Читаем Mange et tais-toi полностью

Il fait un geste aux goudes et, dociles, ces derniers me débarrassent de mes menottes pour m'attacher aux accoudoirs d'un fauteuil faisant vis à vis à l'étrange aréopage. Ensuite de quoi, j'ai droit au casque de standardiste. Pendant qu'on m'affuble de ma belle panoplie de supplicié, je regarde curieusement autour de moi. Je note que les rideaux sont tirés devant la fenêtre et que la pièce est éclairée par un tube fluorescent, très fluo et très récent. Le civil s'est levé de son siège et c'est lui qui manipule les deux projecteurs braqués en face de moi. Ce Viet serait-il un bourreau chinois engagé tout exprès pour nous interpréter les grands cimeterres sous la lune? Le plus intimidant, c'est que personne ne parle. La présence d'Olga est, pour moi la seule note réconfortante dans ce climat hostile. Je sais bien que c'est elle qui nous a amenés ici, néanmoins, le fait de la connaître (et de la très bien connaître) crée malgré tout un courant de chaleur, comme le répétait un perroquet de mes relations: «C'est humain».

Je lui virgule un clin d'oeil polisson, manière de lui montrer qu'un poulaga français, même quand il se fait repasser, conserve tout son cran (de sûreté).

Le Jaune au regard en forme de boutonnière sans décorations règle les faisceaux de ses machiavéliques projecteurs. On se croirait chez l'oculiste pendant qu'il vous fait des tests avec ses loupiotes vertes et rouges, ses cadrans lumineux et ses lettres de dimensions variables. Je me dis que, le centre d'attraction étant constitué par ses gestes, ses lumières et ma bouille, je pourrais p't'être bien essayer de vérifier à la sauvette le quoi t'est-ce que Béru m'a virgulé dans la pocket.

On m'a lié les poignets aux accoudoirs, mais ça me laisse l'usage relatif de mes menottes. En me trémoussant un peu le valseur, je parviens à approcher la poche de ma main et je l'écarte du bout des doigts. Mon sens tactile en éveil détecte une tige d'acier ronde, pointue et aplatie du bout; cette tige est terminée par un manche également rond qui doit être en matière plastique. Je vous parie une portée de musique contre une portée de chiots qu'il s'agit d'un tournevis. Le Mahousse a dû repérer cet objet, par terre, et le sucrer entre le moment où on l'a délié de son fauteuil de douleur et celui où les deux zigs l'ont empoigné par les ailerons pour le ramener à la maison.

Brave Gros, va! C'est tout lui… Groggy, ravagé, en compote, il a pourtant trouvé le moyen de ramasser cet objet et de me le remettre en loucedé. Ça voulait dire: «Prends tes risques, San-A.! Joue ton va-tout, vieux frère, si tu en a l'occase».

Je bigle hardiment les vilains qui m'examinent. Le gars aux lunettes noires surtout retient mon attention. C'est curieux, mais il me semble confusément l'avoir déjà vu quelque part. Où? Je n'en ai pas la moindre idée, ni quand! C'est vague et indéfini. Il émane de lui un je ne sais quoi d'impondérable que mon sixième sens (celui de l'élite) reconnaît. Et à la manière dont il me défrime à travers ses verres fortement teintés, je sens que lui aussi m'a reniflé.

Le Jaune va prendre sa place de l’autre côté du burlingue. Il éteint la lumière principale. Aussitôt je cille, car la double lumière provenant des projecteurs me faucille violemment la vue. Il me semble que mon œil gauche s'agrandit, s'agrandit, tandis qu'au contraire l'autre rapetisse. Il s'agit d'une souffrance neuve et qui m’étonne. J'ai été si souvent molesté et de façons parfois très ingénieuses et très démoniaques, mais je n'avais jusqu'alors jamais éprouvé cette sensation effrayante. Ma tête se déforme, se contorsionne. J'essaie de fuir le supplice en baissant les paupières: impossible car mes stores sont tenus ouverts grâce à de minuscules pinces aux mors crochus.

