Читаем Malavita encore полностью

— À Rome fais comme les Romains, répondit Tom. Malgré ce qu’en pensent Belle et Maggie, je ne suis pas du tout nostalgique de nos origines, pas plus que je ne suis poursuivi par un atavisme comme le dit Warren. Mes parents avaient beaucoup de respect pour leur terre d’accueil, et ils m’ont transmis ça.

Fred se massa les tempes et tenta de remettre dans le bon ordre les mots parents, Maggie, respect et origines. Le tout, avec la voix de Tom Quint ?

— C’est ce que prétend aussi votre fils, dit Lena. Mais quand il regarde les jeux Olympiques, ce n’est pas le champion américain qu’il encourage, ni même le français, c’est l’italien.

Il y avait erreur. Le monsieur Wayne en question n’était en aucun cas le vrai monsieur Wayne, puisque monsieur Wayne c’était lui, Fred, même s’il était né Manzoni, même s’il avait été un Blake ou un Brown, ou un Laszlo Pryor. Il portait désormais le nom de Wayne, choisi par le FBI, en attendant le prochain nom, un Clark, un Robin, n’importe quoi de court et de très courant, mais pour l’instant il n’y avait qu’un seul Fred Wayne, et c’était lui. Non, il n’était pas fou, mais il allait peut-être le devenir s’il ne comprenait pas rapidement quelle farce absurde se jouait autour de cette table.

— Un jour, il m’a dit qu’il aurait de loin préféré avoir un prénom italien, insista Lena. Moi, j’aime bien Warren, ça sonne bien, Warren Wayne. C’est vous qui avez choisi ce prénom, monsieur Wayne ? Ou bien est-ce Maggie ?

Fred, pour se prouver qu’il était bien le père de ses enfants, se raccrocha à une image : la toute petite Belle qui sait à peine marcher, il la hisse jusqu’au berceau du nouveau-né : Regarde, c’est ton frère. Certes, il n’avait pas assisté à l’accouchement à cause de complications avec le syndicat des mareyeurs qui avaient bloqué les livraisons cette nuit-là, les cons. Et ce n’était pas sa faute non plus si, juste après son passage à la maternité, il avait reçu l’ordre de Don Polsinelli de filer à Orlando pour une mission d’une semaine, juste au moment où Livia avait le plus besoin de lui. Mais ça ne changeait rien à l’affaire, ces gosses étaient bien les siens.

— La réponse est toute simple, dit Maggie, j’ai pris le prénom de mon acteur préféré, Warren Beatty. J’étais déjà amoureuse de lui quand j’avais votre âge, comme une bonne moitié des Américaines. Bonnie and Clyde, Le ciel peut attendre, je les ai vus cent fois…

— Et vous n’avez pas eu votre mot à dire, monsieur Wayne ?

— Je n’aurais pas été entendu. En revanche, nous étions d’accord Maggie et moi sur celui de Belle bien avant sa naissance.

Fred sentit sa raison vaciller et dut se livrer à un travail mental d’une grande précision : jamais il n’aurait laissé Maggie appeler leur fils du prénom de Warren Beatty, ce grand bellâtre, chéri de ces dames, que l’autre moitié des Américains avait envie de gifler. Il avait choisi Warren parce que c’était le prénom de son acteur préféré, Warren Oates, qui jouait dans les films de Sam Peckinpah, surtout La horde sauvage et Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia, un solide gaillard capable d’une grande cruauté quand les circonstances l’exigeaient. En se souvenant de cette explication, rationnelle et indiscutable, Fred sut qu’il était bien le vrai Fred Wayne, père de Warren.

— C’est encore prématuré d’en parler, dit Lena, mais l’idée serait, d’ici deux ans, de célébrer la noce et de pendre la crémaillère en même temps dans la maison du Vercors. Ce sera la fête du siècle !

Ils en étaient déjà là.

Fred imagina la photo du mariage, avec une demoiselle en robe blanche, son fils avec des gants beurre frais, des cousins et cousines en pagaille, tous inconnus. Il se chercha sur la photo et ne s’y trouva pas.

— Je ferai tout pour être présent, dit Tom, mais dans le cas contraire j’espère que vous ne m’en voudrez pas, ma petite Lena.

Fred, prostré dans le couloir, venait de comprendre le sens de cette mystification. On l’avait exclu de la famille au profit d’un père de substitution bien plus présentable que lui. Dès lors, comment s’étonner que l’homme en question fût son ennemi juré ?

— Monsieur Wayne, conclut Lena, sachez que dans notre maison, il y aura toujours un petit bureau où vous serez tranquille pour travailler, et croyez-moi, là-haut, personne ne viendra vous déranger.

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