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À mesure qu’on gagnait le large, le vent vivifiant fraîchissait; le petit Varech secouait l’écume vive de son étrave à la façon dont s’ébroue une jeune pouliche. Ah! comme j’aspirais cette brise intraitable! – comme je refusais de tout mon être ces routes de la terre, cette grande route commune marquée tout au long des empreintes laissées par des talons et des sabots d’esclaves, comme je me tournais vers la mer magnanime qui ne permet à rien de demeurer inscrit!


Queequeg paraissait tituber avec moi et boire à cette même fontaine écumante, ses narines sombres dilatées, ses lèvres retroussées sur des dents aiguës et polies. Loin, loin, nous volions… et, comme nous avions pris le large, le Varech rendit hommage au vent, plongeant de l’étrave comme l’esclave devant le sultan. Penchés sur le côté, sur le côté nous filions; chaque fil de caret tintait comme un métal; les deux grands mâts s’arquaient comme des bambous dans la tornade terrestre. Nous étions si envoûtés par tant de tournoiements, debout à ce beaupré plongeant, que de longtemps nous ne prîmes pas garde aux coups d’œil railleurs des passagers, une réunion de terriens semblait-il, qui s’étonnaient de voir deux hommes pareillement en accord; comme si un blanc était supérieur à un nègre passé à la chaux. Mais les rustres et les dadais qui étaient là étaient des fruits verts, d’une verdeur si intense qu’elle semblait tirée du cœur même de toute verdure. Queequeg surprit un de ces blancs-becs le singeant dans son dos. Je crus arrivée la dernière heure du péquenot. Lâchant son harpon, le sauvage musclé le prit dans ses bras et avec une adresse et une force miraculeuses il le projeta haut dans les airs et à son solstice il lui donna sur le cul une tape légère, le gars retomba sur ses pieds les poumons sur le point d’éclater, cependant que Queequeg, lui tournant le dos, alluma son calumet-tomahawk et me le passa pour que j’en tire une bouffée.


– Capiting! Capiting! hurla le rustre en courant vers ledit officier, Capiting, c’est le diable lui-même.


Celui-ci, un étique pilier de la mer, marcha sur Queequeg en lui criant:


– Holà, vous, monsieur, par tous les tonnerres à quoi pensez-vous? Ignorez-vous que vous auriez pu tuer ce gaillard?


– Y dit quoi? questionna Queequeg en se tournant vers moi avec douceur.


– Il dit, répondis-je, que vous avez failli tuer cet homme-là, et je désignai du doigt le blanc-bec encore tout tremblant.


– Toué! s’étonna Queequeg son visage tatoué se convulsant dans une expression intraduisible de dédain. Ah! lui être petit poisson. Queequeg pas touer si pétit poisson; Queequeg touer grande baleine!


– Attendez un peu! rugit le capitaine, je vous touerai, vous, espèce de cannibale si vous jouez encore un de vos tours à bord; alors prenez garde!


Mais il se trouva que ce fut au capitaine à prendre garde de toute urgence. La formidable poussée imposée à la grand-voile avait fait sauter l’écoute du vent et la bôme énorme volant de droite et de gauche opérait un balayage complet à l’arrière du pont. Le pauvre diable que Queequeg avait pareillement rudoyé fut expédié par-dessus bord, tout le monde était gagné par la panique et ce paraissait être une folie de tenter de se saisir de la bôme pour l’immobiliser. Elle allait de gauche à droite et de droite à gauche, comme le balancier d’une pendule et semblait à chaque instant sur le point de voler en éclats. On ne faisait donc rien et rien d’utile ne semblait pouvoir être fait; ceux qui se trouvaient sur le pont s’étaient précipités à l’avant et fixaient des yeux la bôme comme s’ils étaient devant la mâchoire inférieure d’un cachalot furieux. Dans la confusion générale, Queequeg se jeta prestement à genoux et rampant sous le va-et-vient de la bôme, attrapa un filin au vol, en fixa une extrémité à la lisse tandis qu’il jetait l’autre bout, en lasso, autour de la bôme comme elle passait par-dessus sa tête; à la saccade suivante, l’espar se trouva ainsi emprisonné, et tout rentra dans l’ordre. La goélette était montée au vent et cependant que l’équipage détachait le canot de l’arrière, Queequeg, nu jusqu’à la ceinture, bandé comme un arc, sauta à l’eau. Pendant trois minutes ou davantage il nagea à la façon d’un chien lançant tout droits devant lui ses longs bras, ses épaules musclées émergeant tour à tour de l’écume glacée. Je regardai ce superbe et glorieux personnage, mais ne voyais personne qui dût être sauvé. Le blanc-bec avait coulé. Se dressant sur l’eau, Queequeg jeta un regard circulaire autour de lui, et paraissant avoir vu de quoi il retournait, plongea et disparut. Quelques instants plus tard il réapparaissait, nageant d’un bras, tirant de l’autre une forme sans vie. Le canot les eut bientôt recueillis. Le pauvre blanc-bec fut ranimé. L’équipage déclara à l’unanimité que Queequeg était un noble cœur, le capitaine implora son pardon. Dès ce moment, je m’attachai à Queequeg comme une bernacle, oui jusqu’à ce que ce pauvre Queequeg eût fait son dernier grand plongeon.


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