Un cauchemar! Je m'oblige à penser à autre chose. Mais c'est presque impossible… M’man? Ah oui, M'man! Félicie, tout loin, dans un coin de France où elle attend son téméraire rejeton mijotant des petits plat pour le cas où, d'ordinaire, il arriverait sans crier gare. Chaque jour, elle met des fleurs dans ma chambre: un petit bouquet d'œillets ou de soucis dans le même vase d'opaline bleue. Si je laisse mes os dans cette aventure, elle continuera de disposer ses fleurs sur ma table, Félicie. Toujours, et tous les jours, tant que le Bon Dieu la laissera voguer sur l'eau grise de l'existence.

A cet instant critique, ça me réconforte, la pensée du vase d'opaline.

Перейти на страницу:

Похожие книги

101 способ попасть в рай
101 способ попасть в рай

Юлька очень себе нравилась, когда шла в кафе на вечеринку полная надежд на счастливое будущее. Картинка, а не девушка! Она была уверена, что обратно вернется рука об руку с мужчиной своей мечты. Но, увы, домой она пришла одна, да еще оказалась под подозрением в убийстве малознакомого ей человека! Подумать только — в ее сумочке нашли пузырек с ядом, приготовленным из лесных поганок, от которого скончался несчастный. Ну, скажите, где тут логика, если Юлька толком не могла сварить яйцо всмятку, не то что поганки?! Выручать Юльку, как всегда, взялись лучшие подруги — Мариша с Инной. Но чем усерднее они искали истинного убийцу, тем больше запутывалось это дело и множилось число жертв. Однако девушки не собирались так просто отступать — иначе Юльку ждала тюремная камера со стальными прутьями на окнах и… небо! Замечательное голубое небо в клеточку!..

Дарья Александровна Калинина , Дарья Калинина

Детективы / Иронический детектив, дамский детективный роман / Иронические детективы
Козлёнок Алёнушка
Козлёнок Алёнушка

Если плюшевый медведь, сидящий на капоте свадебного лимузина, тихо шепчет жениху: «Парень, делай ноги, убегай, пока в ЗАГС не поехали», то стоит прислушаться к его совету.Подруга Виолы Таракановой Елена Диванкова решила в очередной раз выйти замуж. В ЗАГСе ее жених Федор Лебедев внезапно отказался регистрировать брак. Видите ли игрушечный Топтыгин заговорил человеческим голосом! Сказал, что Ленка ведьма и все ее мужья на том свете, а если Федя хочет избежать их участи, он не должен жениться на мегере. Вилка смогла его уговорить, и свадьба все же состоялась. Однако после первой брачной ночи Лебедев исчез…И вот теперь Виоле Таракановой предстоит узнать, кто помешал семейному счастью ее подруги.

Дарья Аркадьевна Донцова , Дарья Донцова

Детективы / Иронический детектив, дамский детективный роман / Прочие Детективы
Главбух и полцарства в придачу
Главбух и полцарства в придачу

Черт меня дернул согласиться отвезти сына моей многодетной подруги в Вязьму! Нет бы сесть за новую книгу! Ведь я, Виола Тараканова, ни строчки еще не написала. Дело в том, что все мои детективы основаны на реальных событиях. Но увы, ничего захватывающего до недавнего времени вокруг не происходило, разве что мой муж майор Куприн, кажется, завел любовницу. Ну да это никому, кроме меня, не интересно!.. На обратном пути из Вязьмы в купе убили попутчицу Лизу Марченко, а в моей сумке оказались ее безумно дорогие часы.Я просто обязана их вернуть, тем более что у Лизы осталась маленькая дочь Машенька. Но, приехав в семью Марченко, я узнала, что Лиза выбросилась с балкона несколько лет назад, когда исчезла ее грудная дочь Маша, которую похитил сбежавший муж и его любовница. Так кто же ехал со мной в купе и кого убили, а?..

Дарья Донцова

Детективы / Иронический детектив, дамский детективный роман / Иронические детективы