteint sa majorité. Mais c’est Marie, sa mère qui continue de gouverner, en le lui faisant sentir parfois de façon humiliante. Un jour, par exemple, dans la salle du conseil, elle le prend fermement par le bras et lui conseille d’aller jouer dehors ! Concini n’est pas en reste, par de petits détails de la vie à la cour, il montre de façon cruelle au jeune monarque qu’il n’est pas grand-chose dans la sphère gouvernante. Enfin, Leonora se permet de faire signifier au roi qui fait du bruit dans sa chambre que cela l’incommode parce qu’elle a la migraine ; ce à quoi Louis répond, excédé : « Si elle n’est pas satisfaite du Louvre, qu’elle cherche une chambre ailleurs dans Paris ! »