Première étape : produire en France ! Par exemple la soie : elle est achetée à prix d’or en Italie, des millions d’écus sont dépensés chaque année pour importer ce textile de luxe. En accord avec Henri IV, Barthélemy de Laffemas et Olivier de Serres, un agronome cévenol protestant, auteur de La Cueillette de la soie, encouragent la culture du mûrier, nourriture du vers à soie dont le cocon va produire le précieux fil à partir duquel, en France, on pourra tisser de riches étoffes. Le plan Laffemas-Serres est mis en œuvre :
Les idées de Laffemas vont s’étendre à beaucoup d’autres domaines où on s’efforce d’appliquer cette règle :
Port-Royal-des-Champs : vingt-cinq religieuses meurent d’épuisement !
Les guerres de religion ont pris fin. En même temps que l’économie se développe, l’église catholique connaît un renouveau qui offre deux directions possibles : celle de la confiance en l’homme, tendance représentée par les jésuites, et celle de la méfiance de l’âme, toujours soupçonnée d’être assaillie ou conquise par le mal, abandonnée de Dieu, livrée au diable. Cette dernière tendance, pessimiste et austère, va être développée par une jeune fille de dix-huit ans qui transforme la journée du vendredi 25 septembre 1609 en date historique. Voici comment :
Près de Paris, dans la haute vallée de Chevreuse (aujourd’hui sur la commune de Magny-les-Hameaux), s’élevait l’abbaye de Port-Royal-des-Champs. Jacqueline Marie Angélique Arnauld de Sainte-Madeleine, fille d’un avocat au Parlement de Paris, conseiller d’État sous Henri IV et farouche adversaire des jésuites, devient coadjutrice de l’abbesse de Port-Royal à huit ans. Elle fait partie d’une famille de vingt enfants, dont six filles qui deviennent toutes religieuses dans l’abbaye de la vallée de Chevreuse fort appréciée de la noblesse de robe parisienne friande de mondanités et de plaisirs divers ! À onze ans, la petite Jacqueline Arnauld montre une vocation religieuse exceptionnelle. À dix-huit ans, alors qu’elle est devenue abbesse, elle prend une décision irrévocable, le 25 septembre 1609 : son frère et son père étant venus lui rendre visite, elle refuse de les recevoir, fermant le guichet où les nonnes étaient accoutumées de s’entretenir avec leur famille. Désormais, s’ils veulent lui parler, ils le feront à travers une grille !
Ce vendredi 25 septembre 1609 demeure dans l’histoire la « journée du guichet ». Toutes les religieuses se conforment à cette décision : elles ne recevront plus leur famille. Jacqueline Arnauld, devenue Mère Angélique, ne fait que commencer son programme d’austérité qui vise à agir en élus de la grâce de Dieu, en éloignant toutes les tentatives que pourrait faire le Malin pour s’introduire dans l’âme. Travail, prière (huit heures de prière par jour, le premier office commence à deux heures du matin !), repos, sont les trois règles de l’abbaye, renouant avec la règle de saint Benoit de Nursie. À Port-Royal, on ne mange jamais de viande, on communique par gestes, on ne possède rien – posséder, c’est se livrer au mal, à la cupidité –, on couche sur une mauvaise paillasse. L’application de la règle est si stricte et la vie si austère qu’en trois ans, entre 1656 et 1659, vingt-cinq religieuses meurent d’épuisement ! Jacqueline Arnauld trouvera ensuite dans les idées de l’évêque d’Ypres, Cornélius Jansen, l’écho exact de ses théories sur la grâce – cette sombre doctrine, reposant sur l’œuvre de saint Augustin, l’
Des manufactures sont créées, subventionnées, contrôlées dans leur fabrication de dentelles, de cuirs, de tapis, de verreries, etc. Dans la maison des Gobelins, à Paris, le roi installe des tapissiers flamands. Les voyages de Champlain vers le Canada sont encouragés. Tout cela est destiné à donner à la balance commerciale un penchant favorable aux caisses du royaume qui doivent se remplir.